Malgré l’arrivée du froid, une grande partie de la population n’a toujours pas allumé son chauffage cet hiver. Pas pour faire des économies mais tout simplement par manque de moyens suffisants. Ce sont les mêmes qui, en été, ne peuvent pas se permettre d’acheter des ventilateurs ou des climatiseurs coûteux pendant les vagues de chaleur de plus en plus intenses.
Les femmes sont les plus touchées comme le révèlent les statistiques de la Commission européenne. En 2023, elles risquent, davantage que les hommes (22,3% contre 20,4% dans l’UE), de tomber en situation de précarité énergétique, une tendance renforcée par la pandémie de COVID-19. Plus frappant encore, cette différence est plus marquée pour les femmes âgées (en moyenne 37,2% dans toute l’UE), proche de l’âge de la retraite. Il y a plusieurs raisons à cela : la répartition stéréotypée des rôles entre les femmes et les hommes au sein du foyer, toujours bien présente, se traduit par une plus grande difficulté pour celles-ci à trouver un emploi de longue durée. Elles interrompent souvent leur carrière pour s’occuper des enfants et sont beaucoup plus nombreuses à travailler à temps partiel, avec, pour conséquence des pensions sensiblement plus faibles. Elles endossent aussi le rôle de chef de ménage dans la plupart des familles monoparentales, or 40 % de celles-ci sont menacées de pauvreté ou d’exclusion sociale.
Les femmes peuvent jouer un rôle clé
Ces dernières années, l’Union Européenne a pris un certain nombre de mesures pour lutter contre l’accroissement de la précarité énergétique, mais avec des effets limités pour le moment.
Au Parlement européen, la Commission des droits des femmes et de l’égalité des genres (FEMM) s’est prononcée pour des mesures plus ambitieuses en matière de précarité énergétique. Les députés insistent sur l’impact disproportionné sur les femmes célibataires, les foyers monoparentaux et les ménages ayant une femme pour chef de famille. L’eurodéputée suédoise du groupe des Verts, Alice Bah Kuhnke, suit ce dossier de près. « Nous savons que les femmes consomment moins d’énergie que les hommes et qu’elles peuvent donc jouer un rôle clé dans la transition vers des modes de consommation plus durables », explique-t-elle. « Nos politiques énergétiques et climatiques doivent tenir compte du fait que le changement climatique et ses causes ont des impacts sur les femmes. Si on abandonne ces politiques qui ne tiennent pas compte de la notion de genre, alors on parviendra à mettre en place des solutions qui permettent de lutter contre les inégalités de genre et le changement climatique, et ainsi atteindre la justice climatique ».
La commission des droits des femmes a également rédigé un rapport sur « La pauvreté des femmes en Europe », qu’a coordonné l’eurodéputée socialiste espagnole Lina Gálvez Muñoz. « Les principales recommandations consistent à proposer une stratégie européenne ambitieuse en matière de réduction de la pauvreté pour 2030, avec des objectifs concrets et un accent sur les femmes en situation de pauvreté », explique Lina Gálvez Muñoz. « La dimension de genre doit être intégrée à tous les niveaux du budget de l’UE. Les législations économique et sociale doivent promouvoir l’égalité de genre en tenant compte du fait que la pauvreté touche les femmes de manière disproportionnée. »
Table ronde au Parlement européen
L’organisation par le Parlement européen d’une table ronde sur cette thématique le 1er mars prochain montre que la précarité et son impact sur les femmes figurent parmi les priorités de l’institution. Des représentants de tous les parlements nationaux et du Parlement européen se réuniront pour veiller à ce que les initiatives en vue de lutter contre la précarité énergétique tiennent compte des besoins et des défis spécifiques des femmes. La réflexion portera notamment sur le soutien à apporter aux mères et aux femmes célibataires et sur les moyens à mettre en œuvre pour accroître leur indépendance économique. L’objectif sera aussi de permettre à un plus grand nombre d’entre elles d’être pleinement impliquées dans les discussions sur ces différents thèmes. « J’espère que nous parviendrons à envoyer un message clair à la Commission européenne afin qu’elle comprenne que nous avons besoin de toute urgence d’une stratégie européenne globale qui tienne compte de l’égalité des genres en matière de précarité énergétique. Nous demandons des lignes directrices spécifiques sur lesquelles nos États membres pourront se baser pour s’attaquer au problème de manière structurelle », déclare Alice Bah Kuhnke. « C’est une bonne occasion de demander à l’UE et aux États membres de mieux mesurer la pauvreté, y compris dans une perspective de genre afin de protéger les femmes vivant dans la pauvreté énergétique. Cela permettra d’apporter une réponse appropriée et coordonnée pour faire face à l’impact à long terme de la crise énergétique, en garantissant des services publics abordables aux ménages à faible revenu, et en particulier aux femmes âgées et aux mères célibataires », conclut Lina Gálvez Muñoz.
Cet article a été écrit en étroite collaboration avec le Parlement européen.
europarl.europa.eu
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