Qui est Coely, la nouvelle reine du rap belge ?
© Matias Batalle

Qui est Coely, la nouvelle reine du rap belge ?

Par Joëlle Lehrer
Temps de lecture: 4 min

La Belgique est une terre fertile pour le hip-hop et Coely en est l’une des meilleures représentantes. S’il y a une reine du rap, chez nous, c’est bien elle. Son nouvel album, Alive, marque une étape importante dans sa carrière. Interview.

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La première fois que j’ai rencontré Coely, c’était au Sakifo Festival sur l’île de La Réunion. J’ignorais qu’elle était belge. Quand on l’entend et la voit chanter, on pourrait croire qu’elle est née quelque part aux États-Unis. Mais lorsqu’on la rencontre, on saisit en deux minutes qu’elle est bien d’ici. Parce qu’elle a cette simplicité bien belge et qu’elle tient à la garder.

Votre premier album, Different Waters, sorti en 2017, a été un grand succès en Belgique et a obtenu un disque d’or. Quelles sont vos attentes pour celui-ci ?

Vous savez, je n’ai pas d’attentes du tout. Je suis surtout contente qu’il soit là, qu’il soit vivant comme son titre l’indique. J’aimerais que le public l’apprécie et après, on verra. J’ai mis toute mon âme dans ces morceaux.

Qu’avez-vous fait ces quatre dernières années ?

J’ai travaillé sur ce disque. La pandémie est arrivée. Je n’ai pas attrapé le Covid, heureusement. Je suis tombée enceinte. Je me suis mariée et j’ai eu un bébé en 2021. Avant le lockdown, j’étais en tournée. Et j’ai fait beaucoup de recherches pour préparer mes nouvelles chansons.

Comment s’appelle votre fils ?

Jabari. C’est un prénom en swahili qui signifie « courageux ». Il court partout et ne se laisse pas faire.

Alive, le nouvel album est très ample. Plus large que vos racines hip-hop. On y trouve de la pop et de la soul. C’est fort contemporain.

J’ai envie de faire de la musique que l’on écoutera encore dans dix ans. Je vois que la jeune génération revient aux chansons de Lauryn Hill. J’ai grandi avec tous les genres de musique et puis, j’ai mixé les choses à ma sauce. Avec mes producteurs, on a fait beaucoup de recherches pour ce disque. Et je pense que j’ai trouvé ma propre voix. On peut entendre sur cet album que je suis plus mûre. Je ne suis plus la même. J’ai grandi. Les leçons de la vie m’ont changée. Et je n’ai plus le temps pour des conneries.

À vingt-neuf ans, vous n’êtes plus une gamine.

Non, pourtant, il m’arrive encore de vouloir l’être. Mais je regarde la vie dans un autre miroir. Je suis passée par des phases compliquées où je me posais beaucoup de questions sur moi-même. Et aujourd’hui, je me sens plus à même d’aborder certaines situations. À travers les hauts et les bas, je parviens à voir la beauté.

Sur l’album, on découvre des featurings avec des rappeurs de la scène anversoise.

Oui, Fahad Seriki dont j’adore le flow et que je considère comme un poète. Shaka Shams, lui, rappe de façon tranchante. Yann Gaudeuille, qui a produit plusieurs morceaux, possède une voix soul.

 

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Vous avez toujours rappé en anglais ?

Oui, c’est ma manière de m’exprimer au mieux. Il m’arrive parfois de lâcher une phrase en français. J’ai beaucoup écouté Diam’s, Zaho et Sexion d’Assaut. C’est toute ma jeunesse ! Mais pour le son, j’étais plus sensible au rap américain.

En tant que femme dans le hip-hop, devez-vous encore vous battre pour avoir une place égale aux hommes ?

Ce sera toujours un combat. Mais aujourd’hui, les femmes montent beaucoup plus au créneau et elles ont plus d’outils à leur disposition, notamment les réseaux sociaux. Et je crois qu’il y a beaucoup de solidarité et de partage entre nous.

Dans la chanson Fruit of Bantu, vous exprimez ce que c’est de vivre avec une peau noire.

C’est une chanson légèrement provocatrice. C’est ma façon de dire : « Vous ne savez pas ce que j’ai dû affronter, ni ce que ma mère et mon frère ont dû affronter en raison de la couleur de notre peau. »

Cette chanson a été la plus difficile à écrire. Mais j’ai voulu célébrer mon appartenance à la communauté black et la fierté noire.

Si cela a été difficile à écrire, c’est parce qu’il y a eu beaucoup de souffrance ?

Oui, moi aussi, j’ai été victime de racisme. Ma mère et mon frère aussi. Et je n’ai pas pour habitude d’en parler parce que c’est lourd. Mais aujourd’hui, je suis plus à même de l’évoquer. Quand j’étais plus jeune, je ne savais pas comment l’exprimer.

 

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Vous vivez en Flandre où le Vlaams Belang est devenu le premier parti dans les sondages. Or, c’est un parti raciste.

Ce n’est pas à moi d’en parler. Je suis peu les news parce que je n’ai pas le temps. Je vois passer des choses sur les réseaux sociaux mais cela ne m’étonne même plus. On sait qui sont les racistes. Moi, je préfère parler de musique.

La musique vous protège-t-elle ?

Je vis pour la musique. Elle me porte. Dans les rythmiques de certains de vos morceaux, on entend les influences congolaises. Oui, et même certains mots sont en lingala.

Quelles sont les ambitions pour cet album ?

De le faire voyager en-dehors de la Belgique et que chacun puisse avoir une part de Coely.

Si on parle de votre image façonnée pour Alive, que voulez-vous représenter ?

Une personne avec une histoire. Je me montre moi-même parce que je suis enfin heureuse.

 

Coely, Alive, Top Notch/Universal Music.

En concert le 26 mai au Gladiolen Festival et le 15 juillet au Dour Festival.

 

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Des podiums parisiens aux dernières nouveautés skincare qui enflamment TikTok, je décrypte les tendances pour Marie Claire Belgique. Passionnée de voyage, de mode et de beauté, je partage mes coups de coeur dénichés aux quatre coins du globe. En tant que rédactrice en chef digital, j'ai également à coeur de mettre en lumière les histoires inspirantes de femmes à travers notre site et sur nos réseaux sociaux.

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