Sommaire
Des violences loin des caméras
Surexposée au regard du public, Hilona Gos a formé pendant plusieurs années un couple phare de la télé-réalité avec Julien Bert qu’elle accuse aujourd’hui de violences conjugales. C’est via trois vidéos publiées sur sa chaîne Youtube personnelle Hiloshow que la jeune femme de 27 ans a décidé de prendre la parole. Dans ces témoignages rendus public fin février, elle explique avoir été manipulée, violentée physiquement et psychologiquement par son ex-compagnon. En brisant le silence derrière lequel elle se réfugiait par peur de nuire à celui qu’elle aimait, Hilona Gos révèle ainsi au public l’ampleur de son calvaire vécu dans l’ombre, loin des caméras. Son témoignage est fort et ne doit pas être ignoré sous prétexte qu’elle est issue du monde sexiste et controversé de la télé-réalité. C’est avant tout une victime qui a osé prendre la parole et celle-ci doit être entendue.
Lire aussi : Violence domestique : 4 experts lèvent le voile sur la pandémie de l’ombre
Tout d’abord, il faut saluer le courage d’Hilona de parler des violences qu’elle a subies. Une telle libération de la parole est difficile, mais nécessaire. Surtout dans un milieu aussi sexiste que celui de la télé-réalité. En tant que personne très exposée médiatiquement, l’influenceuse aux 1,8 million d’abonnés – majoritairement des jeunes – alerte et sensibilise sa communauté au sujet des violences conjugales. À travers son témoignage, Hilona rappelle au monde que ces violences n’épargnent personne, qu’elles n’ont ni âge, ni classe sociale.
L’auto-culpabilisation d’Hilona
« C’est peut-être à cause de moi. » Au cours de ses vidéos témoignages, Hilona se culpabilise à de nombreuses reprises. Or, il est important de rappeler que ce n’est jamais la faute de la victime si son partenaire fait preuve de violence. Hilona ajoute également « qu’il a peut-être été comme ça parce qu’il l’aimait trop ». Là aussi, la violence n’est jamais la preuve d’une belle idylle. On ne frappe pas, on n’insulte pas par amour. Cette vidéo prouve que le mythe de l’amour « passionnel » continue de faire des ravages et de biaiser la vision que les victimes ont de leur propre situation… Cette culpabilisation, l’agresseur s’en sert pour maintenir son emprise. Il fait croire à la personne qu’il malmène qu’elle est responsable de la situation et se positionne ainsi lui-même en tant que victime.
Le cycle de la violence
« Cette relation elle a tout fait pour y retourner » ou encore « Quand tu sors d’une situation difficile, tu ne remues pas ciel et terre pour y retourner ! C’est la meilleure des preuves », c’est avec ce type de phrases que Julien Bert tente vainement de se défendre de ce qui lui est reproché. Pour lui, s’ils se sont remis ensemble à plusieurs reprises, c’est une preuve que tout allait bien dans leur couple. Une réaction ultra-culpabilisante qui balaye d’un revers de la main les mécanismes d’emprise. Dans les faits, il est extrêmement difficile pour une victime de sortir de ce type de relation toxique. Comme l’explique très bien le post de la créatrice de contenus féministe Capucine Coudrier, une fois qu’une victime est sous emprise, elle se retrouve enfermée dans un cercle vicieux. Avec son témoignage, Hilona est un malheureux exemple qui illustre comment fonctionne l’agresseur pour maintenir sa victime sous emprise. Elle lève ainsi le tabou sur ce cercle de la violence et donne une occasion de plus de sensibiliser.
Voir cette publication sur Instagram
L’inaction et le profit des productions de télé-réalité
Ce n’est pas nouveau, le milieu de la télé-réalité est extrêmement misogyne. Il surfe sur les stéréotypes et monétise les violences pour faire de l’audience. À de nombreuses reprises, le couple Hilona/Julien s’est retrouvé ensemble sur des tournages. Derrière leurs écrans, les téléspectateurs assistaient à une romantisation constante de la violence au sein de cette relation. Leurs disputes étaient diffusées et instrumentalisées par la production pour faire de l’audience. La chaîne n’a pas mis Hilona à l’abri et a préféré tirer avantage de la situation. Par cette décision, ce type de programme normalise la violence. Il arrive aussi que, même lorsque les productions sont au courant de faits de violence de la part de certains candidats, elles continuent de les mettre en avant. Il y a notamment eu le cas du candidat Julien Guirado. Ce dernier a avoué avoir été violent envers son ex et est pourtant revenu, par la suite, dans une émission de séduction sur 6play. La télé-réalité se rend ainsi complice des violences faites aux femmes au profit du buzz médiatique.
Lire aussi : Comment se remettre d’une relation toxique ?
Victime de violences conjugales ? Vous n’êtes pas seule. Voici quelques numéros utiles :
- Le 0800 30 0 30 : ligne d’écoute nationale francophone (gratuite et anonyme, disponible 7j/7 et 24/24).
- Le 02/539.27.44 : le numéro pour appeler le Centre de Prévention des violences conjugales et familiales de Bruxelles.
- Le 04/223.45.67 : numéro d’écoute du Collectif contre les Violences Familiales et l’Exclusion de Liège.
- Le 06/421.33.03 : le numéro pour joindre l’asbl Solidarité Femmes et Refuge pour femmes battues de La Louvière.
- Le 112 est toujours le bon réflexe en cas d’urgence.
Si vous recherchez un lieu d’accueil, un endroit où recevoir des soins ou une aide juridique, plus d’infos sont disponibles sur le site ecouteviolencesconjugales.be.
Si cet article vous a plu, ceux-ci devraient vous intéresser : « La notion de féminicide, bientôt reconnue par une loi en Belgique », « Les CPVS jouent un rôle primordial dans la prise en charge des violences sexuelles » ou encore « #ThisIsNotConsent : un hashtag pour dénoncer la culpabilisation des victimes d’agressions sexuelles ».