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Dans le numéro de Marie Claire d’août qui vient de sortir, nous avons consacré un long article sur le sexisme dans le numérique. A cette occasion, nous avons eu l’occasion d’interviewer Laurence Schuurman, Young ICT Lady of the Year.
Dès qu’on mentionne son sexe, on est condamnée à recevoir des pubs d’électroménager ou de liposuccion. Les pubs numériques ne sont-elles pas trop sexistes?
Selon moi, c’est surtout historique et culturel. Au début du marketing, nous vivions dans une société où le rôle de la femme et de l’homme était clairement défini.
De la mode aux outils de jardinage en passant par les électroménagers, chaque genre avait ses codes et ses mœurs.
Au jour d’aujourd’hui, la société est différente, les codes changent. La segmentation sur le genre n’est plus suffisante bien qu’elle soit facile. Ce genre de stratégie publicitaire est trop peu pertinente et a tendance à agacer les consommateurs.
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Parce que la majorité des codeurs sont des hommes, l’app HealthKit de Apple n’avait rien prévu pour indiquer la date du début des règles! En quoi les algorithmes peuvent renforcer les stéréotypes sexistes dans le numérique?
Nous avons tous des préjugés inconscients qui peuvent notamment se refléter dans la façon dont nous interprétons le monde. Les algorithmes matérialisent ces préjugés tout comme peuvent le faire des applications.
C’est la raison pour laquelle, les équipes de création doivent se composer de personnes différentes (genre, expérience, culture, orientation sexuelle, religion, …).
En effet, comment penser aux situations qui ne font pas partie de notre quotidien?
Par exemple, lors d’un de mes projets, il m’a fallu porter une attention particulière à l’accès pour les personnes à mobilité réduite. Aujourd’hui, il s’agit d’un élément auquel je fais attention dans ma vie quotidienne. Avant cela, l’accès aisé d’un bâtiment ne faisait pas partie des critères primordiaux pour le choix d’un lieu de réunion ou d’évènement.
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A l’avenir, 9 emplois sur 10 nécessiteront des aptitudes dans l’informatique. Or trop peu de femmes se dirigent vers une carrière dans le numérique…
Les femmes font partie intégrante de la société active et consommatrice. Il est dès lors normal qu’elles aient les mêmes opportunités que les hommes en terme d’emplois.
De plus, les nouvelles technologies permettent aussi plus de flexibilité dans l’aménagement du temps de travail ou le mode de travail.
L’industrie de la technologie a besoin de talents et beaucoup de talent. Les entreprises ne peuvent pas se permettre de se limiter à un type de personne défini.
Il est d’ailleurs démontré que les équipes mixtes sont plus créatives, plus performantes et plus heureuses. La diversité est un atout majeur dans une entreprise.
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Quels sont les initiatives mises en place pour lutter contre le sexisme numérique?
Beaucoup d’initiatives existent pour intégrer les groupes minoritaires, que ce soit Molengeek ou BeCode. D’autre part, beaucoup d’initiatives, comme WeGoStem, sont aussi mises en place pour éveiller les jeunes (filles) à la technologie, à la robotique ou encore aux sciences.
Nous vivons dans un monde d’opportunités, il n’a jamais été plus facile de créer une société ou une asbl. En tant que femme, je pense que nous faisons partie de la solution. Bien sûr, la technologie est encore un secteur encore assez masculin de couleur de peau blanche. J’aime à penser que je fais partie du changement.
Nous avons tous un rôle à jouer pour que les choses changent. Dans un monde où toutes les informations sont disponibles au bout d’un clavier, il ne tient qu’à nous pour faire en sorte que ça bouge!
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