Changement climatique : les Belges méritent mieux que l’immobilisme et le cynisme de leurs dirigeants
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Changement climatique : les Belges méritent mieux que l’immobilisme et le cynisme de leurs dirigeants

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« Stop buying crap, and companies will stop making crap », littéralement « arrêtez d’acheter de la merde, et les entreprises arrêteront de produire de la merde », est une phrase très à la mode en ce moment. Enfin, du côté des politiques. Et nous, le changement climatique, ça nous fait de moins en moins marrer.

Acheter local, privilégier la slow fashion, acheter bio, ne pas manger de tomates en hiver, aller manifester pour le climat, devenir végétariens … Tous ces efforts, les citoyens Belges les font. Ça prend du temps, c’est fastidieux, mais les mentalités changent, et les habitudes de consommation aussi.   Mais alors, où est-ce que ça coince?

Une prise de conscience citoyenne

C’était dans l’air depuis des années : le changement climatique doit devenir une priorité. Mais bon, on allait quand même dans les supermarchés acheter un saumon fumé pêché en Alaska et une salade iceberg emballée dans une tonne de plastique. Oh et puis un peu de mangue avec ça.

 

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Et puis petit à petit, les gens autour de nous ont commencé à acheter plus de produits en circuits courts — « ce mec, il te vend le butternut qu’il a fait pousser lui-même sans pesticides dans une ferme, et c’est qu’à 5km de Bruxelles! C’est génial! » —, à boycotter Zara, à se déclarer flexitariens et à revendre leurs voitures.

 

Le rapport du GIEC et J’peux pas j’ai climat

Enfin, il y a eu ce rapport alarmant du GIEC, expliquant que le réchauffement climatique devait devenir notre priorité numéro 1 si l’on voulait éviter, en gros, la fin du monde.

 

12 ans. Le film Ratatouille, par exemple, est sorti il y a 12 ans.

 

Avec des chiffres, une fenêtre de temps précise (12 ans. Le film Ratatouille, par exemple, est sorti il y a 12 ans. Dingue hein?) et des effets mesurables de ce changement climatique sous les yeux, la prise de conscience s’est cristallisée et a donné lieu à « J’peux pas, j’ai climat », mobilisant 75.000 personnes dans les rues de Bruxelles le 2 décembre dernier, à une vague de manifestations étudiantes — sous le nom de « Students for climate » — et à une nouvelle marche pour le climat ce 27 janvier 2019, mobilisant à nouveau 70.000 personnes. Le tout sous la pluie et dans le froid, parce que n’oublions pas qu’on est en hiver et en Belgique.

Pas mal pour un peuple qui ne descend pas facilement dans la rue.

 

Immobilisme criminel et combats de cocks coqs

Oui mais voilà : le peuple prend ses responsabilités, quid des politiciens? Nous avons la chance de vivre dans une démocratie et de pouvoir voter pour les personnes qui nous représenteront, mais où est la représentation de ce peuple en demande d’une réelle solution politique, structurelle et économique pour répondre à la menace climatique?

Le constat, depuis le 2 décembre 2018, est affligeant : au lendemain de la première Marche pour le Climat, notre ministre fédérale de l’Énergie, de l’Environnement et du Développement durable Marie-Christine Marghem se pointait, en avion militaire et pour quelques heures à peine, à la COP24, à Katowice, et votait contre deux propositions européennes découlant de l’Accord de Paris.

Ce déplacement pour faire un doigt d’honneur aux citoyens aura coûté 26 tonnes de CO2 à la planète.

 

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Pire, le 21 décembre, comme cadeau de Noël aux Belges, le gouvernement Michel remettait sa démission au Roi et passait en affaires courantes suite à un désaccord concernant la présence du Premier Ministre à la conférence de l’ONU de Marrakech sur le pacte migratoire. Pacte migratoire non contraignant, donc.

Ça valait bien la peine de sacrifier un gouvernement, emportant au passage tout espoir de commencer un travail de fond concernant la politique climatique du pays.

Ultime foutage de gueule, Theo Francken qui, il y a quelques jours, juge opportun de poster ceci :

On lui décerne la palme du cynisme dégueulasse.

 

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Rire c’est rire

Mais demander à chaque citoyen d’être le seul responsable de sa consommation et de sa petite politique climatique perso, ça tourne à la mauvaise blague.

D’un côté, l’ensemble de la Belgique n’a pas accès à des infrastructures de transport efficaces — coucou le RER Bruxelles – Louvain-La Neuve — à de la nourriture locale et en vrac et, en général, à des alternatives durables à la consommation quotidienne.

 

Sans l’aide de nos dirigeants, toute la bonne volonté du monde ne sera pas suffisante pour contrer le changement climatique.

 

De l’autre, il est possible d’acheter des vêtements à 3€ chez Primark — on sait maintenant à quel point l’industrie de la fast fashion pollue —, des smartphones à durée de vie déterminée — coucou l’obsolescence programmée qui défonce la planète — et n’importe quel aliment sous plastique — coucou le oeufs durs pelés et emballés Kok’o en vente libre partout — et on laisse les multinationales mettre la pression sur nos producteurs locaux.

Sans l’aide de nos dirigeants, toute la bonne volonté du monde ne sera pas suffisante pour contrer le changement climatique. Du coup nous on dit: « Stop making crap, and people will stop buying crap ».

Alors, les politiciens, quand est-ce que vous agissez? Quand est-ce que vous posez des actes derrière des paroles? Quand est-ce que vous honorez le mandat que le peuple vous a donné?

On attend. Et on n’a plus que 12 ans.

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Charlotte Deprez Voir ses articles >

Foodie assumée, obsédée par les voyages, la photographie et la tech, toujours à l'affût de la dernière tendance Instagram qui va révolutionner le monde.

Tags: Belgique, Bruxelles, Climat.