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Affligée par les remarques sexistes qu’une grande majorité de femmes subit dans la rue, Sofie Peeters décide en 2012 d’en faire un documentaire pour son travail de fin d’études. Entièrement filmé en caméra cachée, « Femme de la rue » confronte le spectateur aux commentaires sexistes que subissent les femmes dans les espaces publics. À l’époque, son documentaire provoque une véritable onde de choc.
Le harcèlement de rue post #MeToo
En 2017, le mouvement de libération de la parole des femmes #MeToo fait bouger les lignes dans la lutte contre le harcèlement de rue.
Sofie Peeters a constaté une prise de conscience générale qui encourage l’action : « Je crois que beaucoup de femmes savent maintenant que c’est quelque chose qui n’est vraiment pas OK. Je me souviens quand j’étais en train de tourner « Femme de la rue », j’étais étudiante en école de cinéma, et quand j’allais trouver d’autres étudiantes pour leur demander ce qu’elles en pensaient, ce qu’on pouvait faire sur cette problématique, beaucoup me répondaient qu’on ne pouvait rien faire pour ça, que c’était juste quelque chose qu’on devait accepter. Alors qu’aujourd’hui, c’est une problématique dont on parle beaucoup. »
La prise de conscience post #MeToo a été générale et ne concerne pas que les femmes. L’ASBL « Touche pas à ma pote » organise d’ailleurs des ateliers de sensibilisation destinés à tous (hommes compris) : théâtre d’improvisation mettant en scène des situations réelles, stand up etc. L’objectif ? Se rendre compte des comportements et des paroles qui ont leur place ou non dans les espaces publics afin d’éviter des situations problématiques de harcèlement.
Sensibiliser donc mais pas culpabiliser : « Il ne s’agit pas de dire aux victimes ce qu’elles doivent dire ou faire », précise Sofie Peeters, marraine de l’ASBL.
Du côté politique, on aperçoit également une prise en considération plus importante de la problématique avec, notamment, la loi antisexisme votée en 2014 qui permet de poursuivre pénalement tout auteur de geste ou comportement sexiste dans l’espace public.
Malgré des avancées importantes depuis #MeToo, le harcèlement de rue reste bien présent et difficile à condamner.
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Les techniques pour réagir
79% des personnes interrogées dans le cadre d’une étude menée par L’oréal Paris et l’IPSOS affirment être soulagées lorsqu’une tierce personne intervient dans une situation problématique de harcèlement de rue. Alors que 86% estiment ne pas savoir comment réagir dans ces situations.
Voici donc le système simple à retenir que propose L’ASBL « Touche pas à ma pote » pour réagir face au harcèlement de rue : les 5D.
- Distraction
Faire quelque chose pour distraire l’auteur : lui demander son chemin, par exemple.
Il s’agit, selon Sofie Peeters, d’une bonne méthode qui est plutôt simple à adopter, qui permet de ne pas s’engager soi-même dans la situation de harcèlement et qui ne nécessite pas d’être physiquement imposant.
- Direct
S’engager dans une confrontation directe en disant clairement à l’auteur que ce qu’il fait est mal.
C’est une méthode qui peut fonctionner mais qui peut s’avérer risquée puisqu’on s’engage complètement dans la situation. Il est donc important de se sentir à l’aise face à la situation avant de se lancer dans la confrontation directe.
- Déléguer
Confier à quelqu’un d’autre la responsabilité d’agir face à la situation. Ca peut être le chauffeur si le harcèlement a lieu dans un bus, ou un groupe d’amis lorsque quelqu’un a trop bu dans un bar.
C’est une technique relativement moins risquée que celle de la confrontation directe.
- Dealer
Réagir face à la situation mais après coup. On peut aller trouver la victime pour lui demander si elle a besoin d’aide après que la situation ait eu lieu.
- Documenter
Réagir indirectement lorsqu’on n’ose pas ou lorsqu’on n’est pas en mesure d’intervenir en prenant des photos ou des vidéos comme preuves.
Ces techniques sont évidemment ajustables en fonction de chaque situation de harcèlement de rue.
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Pas qu’une histoire de femmes
Souvent associé d’instinct au sexisme, le harcèlement de rue ne concerne pas que les femmes et touche particulièrement la communauté LGBTQIA+, comme tient à le rappeler Sofie Peeters. Les situations problématiques liées au harcèlement de rue virent parfois au gay bashing et se caractérisent souvent par de la violence physique.
« Mobiliser les femmes et revendiquer l’empowerement, c’est très bien mais ce ne sont pas les seules solutions à exploiter. C’est important de rappeler que le harcèlement de rue peut concerner tout le monde et, en particulier, les personnes ne s’identifiant pas aux genres « traditionnels » », explique Sofie Peeters.
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