Assise sur son bureau, elle distille des remarques désobligeantes avec sa voix éraillée à qui passe devant elle. “Le projet est bon, mais c’est ton idée de base qui est complètement creuse”. “Je n’aime pas ton style. D’ailleurs, ce que je n’aime pas : c’est que tu n’as pas de style en fait”.
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Elle, c’est Miranda : la quarantaine bien cramée, demi-manager acariâtre à la pudeur en berne. Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existé n’est pas du tout fortuite. Au contraire. Son principal crédo ? Être cash. Trop.
T’es mauvais Jack ! Ha ha ha
Mais, Miranda n’est pas la seule à débiter des atrocités sous couvert d’une franchise extrême, loin s’en faut. À l’ère du clash à tout-va, nombreux sont celles et ceux qui s’engouffrent dans la moindre faille pour déclarer ouvertement ce qu’ils/elles pensent des autres. Et généralement, ce ne sont pas des compliments. C’est même devenu le fond de commerce de certains chroniqueurs, twittos ou candidats de télé-réalité qui, quand on leur reproche leurs débordements, rétorquent qu’ils sont “cash”. Su-per.
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Être cash : entre franchise et méchanceté
“La franchise est une notion complexe que beaucoup d’entre nous se targuent d’avoir ou souhaiteraient avoir. D’un point de vue objectif, être franc s’avère une qualité recherchée et hautement distinguée. Plus que d’autres comme la gentillesse, l’altruisme ou même la générosité”, explique Aurore Le Moing, psychopraticienne en région parisienne. Mais quand la franchise se transforme en flot de paroles sans filtre, dirigé contre nous, elle nous met mal à l’aise et parfois pire, nous blesse. “Et pourtant, la franchise n’est pas la vérité, elle reflète simplement une façon de voir les choses qui est propre à la personne qui les dit”, rationalise la spécialiste.
Mais du coup, qu’est-ce qui nous dérange autant face à cette franchise exacerbée : de faire face à l’opinion des autres ou de se faire critiquer gratuitement, voir hurler dessus ? Probablement un peu de tout ça. “Il y a aussi plusieurs façons d’être cash”, précise Aurore Le Moing. “On peut tourner les choses de manière douce et compréhensive, sans intention de blesser l’autre. Ou bien, prendre la tangente en voulant sciemment choquer, blesser ou se faire remarquer”. Ah tiens, on se rapproche de la version cash de Miranda.
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Car si on peut comprendre aisément tous les bienfaits de la franchise dans nos relations sociales, amoureuses ou professionnelles, la manière de le dire joue un rôle très important et peut révéler ce qui est à l’origine de cette franchise : de la bienveillance pour certains, mais pour d’autres de la jalousie, de la méchanceté voire un excès d’ego. Pour cette ex-manager, je miserai sur l’aigreur. L’aigreur de ne pas se sentir écoutée, respectée ou adulée (ouh le melon) par des jeunes femmes bien dans leurs baskets. L’aigreur de savoir aussi que ces mêmes jeunes femmes avaient décelé en trois clignements d’oeil la vacuité de ses propos… Pardon, moi-même il m’arrive d’être cash. Ou méchante.
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