IVG: un droit réellement acquis partout en Europe?
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IVG: un droit réellement acquis partout en Europe?

Par Lucie Delplanque
Temps de lecture: 3 min

30 000, c’est le nombre approximatif d’IVG (ou avortements) qui ont lieu chaque année en Belgique. Toujours inscrit dans le code pénal comme un « crime contre l’ordre des familles et la moralité publique », l’avortement n’est pourtant plus puni par loi… Et heureusement. Qu’en est-il de ce droit fondamental, encore trop souvent bafoué ? On dresse le bilan en Europe.

Les européennes font partie des femmes les mieux protégées au monde : accès à la contraception, droits reconnus… Pourtant, des inégalités demeurent encore quand il s’agit d’interrompre volontairement une grossesse. Depuis quelques années, on observe une tendance de recul comme en Pologne par exemple, où un projet de loi vise à interdire l’avortement même en cas de malformation du fœtus.

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Pourquoi les lois sont-elles différentes ?

Au sein de l’Union Européenne, les lois concernant l’IVG sont relativement différentes les unes des autres. Elles n’ont pas été votées au même moment, ce qui explique pourquoi le délai limite pour avorter n’est pas le même chez tout le monde, par exemple.

 

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Dans certains pays, l’avortement est simplement dépénalisé, c’est-à-dire qu’une femme ne peut pas être poursuivie pour avortement. Dans plusieurs pays de l’UE, il est encore illégal : c’est le cas de la Pologne, l’Irlande, Malte et Chypre. En Andorre, il est interdit sauf en cas de risque pour la mère. En Finlande, l’avortement n’est autorisé qu’avant 17 ans et après 40 ans (mais il est relativement aisé de l’obtenir en dehors de ces conditions). Finalement, en Italie, l’IVG est légale mais une grosse partie des médecins refusent de la pratiquer se considérant comme objecteurs de conscience.

La similitude entre tous les pays de l’Europe, c’est l’arrivée des mouvements « pro life » qui condamnent violemment l’IVG. Certains gouvernements prennent même des mesures radicales. Certaines femmes sont intimidées devant les hôpitaux, des campagnes de désinformation sont organisées ; certaines femmes sont même poursuivies pour avortement illégal (en Irlande du nord par exemple). Cela peut même aller jusqu’au déremboursement partiel de l’avortement, comme au Portugal.

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La Pologne, totalement contre l’IVG ?

Le sujet avait déjà fait couler beaucoup d’encre en septembre 2016. L’avortement y est interdit sauf pour des raisons médicales qui mettraient la vie de la mère en danger, en cas de viol ou d’inceste ou si l’embryon souffre d’une pathologie irréversible. À l’époque, une initiative citoyenne avait proposé de restreindre la loi. Le but: condamner toute personne (femme ou médecin) ayant recours à l’avortement. Avorter n’y aurait été possible que si la mère était en danger. À l’époque, plus de 10 000 femmes étaient descendues dans les rues polonaises; poussant le gouvernement à rejeter ce projet de loi.

 

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Pourtant, il y a quelques jours, la Pologne a fait un pas de plus vers l’interdiction totale de l’avortement. 16 membres de la Commission polonaise de la justice et des droits de l’homme se sont montrés favorables au projet « Stop Avortement ». Un projet de loi qui interdit l’avortement en cas de malformation du foetus. Si le projet de loi aboutit, l’IVG ne sera réalisable qu’en cas de danger pour la mère ou en cas de viol ou d’inceste. Selon les organismes féministes du pays, entre 80 000 et 130 000 femmes subissent des avortements illégaux, chaque année. Et pas sans risque: les complications peuvent parfois mener à la mort de la femme. Inimaginable au 21ème siècle.

Clara Lalix a décidé de raconter son avortement sur Instagram, sans tabou. 

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Et la Belgique dans tout ça ?

L’avortement est autorisé depuis 1990. Toute femme enceinte a le droit d’interrompre volontairement une grossesse si son état de santé le nécessite. Si une grossesse n’est pas désirée, la femme peut aussi avorter jusqu’à 12 semaines après la conception (soit 14 semaines d’aménorrhée.) Les IVG tardives ne sont réalisées qu’en cas de danger pour la survie de la mère.

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