95% des femmes en Belgique se sentent parfois en danger dans la rue
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95% des femmes en Belgique se sentent parfois en danger dans la rue

Par Diane de Molinari
Temps de lecture: 3 min

Une récente enquête menée par Stand Up Against Street Harassment, une initiative internationale de Right to Be et de L’Oréal Paris, en collaboration avec l’organisation belge Touche Pas à Ma Pote, met en lumière un problème persistant mais sous-estimé en Belgique : le harcèlement de rue à l'encontre des femmes. Ces données inquiétantes soulignent l'urgence d'une action concertée pour rendre les espaces publics plus sûrs pour toutes.

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Le harcèlement de rue en Belgique : un cri d’alarme pour des rues plus sûres

95% des femmes en Belgique se sentent parfois en danger dans la rue

Les résultats de l’enquête, basée sur les témoignages de 1 000 femmes en Belgique, sont accablants : 95% d’entre elles ressentent parfois un sentiment d’insécurité dans les rues du pays. Ce sentiment atteint son apogée en Wallonie, où 23% des femmes se sentent rarement ou jamais en sécurité lorsqu’elles sont seules. Ces chiffres révèlent une réalité troublante qui appelle à une action immédiate.

« All I want for Christmas is safer streets »

Face à cette réalité préoccupante, l’initiative « All I want for Christmas is safer streets » voit le jour. En partenariat avec « Touche Pas à Ma Pote », cette campagne vise à sensibiliser davantage le public sur le harcèlement de rue et à exiger des mesures concrètes pour lutter contre ce fléau. Concrètement, la rue du Botanique à Saint-Josse-ten-Noode s’illumine de guirlandes lumineuses dédiées au combat contre le harcèlement de rue, illustrant de manière visuelle et percutante ce que les femmes endurent trop souvent.

La violence verbale persiste et se diversifie

La violence verbale reste la forme la plus courante de harcèlement, touchant particulièrement Bruxelles, où 10% des femmes sont confrontées à des situations indésirables presque à chaque sortie seule. Alarmant également, 1 femme sur 3 reçoit régulièrement des commentaires insultants sur son apparence. Cependant, le problème va bien au-delà des mots, avec de nombreuses femmes belges ayant été suivies dans les rues, générant un climat d’insécurité généralisé.

Les femmes se sentent abandonnées par les instances officielles

Les résultats de l’enquête dévoilent un autre aspect troublant : les femmes belges se sentent délaissées par les instances officielles. Plus de 90% d’entre elles estiment que la police et les autorités devraient accorder une attention accrue à ce problème et proposer des solutions concrètes. Une écrasante majorité, soit 94%, pense que le harcèlement de rue devrait être puni plus sévèrement, soulignant ainsi le besoin d’une intervention urgente.

Éduquer et agir : la formation Stand Up

Pour répondre à cette urgence, Touche Pas à Ma Pote et L’Oréal Paris mettent en avant la formation Stand Up. Cette initiative offre aux victimes et aux témoins les outils nécessaires pour réagir de manière ciblée dans les situations de harcèlement de rue. Une formation gratuite en ligne, accessible en seulement 10 minutes, ainsi que des sessions de formation en groupe organisées par Touche Pas à Ma Pote.

Des clés comme arme

Les chiffres révèlent que 90% des femmes prennent des précautions pour éviter le harcèlement de rue, un pourcentage qui atteint même 97% chez les femmes de moins de 34 ans. Les précautions les plus courant incluent l’évitement de lieux et d’heures spécifiques, l’adaptation du mode de transport, des ajustements vestimentaires, la conversation téléphonique et même la marche plus rapide que souhaitée. Notamment, un grand nombre de femmes se sentent si peu en sécurité qu’elles portent sur elles des objets pouvant être utilisés comme des armes, avec 42% des Bruxelloises et 32% des Belges gardant leurs clés en main.

Des attentes déçues envers les organismes officiels

Malgré ces initiatives, de nombreuses femmes belges expriment leur déception envers les organismes officiels. Plus de la moitié des victimes de harcèlement de rue à Bruxelles et en Wallonie, et près de la moitié en Flandre, n’ont pas porté plainte, estimant que cela ne servirait à rien. Les femmes attendent un engagement plus fort des autorités pour proposer des solutions concrètes et imposer des sanctions plus sévères.

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Un appel à l’action collective

Face à ces statistiques accablantes, il est urgent que la Belgique se mobilise collectivement pour créer des espaces publics plus sûrs et respectueux des femmes. La formation Stand Up offre un premier pas vers l’autonomie et la sécurité des femmes, mais il est nécessaire d’aller plus loin. Transformer ces chiffres inquiétants en un engagement concret pour un changement durable est essentiel. Les femmes belges méritent de marcher dans les rues en toute sécurité, libres de tout harcèlement. La Belgique doit devenir un exemple en matière de sécurité des femmes, où l’estime de soi est un droit et non une injustice.

 

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Tags: Féminisme.