Premier cheveu blanc : rendez-vous en terre inconnue
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Premier cheveu blanc : rendez-vous en terre inconnue

Par Aurélie Sogny
Temps de lecture: 5 min

On ne se posait pas de question, jusqu'à ce qu'il pointe le bout de son écaille : le premier cheveu blanc. Les Superbes de Marie Claire France nous parlent de leur rencontre, à 20 ans ou à 40, avec cette couleur de cheveux souvent mal aimée.

« L’acte politique le plus provocateur qu’une femme puisse poser avec ses cheveux, c’est de les laisser être naturellement blancs », écrit Anne Kreamer.

Dans son ouvrage Going Gray : How to Embrace Your Authentic Self with Grace and Style (« Grisonner: comment embrasser votre moi authentique avec grâce et style » en Français) paru en 2007, cette journaliste et auteure américaine souhaite démontrer aux femmes que oui, on peut avoir une chevelure blanche ou grise, sans pour autant que sa vie s’arrête ici.

 

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Une démarche réitérée dix années plus tard par Sophie Fontanel, chroniqueuse mode, dans son livre Une apparition. Pour autant, force est de constater qu’une vague capillaire blanche n’a pas déferlé sur le monde. Vous en croisez ou côtoyez beaucoup, vous, des femmes qui assument pleinement leurs cheveux blancs ? C’est bien ce que l’on pensait.

Pourquoi sont-ils encore autant si peu assumés ? Pour le savoir, nous avons demandé à nos Superbes – des femmes, toutes différentes, qui toute l’année évoquent pour nous leur vision de la beauté de façon authentique et intime sur marieclaire.fr – de nous raconter le moment où le blanc a commencé à investir leur tête.

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La première rencontre

Les cheveux blancs sont indéniablement associés à la vieillesse. Pourtant c’est en moyenne quand on atteint les 38 ans que le premier d’entre eux pointe le bout de son écaille. Et comme le facteur héréditaire peut parfois mettre son grain de sel dans l’histoire, il peut apparaitre dès la vingtaine. La maison de retraite est encore loin, donc. En tous cas, nous ne recevons pas toutes de la même manière l’arrivée de ce premier cheveu blanc, souvent redoutée. La faute à notre culture qui refuse de voir les femmes – et seulement elles – vieillir.

Curieusement, j’étais très contente. On m’avait toujours prise pour plus jeune que je n’étais : j’ai pensé qu’ils allaient me permettre de m’affirmer.

« Je me souviens très bien de mes premiers cheveux blancs car ils sont apparus l’année de mes 30 ans, raconte Marion. Un cap assez symbolique à passer. Je n’étais pas stressée, mais je me suis tout de même dis ‘Déjà ?’. Mais au final ils ne me gênent pas plus que ça ».

 

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Gaby, 54 ans, a constaté leur apparition alors qu’elle n’avait que 22 ans : « Curieusement, j’étais très contente. On m’avait toujours prise pour plus jeune que je n’étais : j’ai pensé qu’ils allaient me permettre de m’affirmer. » Aujourd’hui, les longs cheveux bouclés de ce mannequin senior, complètement blancs, sont même devenus son principal atout.

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Le silver hair à la rescousse

À 18 ans, Karine ne peut qu’imaginer cette rencontre qui n’a pas encore eu lieu. Mais ce n’est pas une perspective qui l’inquiète, « même si le fait de vieillir n’est pas vraiment une idée qui m’enchante », souligne-t-elle. Une acceptation sans doute rendue plus facile grâce à la récente popularisation de cette teinte devenue une coloration tendance sur les réseaux sociaux sous les hashtags #greyhair et #silverhair.

Il m’a pris par surprise et je dois avouer que je l’ai perçu comme le début de la décrépitude.

Pour Cécile en revanche, l’accueil n’a pas été des plus chaleureux… « Je devais avoir 35 ans. Il m’a pris par surprise et je dois avouer que je l’ai perçu comme le début de la décrépitude. Pour moi, c’était vraiment un signe de vieillesse. Finalement il ne s’est pas beaucoup démultiplié et maintenant, je m’en fous complètement. » À 41 ans, cette maman de quatre enfants fan de DIY se dit même impatiente de voir comment cela va évoluer.

