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Femme active, mère et cheffe d’entreprise épanouie : tout allait pour le mieux dans la vie d’Émilie Daudin, alias @emiliebrunette sur les réseaux sociaux. Jusqu’à ce 1er octobre 2020, date a laquelle sa vie a basculé. À 33 ans, on lui diagnostique un cancer du sein triple négatif, une forme grave et particulièrement agressive de la maladie.
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Passé le choc, une pulsion combattante s’empare d’elle. Très vite, elle entend profiter de sa notoriété pour partager son combat et par la même occasion sensibiliser le public au cancer, qui peut se manifester à tout âge. Témoignage.
Des doutes aux erreurs de diagnostic successives
« Tout a commencé en janvier 2020. Trois mois auparavant, j’avais accouché de mon deuxième enfant et j’ai décidé de reprendre le sport avec ma coach.
Au moment de faire un exercice, j’ai senti une petite douleur dans mon sein droit. Inquiète, je décide de regarder et remarque une bosse. Lors d’un rendez-vous avec ma sage-femme, qui me suivait alors à ce moment pour la rééducation du périnée, j’ai évoqué ma douleur et demandé à ce qu’elle regarde mon sein. Au moment de la palpation, cette dernière m’indique ne rien sentir et me rassure sur ma douleur : quand ça fait mal, c’est bénin. Ça doit être une déchirure musculaire.
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Était-ce parce que je sortais de mon cours de sport qu’elle a posé ce diagnostic ? Ou parce que les professionnels de santé ne s’attendent pas à ce qu’une jeune mère de 32 ans, sans aucun antécédent familial, en bonne santé, avec un mode de vie plutôt sain, se retrouve avec un cancer du sein ultra-agressif ?
Ça doit être une déchirure musculaire.
J’ai consulté mon autre sage-femme, qui m’a suivie pendant toute ma dernière grossesse et avec qui j’ai tissé une grande relation de confiance. À son tour, elle a été très rassurante sur mon état de santé : pour elle ce n’était qu’une déchirure musculaire et une consultation ostéopathe me remettrait d’aplomb. Je suis tout de même repartie avec une ordonnance pour une échographie mammaire, en cas de persistance de la douleur.
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J’y ai cru, j’ai fait confiance. Je sais que j’aurais dû m’écouter, car au plus profond de moi je sentais que cela n’était pas normal. Mais j’avais peur que l’on découvre quelque chose de grave. Je suis donc allée voir une ostéopathe, ce qui m’a soulagée sur le coup, mais les douleurs ont continué et c’est en me voyant mal que ma meilleure amie m’a intimé l’ordre de prendre rendez-vous pour un examen plus poussé.
Je sais que j’aurai du m’écouter car au plus profond de moi-même je sentais que ce n’était pas normal. Mais j’avais peur que l’on découvre quelque chose de grave.
Le rendez-vous a eu lieu au lendemain du premier anniversaire de ma fille, le 1er octobre 2020. Ironie du sort, il m’aura fallu attendre le premier jour d’Octobre Rose (mois de sensibilisation au cancer du sein, NDLR) pour m’occuper de moi et affronter ma plus grande peur. Tout s’est ensuite enchainé très vite au niveau des examens, pour finir par un diagnostic, posé le 9 octobre 2020 : cancer du sein.
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Ce fut un choc. Je me suis mise à pleurer pendant plusieurs heures, même si j’étais préparée à ce diagnostic. Ma première pensée fut dirigée vers mes enfants : je ne pouvais pas les laisser grandir sans mère. Ma fille venait à peine d’avoir un an, il était inconcevable que je ne me batte pas.
Conjuguer maladie, vie de femme et de famille
Je suis atteinte d’une forme particulière de cancer du sein, le triple négatif, très agressif. Pour le traiter, on commence généralement par suivre une chimiothérapie néo-adjuvante, c’est-à-dire préparant à une chirurgie. Puis, on poursuit avec une mastectomie, et 30 à 35 séances de radiothérapie. S’il reste des cellules cancéreuses à ce moment-là, une chimiothérapie orale est alors proposée. Actuellement, je suis à 8 séances de la fin de ma chimiothérapie.
