Alexandrine Close est une kiné formée en rééducation pelvi-périnéale mais aussi une sexologue. Elle est spécialisée en vaginisme et exerce depuis 20 ans. Elle explique qu’il existe différents types de vaginisme. Celui dit primaire, présent depuis la première tentative de rapport sexuel, et celui dit secondaire, qui peut survenir au cours de la vie sexuelle. Mame Ndanty Badiane est une coach et thérapeute experte en vaginisme. Elle en a elle-même été atteinte. Forte de son expérience, elle explique que même si ce trouble prend de la place dans la vie des personnes qui en souffrent, il n’est qu’« une étape.» Pour elle, ces personnes ne sont pas obligées de tolérer cette souffrance car une guérison est possible.
Vaginisme : quelles sont les causes possibles ?
Pour Alexandrine Close, comme pour Mame Ndanty Badiane, le vécu joue un rôle clé dans l’arrivée de ce trouble. Certaines femmes* ont, par exemple, pu évoluer dans un environnement culturel, religieux ou social culpabilisant en ce qui concerne la sexualité. Ce qui peut créer une appréhension du rapport sexuel par peur de la douleur. Le vaginisme peut également apparaître suite à une vulvodynie (une douleur vulvaire persistante), une blessure ou des infections à répétition. Il est également possible que ce trouble apparaisse suite à un évènement traumatisant comme un acte de violence physique, morale ou sexuelle. Pour Mame Ndanty Badiane, avec le vaginisme le corps cherche à dire quelque chose, à faire passer un message : « comprendre ce qu’il veut dire permettra d’avancer dans le processus de guérison. »
Lire aussi : « Une étude mondiale explore (enfin) le syndrome prémentsruel »
Souvent, mieux apprivoiser le fonctionnement de son corps peut déjà permettre de débloquer pas mal de choses. C’est pourquoi les professionnelles vont, dans un premier temps, toutes deux ouvrir le dialogue avec leur patiente avant de proposer quoi que ce soit de physique. Alexandrine Close explique notamment prendre le temps de donner de nombreuses informations concernant l’anatomie. Pour Mame Ndanty Badiane, il est difficile de traiter le vaginisme sans combiner approche psychologique et physique. Elle est en faveur d’une collaboration totale entre les différents professionnels et leurs méthodes. « Tout le monde peut apporter ses forces. Ce qu’on veut avant tout, c’est aider ces femmes. » Alexandrine Close ajoute également que chez certaines femmes* atteintes de vaginisme, notamment celles souffrant de vaginisme secondaire, l’accompagnement psychologique est un complément essentiel.
Les solutions pour guérir du vaginisme
Toutes deux vont notamment proposer la méthode des dilatateurs vaginaux, qui est une des méthodes parmi toutes celles pouvant permettre la guérison de ce trouble. Il s’agit d’un dispositif médical qui vise à habituer le vagin à accepter un corps étranger en plusieurs étapes. Les dilatateurs sont de différentes tailles pour y aller petit à petit. Alexandrine Close précise y aller progressivement au cours des rendez-vous, toujours au rythme de la personne qui la consulte pour lui redonner confiance en son corps. « C’est important d’attendre le feu vert de la patiente ». Suivre le rythme de la patiente* permet d’instaurer un climat de confiance et d’éviter les mécanismes de défense. La zone vulvaire sera vraiment abordée progressivement par la kiné.
Lire aussi : « Voici les 3 types d’orgasmes féminins qui existent »
De son coté, Mame Ndanty Badiane ne pose pas l’acte médical mais explique aux patientes, qui désirent opter pour cette méthode, comment se servir des dilatateurs. Lorsqu’elle est, elle-même, venue à bout de son vaginisme, elle a d’ailleurs constaté que les utiliser était plus facile après s’être masturbée. La masturbation peut donc être un bon allié dans la lutte contre le vaginisme et « être une piste de guérison ». C’est selon elle « un moment de self-love qu’on s’offre à soi » et qui favorise la compréhension de son corps. Thérapeute et kiné tiennent tout de même à préciser qu’il arrive que des femmes* soient mal à l’aise avec la masturbation. Ce qui ne compromet pas pour autant la guérison car il ne s’agit que d’une piste parmi d’autres.
Même si la parole se libère, le vaginisme est encore extrêmement tabou. Pour Mame Ndanty Badiane, il y a un manque de connaissances qui participe à ce que des femmes* pensent ce trouble incurable et se résignent parfois à vivre avec. Elle explique qu’il faut continuer d’en parler et de diffuser de l’espoir. « Le vaginisme n’est pas incurable et se guérit très bien lorsqu’on s’entoure de professionnels bienveillants. » Il y a autant de méthode de guérison qu’il y a d’histoires différentes. Il faut donc trouver le parcours qui convienne le mieux. Le choix est vaste, il ne faut donc pas hésiter à se tourner vers des professionnels pour y voir plus clair. Pour finir, les spécialistes interrogées insistent toutes deux sur le caractère involontaire du vaginisme. Ce n’est jamais de la faute de la personne souffrante si elle est victime de ce trouble.
*À savoir : certaines personnes possèdent une vulve mais ne se reconnaissent pas dans le terme « femme ». Elles peuvent tout de même souffrir de vaginisme, même en ne s’identifiant pas comme tel. C’est le cas de certains hommes transgenres et de certaines personnes non-binaires.
Pour aller plus loin :
Livre « Je guéris du vaginisme, c’est parti » de Mame Ndanty Badiane
Si vous avez aimé cet article, ceux-ci pourraient vous plaire : « La moitié des femmes en Belgique ne savent pas à quoi s’attendre une fois ménopausée », « Sextoys pour débutantes : comment choisir son premier vibro ? » ou encore « Cancer du sein : Quels sont les symptômes à surveiller ».