Algérie: pourquoi les femmes sont-elles exclues des stades de foot?
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Algérie: pourquoi les femmes sont-elles exclues des stades de foot?

Par Léa Moreau
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Si en Belgique, se rendre dans les gradins pour supporter son équipe est une formalité pour les femmes, les algériennes sont elles, cantonnées à rester à la porte des stades de foot. Bien que la loi ne leur en interdise pas l'accès, elles craignent pour leur sécurité.

En Algérie, les femmes qui souhaitent suivre les matchs de la Coupe du Monde sont contraintes de le faire à travers leurs écrans. En effet, elles ne sont pas les bienvenues dans les stades de football. Et ce, non pas en raison de la loi mais des comportements de leurs compatriotes masculins. Insultes et agressions, les algériens ne tolèrent pas la présence des femmes dans ce lieu.

 

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Pourtant, selon Djahida, une sexagénaire algérienne, la situation était différente jusque dans les années 1980.  Cette fan de football décrit cette période comme « la belle époque », quand hommes et femmes fusionnaient dans les gradins. En masse, les supportrices venaient librement soutenir leur équipe. Aujourd’hui, mixité et stades de foot semble être devenue incompatible. La raison de cette évolution ? La guerre civile (1992-2002), durant laquelle les femmes étaient tenues d’éviter les lieux publics.

 

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Même si depuis, les femmes se sont partiellement fait une place dans l’espace public, les stades de foot sont désormais accaparés par les hommes, majoritairement jeunes, qui estiment que les femmes n’y ont « pas leur place » a déclaré Kamel, un jeune algérien, à l’AFP. Il poursuit « elles sont déjà partout, au moins le stade est à nous. »

Sociologue au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle d’Oran, Yamina Rahou explique à l’AFP que les gradins sont devenus un exutoire au malaise de ces jeunes, frustrés et en colère, souvent sans travail et sans perspective d’avenir.

 

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Devant cet état de fait, le manque de volonté politique ne participe pas à faire évoluer les mentalités. Présidente de l’Association de promotion du sport féminin, Dounia Hadjeb explique que lorsque les responsables politiques et les dirigeants du football algérien sont présents dans les stades, ce n’est jamais accompagnés de leurs épouses et de leurs filles. Une image forte qui pourrait servir de modèle et permettre aux femmes d’accéder au stade, sans devoir subir de jugements sexistes émanant des hommes.

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