Quels ont été vos débuts en tant que mannequin ?
Je n’ai jamais rêvé d’être mannequin, ça n’a pas été une volonté de ma part ! Issue d’une famille d’entreteneurs avec laquelle j’ai travaillé de nombreuses années, à cinquante-sept ans j’ai eu un grave accident de santé. Ça a été pour moi un déclic ! Je me suis dit qu’il fallait que je fasse quelque chose pour moi. Portée par l’émulsion et la libération de la parole des réseaux sociaux, j’ai commencé à envoyer mes photos à des agences. J’ai un profil atypique : je fais un 44, rien à voir avec le profil basique des mannequins « silver ». Pourtant, j’ai été repérée par des marques qui changent les codes.
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Au moment où je vous parle, une mannequin de mon âge qui fait du 44 avec de longs cheveux blancs, ça n’existe pas ! Pour les mannequins silver, la réalité est qu’il y a rarement une perspective de carrière. Les créateurs restent désireux de mensurations très normées. À l’avenir, je souhaite travailler pour des marques de beauté. C’est important de montrer de vrais visages avec des rides.
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À quel moment avez-vous réalisé que vous portiez un message ?
Dans mes derniers métiers, je me sentais invisible aux yeux de mes patrons… une vraie plante verte ! Alors j’ai décidé de créer mon compte Instagram. Je sentais des choses très positives puis j’ai suivi mon instinct. Il y a quatre ans et demi, j’ai créé mon compte Instagram @fiftyyearsofawoman et mon blog en parallèle. En m’apercevant de l’invisibilité des femmes de plus de cinquante ans dans les médias, très vite, c’est devenu un combat. Ce n’est pas normal qu’en 2022, la société n’accepte ni la vieillesse ni le fait de vieillir… Pourtant, je réalise que ce discours plaît aux gens, il a besoin d’être entendu. Certaines femmes veulent rester jeunes, elles font beaucoup de sport ou de chirurgie esthétique. Attention, je ne suis pas contre ! Chacun vieilli comme il se sent, mais le « jeunisme » à tout prix… c’est insupportable.
J’ai très vite compris l’invisibilité des femmes de plus de cinquante ans dans les médias. C’est devenu mon combat !
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Avez-vous le sentiment d’être pionnière d’un mouvement de visibilisation des femmes de 50 ans et plus ?
Sans prétention, j’ai le sentiment de faire partie des premières femmes qui ont ouvert ce combat. Aujourd’hui, il y a une vague d’intérêt soudain pour nous : avec les réseaux sociaux tous les débats sont ouverts. J’ai presque 79% de femmes qui me suivent ! Toutes les nanas veulent être mannequins et je trouve ça génial. Beaucoup de femmes se raccrochent à ma cause.
J’essaye de combattre ce diktat que la société nous impose, nous faisant croire que la femme de plus de cinquante ans n’existe pas ! Pourtant elle est là : elle a un pouvoir d’achat, elle est belle et sexy. Elle a encore une longue vie. À partir de 50 ans il y a une libération dans la vie des femmes : la ménopause, les enfants partent de la maison… Plein de chamboulements que la société ne fait rien pour mettre en lumière !
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Que pensez-vous de la chirurgie esthétique ?
C’est quelque chose de très personnel et qui varie selon les personnes alors je ne juge pas. Les injections, le lifting, le botox… Je pense qu’il faut accepter le temps qui passe. Même si le visage est lisse, avec la ménopause par exemple, le corps change. À part faire du sport à outrance, et avoir une génétique incroyable, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, il faut s’y résigner !
Je pense qu’il faut accepter le temps qui passe.
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Quels sont les retours des femmes qui vous suivent ?
J’ai une grosse communauté dont beaucoup de jeunes femmes entre 30 et 70 ans. Certaines femmes de mon âge sont dérangées par ma démarche. Elles disent que ça ne les fait pas rêver un corps comme le mien, qu’elles n’achèteraient pas les vêtements que je porte… C’est un effet miroir. Tant pis pour elles…
Heureusement, la majorité des messages sur Instagram sont des messages d’amour. Certaines femmes me remercient de porter ce combat. Je suis tellement contente quand je lis ça ! Tout ça n’a pas été fait pour rien. Étonnamment, beaucoup de jeunes femmes me confient que je suis un modèle pour elles. J’ai le sentiment de faire du bien. Je rêve que dans une vingtaine d’années les femmes de 50 ans ou plus soient dans les journaux, à la télévision, au cinéma… partout !
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« Rendre visibles » les femmes, pour une société apaisée
Si pour Caroline Ida le chemin reste long, son discours fait écho à l’air du temps. « Grâce aux médias les choses commencent à bouger« , conclut-elle. Pour le mannequin et influenceuse, pas question d’un retour en arrière. Le discours engagé qu’elle prône plaît dans une société qui reste soumise au diktat de la jeunesse éternelle. Les corps vieillissants ne demandent qu’à être mis en lumière…
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