Sommaire
Pour l’affaire Sarah Everard résonne tant
Le 3 mars, Sarah Everard, 33 ans, a disparu après avoir quitté la maison d’une amie à Clapham, dans le sud de Londres. Elle n’était pas seule dans une ruelle sombre. Elle n’était pas ivre et ne montait pas dans la voiture d’un inconnu. Elle a suivi les « règles » tacites qui conditionne les femmes à croire qu’elles sont en sécurité : elle a emprunté le chemin le plus éclairé et le plus fréquenté, était habillée avec des couleurs vives, portait des baskets confortables et a même appelé son compagnon en cours de route pour prendre de ses nouvelles.
Lire aussi : 8 comptes Instagram féministes à suivre de toute urgence
Les femmes du monde entier savent exactement ce que Sarah pensait en rentrant chez elle. Nous savons pourquoi elle a pris le chemin le plus long, dans les rues bien éclairées, et pourquoi elle a appelé son partenaire en cours de route. Elle a fait ces choses parce que ce sont les choses que les femmes font quand elles marchent seules le soir. Ce sont les précautions que nous prenons parce qu’en 2021, les hommes continuent de violer et tuer les femmes.
À la suite de la disparition de Sarah, un agent de la police métropolitaine a été arrêté, soupçonné de l’avoir tuée, et une femme a également été arrêtée, soupçonnée de l’avoir aidé.
Lire aussi: La sorcière, icône féministe depuis la nuit des temps
« Ne sortez pas seules », ou comment un conseil banal renverse la charge de la culpabilité
Résultat : la police a conseillé aux femmes de Clapham de ne pas sortir seules afin d’assurer leur sécurité — une directive qui non seulement intervient alors que sortir est l’une des seules formes de liberté actuellement (Londres étant, bien sûr, bouclée), mais qui rejette la faute sur Sarah — en disant indirectement que si elle était restée chez elle, cela ne serait pas arrivé. Comme toujours, la question posée est de savoir comment les femmes peuvent assurer leur propre sécurité, plutôt que de se demander comment empêcher les hommes d’être des prédateurs.
Lire aussi: 16 citations féministes inspirantes pour chacune d’entre nous
Ce que la police ne parvient pas à reconnaître, c’est que les femmes ne seront jamais vraiment en sécurité. Ces tactiques qui sont censées nous protéger ne le font pas. La conversation que nous devons avoir lorsque ces actes de violence se produisent est la suivante : « comment mettre fin à la violence contre les femmes ? » mais chaque fois qu’une femme est violée ou assassinée, cette conversation est noyée par les hommes.
Le problème avec #NotAllMen
Par exemple, lorsque l’histoire a suscité une avalanche sur les réseaux sociaux de témoignages de femmes sur leurs propres expériences de trajet seule le soir, le hashtag #NotAllMen a commencé à se répandre — avec des hommes outrés par les femmes racontant des histoires de peur ou de crainte la nuit. Le fil de discussion était rempli de phrases telles que « Je ne suis pas le problème » ou encore « Seul 1 sur 9 est le problème ».
Lire aussi : Alyssa Carson, l’adolescente prête à conquérir Mars
Cette position défensive des hommes est le problème. Chaque fois que les femmes s’expriment sur le problème systémique de la violence à l’égard des femmes, nous sommes noyées par les hommes qui veulent réaffirmer qu’ils ne sont pas des violeurs ou des meurtriers. Et ils ne le sont pas, mais, comme l’auteure Emma Burnell l’a bien dit dans son tweet devenu viral : « Nous savons que ce ne sont pas tous les hommes, mais nous ne savons absolument pas de quels hommes il s’agit ».
We know it’s ‘not all men’ but we absolutely don’t know which men it is.
— Emma Burnell 💙 (@EmmaBurnell_) March 10, 2021
Nous devons collectivement commencer à avoir ces conversations sans attitude défensive ni sortie de piste. Les hommes doivent écouter et apprendre, se lever et prendre position contre la violence. Activement.
« Text me when you get home »
Suite à la disparition de Sarah Everard, l’influenceuse @lucymountain a publié un post fort, affichant le message « text me when you get home » (« préviens-moi quand tu es rentrée »), accompagné d’un texte décrivant tout ce que les femmes font quand elles doivent rentrer seules le soir. Ce texte d’une précision effrayante a fait prendre conscience à des centaines de milliers de femmes du fait qu’elle n’étaient pas les seules à mettre en place plein de petits dispositifs pour prendre le moins de risques possible… Et être prêtes à se défendre ou courir en cas d’agression.
C’est vrai ce qu’on dit, si vous n’avez jamais été effrayé.e par la simple idée de rentrer chez vous sous la faible lumière des lampadaires, en regardant autour de vous pour trouver des éventuelles échappatoires et en marchant à un rythme un peu plus soutenu que d’habitude, avec vos poils qui se hérissent lorsque vous voyez une silhouette sombre au loin, c’est que vous êtes un homme.
Voir cette publication sur Instagram
Article initial paru sur marieclaire.com.au.
Si cet article vous a plu, vous devriez aimer: « 8 mars: les héroïnes qui ont marqué l’histoire du féminisme », « L’origine du 8 mars, Journée internationale pour les Droits des Femmes » et aussi « 8 mars: les 10 pays où être une femme est le plus dangereux ».