L’interview confinement #4 : Laurent, chocolatier à Bruxelles
© Laurent Gerbaud

L’interview confinement #4 : Laurent, chocolatier à Bruxelles

Temps de lecture: 5 min

Parce qu'on vit tous ce confinement de manière différente, la rédaction marieclaire.be a décidé de balader son micro virtuel et d'interroger des profils variés sur leur façon d'appréhender la situation.

Famille nombreuse, couple, en ville, à la campagne, confiné, en première ligne… Le but de cette série d’interviews est de vous donner un aperçu varié, personnalisé, et le plus représentatif possible de la population Belge en cette période compliquée.

Le quatrième à se prêter au jeu de l’interview confinement, c’est Laurent, chocolatier à Bruxelles !

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Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Laurent Gerbaud, 49 ans fin du mois, 100% bruxellois d’origine, chocolatier à Bruxelles depuis 20 ans.

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Avec qui es-tu confiné?

Je confine seul, j’ai fait une réservation fin février pour une petite chienne cocker mais je ne l’aurais qu’en août, je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt!

 

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J’habite à Boitsfort avec le grand privilège d’avoir une terrasse et un petit jardin, dont je ne profitais pas beaucoup avant le confinement et que j’ai entièrement réinvesti depuis.

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Quel est ton métier/occupation et en quoi est-ce impacté par la situation actuelle ?

Je suis chocolatier, j’ai une boutique/atelier/tearoom rue Ravenstein juste en face du Bozar. J’occupe 6 temps pleins et 25 étudiants répartis sur le mois. C’est une belle petite PME avec une très chouette équipe et une bonne ambiance ! Légalement j’aurais pu rester ouvert, c’est un commerce d’alimentation. Mais par rapport à mon staff et au vu de la chute de la clientèle, j’ai décidé de fermer le 18 mars.

 

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On a emballé tout le stock de Pâques en deux jours non stop, plus tous les fruits enrobés, les pralinés, les tablettes, on était en pleine production de Pâques et pour une fois tout était prêt à temps, on avait même un peu d’avance… Tout le personnel a été mis au chômage économique, on a tout rangé fermé filmé et bye bye sans pouvoir s’embrasser.

L’interview confinement #4 : Laurent, chocolatier à Bruxelles

Laurent Gerbaud

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Comment occupes-tu tes journées?

Dès le début du confinement mon but était de travailler seul. J’ai fait un fichier Excel du stock qu’on avait emballé et j’ai commencé à l’envoyer aux amis, parents, connaissances pour lancer un service de livraison. Ca a pris assez vite, puis j’ai rejoint la plateforme HomeGourmet.be de David Zylberberg.

Il avait réveillé sa plateforme qu’il avait arrêtée il y a un an juste pour nous, pour nous aider à nous en sortir. Un vrai vrai bon gars, il n’a pas compté ses heures et au fur et à mesure d’autres artisans qui faisaient partie ou non de la première version de homegourmet nous ont rejoint.

 

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Tout le colisage se fait chez Véro & Léo à la fromagerie La Fruitière (cfr. image ci-dessous), près de la place Fontainas, il y a le pain de chez Charli, les cafés de Sylvie Looze, les pâtes à tartiner d’Eugène,… que des beaux produits ! Les ventes de la plateforme ont explosé et de chocolatier livreur je suis devenu livreur de fromages, vins, bières, pains et chocolats. 🙂

Une expérience assez géniale. J’ai découvert que livreur était un métier super dur, respect total pour la profession. Le petit plus pour moi était de continuer à voir des gens, même à distance, de livrer les copains et faire la papote, toujours à distance je précise, ce qui prolongeait parfois pas mal les tournées… je suis un animal social à 200%, passer d’une vie hyper active à un confinement total était vraiment dur au début. Ce sont les livraisons qui m’ont sauvé !