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J’ai perdu mes cheveux trois semaines après la première séance de chimiothérapie. J’avais anticipé en me les coupant les cheveux assez courts avant le début du traitement, mais cela ne les a pas empêché de tomber. Quand j’ai perdu mes poils pubiens, premier signe qui montre que les cheveux vont tomber, j’ai décidé de me faire raser la tête par la coiffeuse qui allait me poser ma prothèse capillaire. Je pensais que j’allais pleurer en me voyant ainsi, mais pas du tout ! J’étais libérée du poids des cheveux, j’allais pouvoir me consacrer à ma maladie.
Mes enfants sont à l’école et à la crèche en journée donc c’est facile de prendre du temps pour moi et de pouvoir conjuguer ma vie de mère à la maladie. Ils sont au courant de ce que je traverse, ce sont des éponges à émotions et je voulais qu’ils comprennent ce qu’il se passe, sans que cela les perturbe. J’ai donc acheté un livre pour enfant au début de la maladie, qui expliquait ce qu’est un cancer avec des mots adaptés : Maman est une pirate. Cela a permis à mon fils de trois ans et demi de comprendre ce que je traversais.
Je suis passée par plusieurs phases, mais aujourd’hui je vais mieux. Je compte sur les avancées de la science et la recherche pour espérer voir mes enfants grandir et devenir grand-mère.
Sensibiliser au cancer du sein triple négatif, une évidence
Je suis slasheuse : j’ai créé mon blog TheBrunette.fr en 2007 et c’est devenu mon activité principale en 2015. Je co-produit des podcasts Pow[HER], Pow[HER] MAMMA et le petit dernier que je produit seule, Triple Négatif, qui parle du cancer du sein. Je suis aussi autrice et travaille actuellement sur le lancement d’une marque pour 2022. Je tiens également mon compte Instagram depuis mai 2011. J’ai donc l’habitude d’évoquer toute sorte de sujets sur les réseaux sociaux.
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J’ai créé le podcast Triple Négatif pour toutes les personnes atteintes, ou non, d’un cancer. Parler des chiffres, donner du concret, apporter des solutions. Mais également revenir sur les différentes étapes de la maladie : sa découverte, son diagnostic et ses traitements. J’ai très envie que l’on démystifie le cancer et que les gens comprennent les étapes par lesquelles on passe quand on apprend qu’on en est atteint. Je veux aider les malades à ne pas avoir honte de ce qui leur arrive et permettre à leur entourage d’avoir les bons mots pour les rassurer.
Le cancer du sein triple négatif est une forme qui touche en majorité des femmes jeunes.
Le cancer triple négatif est peu connu. Alors que la sensibilisation au cancer du sein se fait de plus en plus fréquente, il est important de parler de cette forme agressive. Elle concerne 10 à 15% des cancers du sein, c’est une forme qui touche en majorité des femmes jeunes, c’est-à-dire de moins de 40 ans et pas encore ménopausées. Bien avant les 50 ans donc, âge auquel on recommande des dépistages réguliers. C’est pourtant une forme plus apte à se répandre, et moins réactive au traitement. Par ailleurs, on le retrouve beaucoup chez les porteuses de la mutation génétique BRCA1. Parler de ce cancer est donc aussi l’occasion de rappeler qu’il existe un dépistage de la mutation génétique pour les personnes à risque.
Le conseil que je peux donner est qu’il faut s’écouter et consulter un spécialiste au moindre doute. Que ce soit un.e médecin généraliste, pharmacien.ne, gynécologue, sage-femme/homme, ou encore un médecin du travail. Enfin, vous pouvez aussi vous rapprocher d’un centre régional de dépistage. »
Article initialement paru sur marieclaire.fr
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