 

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« Je ne sais à quel âge j’ai commencé à en avoir, indique Eudoxie, 36 ans. Quand j’ai aperçu les premiers je me suis seulement dit, ‘Tiens un cheveu blanc’. C’est tout. Quand j’étais enfant, le cheveux blancs étaient synonymes de vieillesse. Ensuite, je me suis fait plusieurs amis qui avaient blanchi de manière précoce, entre 17 et 30 ans. J’y ai vu un simple changement de couleur qui n’était plus spécifiquement lié à l’âge. Et quand on regarde les siècles précédents, on voit que les cheveux blancs ont pu être le summum du désirable. »

Je pensais que cela me traumatiserait plus que ça n’a été le cas. J’en suis presque amusée aujourd’hui.

« Dans mon esprit le cheveu blanc n’a jamais été associé au grand âge », raconte Virginie, 56 ans, qui nous avoue ne pas se souvenir de ses premiers cheveux blancs tant ces derniers sont arrivés de manière progressive et se sont parfaitement fondus dans son balayage blond. « Je pensais que cela me traumatiserait plus que ça n’a été le cas. J’en suis presque amusée aujourd’hui. En revanche, le poil du sourcil blanc particulièrement revêche à la teinture et qui double de longueur, lui je le trouve insupportable ! »

 

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Assumer ses cheveux blancs, un combat ?

« Assumer ses cheveux blancs, c’est une conquête », estime Eudoxie. Renvoyant souvent à l’image de la femme négligée ou de la grand-mère (voire les deux à la fois), décider d’avoir la chevelure totalement blanche et renoncer aux teintures est perçu par beaucoup comme une bataille à mener.

 

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Une idée que rejette en bloc Cécile : « Quand j’ai vu l’engouement autour du livre de Sophie Fontanel, je me suis dit que l’on avait vraiment un souci dans cette société pour en arriver au point de célébrer une personne pour des cheveux blancs, une chose qui arrive à tout le monde ! Il y a des actes que je considère comme héroïques, je pense notamment aux femmes courageuses qui doivent affronter la perte de leurs cheveux à cause d’un cancer. Pour moi, assumer une chevelure blanche n’en fait clairement pas partie. J’étais donc très désagréablement surprise de constater que c’était un combat. En tout cas, ce n’est pas le mien. »

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Si l’on attend trop on repoussera toujours le moment de passer au blanc.

Pourtant, passer au blanc demande une certaine force de caractère et un brin de ténacité, notamment au moment délicat de la transition. « J’ai beaucoup pleuré pendant cette période, se souvient Gaby. Il fallait affronter les regards et les réflexions stupides, d’autant plus que le silver n’était pas vraiment tendance à l’époque. »

Mais selon elle, plus on attend, plus ce passage sera compliqué : « Dès l’instant où l’on commence à en avoir, il faut laisser faire la nature et chercher à en jouer. Si l’on attend trop on repoussera toujours le moment de passer au blanc. Certaines aimeraient sauter le pas mais se trouvent des excuses : ‘ça ne m’ira pas’, ‘je n’en ai pas assez’… C’est dommage. »

 

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« On voit de plus en plus de femmes fières de leur crinière blanche. Pourtant, je ne sais pas si je serais vraiment capable de l’assumer. Et je suis sûre que ma fille le vivrait mal », avoue Virginie. Pour Gaby, son fils a lui aussi été un frein à sa blancheur assumée : « Quand mon fils aîné est rentré en sixième, il était la risée de ses camarades. À la sortie de l’école, ils lui disaient que c’était sa grand-mère qui venait le chercher, alors je les ai teints pendant pratiquement trois ans. » Son souhait : que le blanc soit considéré, avec brun blond et roux, comme la quatrième « couleur primaire ».

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Charlotte Deprez Voir ses articles >

Foodie assumée, obsédée par les voyages, la photographie et la tech, toujours à l'affût de la dernière tendance Instagram qui va révolutionner le monde.

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