L’interview confinement #4 : Laurent, chocolatier à Bruxelles

Laurent Gerbaud

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Quelle est la plus grosse difficulté selon toi dans ce confinement et comment est-ce que tu gères ça ?

C’est principalement la gestion de la trésorerie et le stress que cela engendre. Le robinet a été coupé en une fois alors que la vie d’entreprise c’est un flux constant. Il y a plein de domiciliations qui continuent à tomber et une partie des frais fixes qui reste incompressible. Les ventes réalisées avec les livraisons et Homegourmet représentent +/- 15% des ventes normales à cette période. Classiquement on fait la dernière grosse réserve de trésorerie pour l’été à Pâques puis on passe en sous marin jusqu’à la rentrée en septembre.

 

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Là je ne sais absolument pas ce qui va se passer à la reprise. On ne sait pas si le tearoom pourra encore être utilisé ou seulement du take away. Il va falloir gérer les horaires du staff au plus près de façon à coller à la réalité des ventes de chaque jour, ce qui veut dire aussi du chômage à temps partiel pour la production, du stress pour mes étudiants qui jusque là étaient assurés de pouvoir payer leur kot, ce sera très différent et moins cool malheureusement .

 

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Qu’est-ce qui te manque

Le plus

Mes amis, pouvoir se toucher, s’embrasser, se serrer fort dans les bras, c’est vraiment le plus dur, même si je profite des livraisons ou autres pour les voir. J’ai fait quelques e-apéros, en famille et avec les amis, c’est chouette, on a passé de bons moments mais ça ne remplace pas une bonne tablée.

Le moins

Les embouteillages !

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La découverte la plus cool que tu as faite pendant ton confinement (que ce soit niveau perso ou un compte Insta / une recette /…) ?

La solidarité naturelle de certaines personnes, des clients que je ne connaissais parfois que vaguement et qui étaient les premiers à faire des commandes pour me soutenir, en achetant du chocolat pour 3 semaines…

 

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Sinon, le sport et un bon régime, ça fait des mois ou plutôt des années que je reporte… Et là j’ai acheté un vélo elliptique chez Décathlon juste avant le début du confinement et je suis passé en mode salade, avec une frite par semaine quand même faut pas pousser…

J’ai maigri un peu mais surtout ça m’a boosté à fond, ça m’a vraiment changé. J’ai commencé avec 25 minutes le matin au réveil et idem en fin de journée, je suis à 45 minutes maintenant et c’est une drogue! Ca ne s’arrêtera pas après la fin du confinement.

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Qu’est-ce que tu voudrais changer à la sortie de cette crise, personnellement et/ou dans le monde en général ?

Continuer à privilégier le local, pour les achats de fruits & légumes, les artisans du quartier. Réfléchir à deux fois avant d’acheter quelque chose.

Passer encore plus de temps avec mes amis et mes proches, pas besoin d’aller de l’autre côté de la planète.

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C’est quoi ton plus gros craquage (food/pétage de plombs/fou rire/…) de confinement ?

Mon plus gros fou rire c’est ma grand mère, 97 ans mi-juin, bon pied bon oeil, qui a fabriqué un masque avec un de ses soutien gorge et une visière avec truc en plastic — je n’ai toujours pas compris ce que c’était — elle est juste incroyable (cfr image ci-dessous). Elle habite seule mais tout est organisé pour la protéger, on se voit à la fenêtre, à la Roméo & Juliette !

 

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L’interview confinement #4 : Laurent, chocolatier à Bruxelles

Laurent Gerbaud

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Une recette au chocolat réconfortante à partager avec nous?

Un morceau de baguette toastée, du beurre salé, une tablette noir 75% aux éclats de fèves de cacao cassée en petits morceaux, suivi de 2h de vélo elliptique…

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Charlotte Deprez Voir ses articles >

Foodie assumée, obsédée par les voyages, la photographie et la tech, toujours à l'affût de la dernière tendance Instagram qui va révolutionner le monde.

Tags: Bruxelles, Chocolat, Confinement, Interview confinement.