Ils bousculent et interrogent sur nos zones de confort et les caps de la vie. Ces trois romans font voir l’existence autrement et posent du rose sur le noir.

Tout le monde aime Clara, de David Foenkinos

« Ce fut une sensation fugitive au départ, mais une certitude finit par troubler Marie : sa fille ne serait pas une enfant comme les autres »

Pour son vingtième roman, David Foenkinos s’attaque à un sujet d’envergure, qui oscille entre paranormal, mysticisme et ésotérisme, lui-même friand de numérologie. À travers Clara, sa jeune héroïne qui sort du coma et a des « visions », il interpelle profondément le lecteur sur la destinée et la signification de ce qui constitue la trame de notre existence : les rencontres, les lieux, les sensations. En fil rouge, tous les amours vécus au cours de notre vie, qu’ils soient indéfectibles, avortés, ou impossibles et qui une fois décortiqués, poussent à l’introspection, nous obligeant naturellement à nous demander si chacune de nos rencontres est spontanée, le fruit du hasard ou écrite depuis le début. L’un des grands talents de cet auteur, dont on attend impatiemment chaque nouveau roman, est notamment sa capacité remarquable à aborder des thématiques lourdes avec légèreté, en en révélant les contrastes, comme dans ce nouvel opus où l’on réalise que bonheur et gravité ne sont pas nécessairement incompatibles. Si le romancier décortique la notion de hasard au scalpel, on se demande si ce récit en est un, lui-même ayant connu une expérience de mort imminente à la suite d’une longue hospitalisation…

livre david foenkinos

Gallimard, 20 €

Je le veux !

Les vivants, d’Ambre Chalumeau

« Et c’est quand elle recommence à se penser à la première personne qu’elle conjugue pour finir : “ Je dois changer ”. »

Un premier roman très prometteur pour cette journaliste française, auteure du très apprécié podcast littéraire Liste de lecture, également connue pour son compte @destableauxpartout sur Instagram. On se délecte de cette histoire cachée dans un tiroir et écrite par touches successives quand elle avait 20 ans, ressortie et remaniée sous l’impulsion de son éditrice dont le flair a eu raison de la faire accoucher de ce récit époustouflant. Il montre subtilement à quel point il n’est pas aisé de sortir de sa zone de confort quand la vie vacille. Un récit d’initiation et de passage à l’âge adulte, régi par l’état incertain de Simon, ado atteint d’un virus rarissime dont on ne sait s’il le laissera vivre. Une sortie de l’enfance que l’on a tous vécue, douce ou brutale, qui amène à envisager la vie autrement, mais également à se regarder évoluer de façon parfois maladroite. Si ce cap important de la vie dessine les contours de l’âge adulte, il interroge plus largement sur son sens présent et à venir et pose les balises d’une quête de dépassement de soi. La primo romancière signe un opus très réussi, à la fois émouvant et fort, sous une plume enjouée, ironique et rythmée.

livre Ambre Chalumeau

Stock, 21 €

Je le veux !

Le second printemps d’Isabelle Bary

« N’empêche, peut-on, aujourd’hui, choisir de ne pas séduire ? De ne pas convenir à une image pour obtenir un regard, une faveur, un boulot, ce qu’on croit être l’amour ? »

Le titre du livre rappelle à quel point les Japonais ont l’art de la formule, la ménopause étant joliment appelée « le second printemps », au pays du Soleil-Levant. Un changement de vie que traverse Adèle, dont la vie de couple et de famille manque de fantaisie et qui sur une impulsion, se retrouve à marcher sur les chemins de Compostelle. Elle y fait la connaissance d’Emma, l’une étant entre deux âges, l’autre, entre deux cultures, chacune à la frontière d’un « no woman’s land » auquel elles cherchent à donner un sens. Chacune en proie à une introspection salutaire, comme si ce voyage à pied était un exutoire propice lorsque la vie semble nous échapper. Un hymne à la sororité et un apprentissage tout en subtilité de la liberté. L’auteure s’interroge sur les choix que l’on pose ou nous impose et dont on se rend parfois compte, à l’automne de la vie. Il arrive qu’ils ne nous aient pas réellement révélé qui nous sommes, au point d’avoir parfois raté le rendez-vous avec soi-même. Ce nouveau roman de la Belge Isabelle Bary est un bel hommage à la détermination qui nous anime et dont on a tendance à minimiser les effets, alors qu’elle permet souvent de rester acteur de sa propre vie.

livre Isabelle Bary

180° Éditions, 20 €

Je le veux !

 

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