« La Meute » sort de prison, les espagnols sortent dans les rues
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« La Meute » sort de prison, les espagnols sortent dans les rues

Par Camille Sanchez
Temps de lecture: 3 min

Des milliers d’espagnols sont descendus dans la rue après la remise en liberté provisoire des 5 hommes qui ont violé une jeune femme lors des fêtes de San Fermin, puis diffusé la vidéo sur Whatsapp. En avril dernier, la justice n'avait retenu que l'abus sexuel, et non le viol, car la victime ne s'était pas débattue.

Jeudi 26 avril, la justice espagnole a rendu son verdict dans ce qui est considéré comme le « procès de l’année ». Cinq Andalous âgés de 27 à 29 ans qui ont violé une jeune femme lors des fêtes de San Fermin, à Pampelune (Navarre), en juillet 2016, ont été condamnés à neuf ans de prison pour « abus sexuels » et « abus de faiblesse ».

 

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Malgré l’agression en groupe et la diffusion d’une vidéo sur Whatsapp par des accusés, la qualification de viol n’a pas été retenue. Vendredi dernier, les condamnés qui s’auto-qualifient « La Meute » sur leur groupe de messagerie Whatsapp, se sont affranchis d’une caution de 6.000€ pour sortir de prison. Les magistrats ont jugé qu’ils ne présentaient aucun « risque de fugue, et que la perte de leur anonymat laisse impensable la réitération d’un tel acte ».

Dans les rues, la colère

Dès jeudi, un rassemblement a eu lieu à Pampelune, où un millier de femmes ont crié ensemble « Assez de violence machiste ». Des protestations similaires se sont déroulées dans le Pays Basque et à Barcelone, avant de gagner la capitale et d’autres grandes villes le lendemain. Comme lors du précédent verdict, une vague de manifestations féministes s’est emparée des rues de tout le pays.

 

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Les slogans « Ce n’est pas un abus, c’est un viol », « Justice patriarcale » et « Moi si je te crois », ont été repris par les manifestantes présentes en masse devant les différentes instances judiciaires.

Pour mobiliser le plus de participants possible, les mouvements féministes se sont organisés sur les réseaux sociaux, sous un nouvel hashtag : « Les rues sont aussi à nous ».

Une mobilisation nationale

La classe politique s’est également insurgée de cette décision. La ministre à l’Egalité et vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, a déclaré que les femmes sont « perplexes et incertaines sur un telle décision venant de nos tribunaux ». Sa consoeur et porte-parole du gouvernement, Isabel Celaa a déclaré « respecter les décisions judiciaires », mais reconnaît que « les faits attestés sont très graves ». Elle ajoute que « les juges doivent être davantage formés en matière de genre ».

Le groupe Podemos proposera dans les semaines à venir une réforme qui ne fera plus de distinction entre une agression et un abus sexuel dans les cas de violence.

 

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La pétition lancée quelques jours après la connaissance du premier verdict d’avril dernier a atteint plus de 1,4 millions de signatures. Une mobilisation forte de la société civile pour réclamer la destitution des magistrats en charge du jugement de La Manada.

« Merci mes sœurs »

La victime a envoyé ce 27 juin une lettre ouverte à la chaîne de télévision Telecinco. « Ceci est une lettre de remerciements et non une lettre pour raconter ma version des faits. » explique la jeune femme dès le début. « Merci ‘mes sœurs’ de ne pas m’avoir laissée seule, d’avoir cru en moi. Merci pour tout, de tout mon cœur. » La jeune femme a lancé un appel à toutes les victimes de viol : « Le plus important est de dénoncer. Personne ne doit passer par ce que j’ai vécu. On ne peut pas rire d’un viol. » Elle les incite à ne pas se taire, « car si vous le faites, vous donnez raison aux violeurs. » Une lettre lue en direct et qui, on espère, donnera le courage à d’autres victimes de dénoncer leurs agresseurs.

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Charlotte Deprez Voir ses articles >

Foodie assumée, obsédée par les voyages, la photographie et la tech, toujours à l'affût de la dernière tendance Instagram qui va révolutionner le monde.

Tags: Cause féminine, Combats de femmes, Féminisme, Féministe, La meute, Viol, Violences.