Appropriation culturelle: entre inspiration et empiétement offensant
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Appropriation culturelle: entre inspiration et empiétement offensant

Par Léa Moreau
Temps de lecture: 2 min

L’appropriation culturelle ? Un terme un peu barbare à priori, dont la signification ne semble pas faire l’unanimité. Le nouveau concept venu d’Outre Atlantique suscite un vent d’indignation sur les réseaux sociaux.

Depuis quelques années, la polémique enfle, alimentée quotidiennement par les frasques de la sphère artistique. Alors où se situe la frontière entre inspiration et empiétement offensant ?

 

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Des coiffes amérindiennes arborées par les festivalières à Coachella, à Rihanna apparaissant grimée en Nefertiti en couverture de magazine, en passant par les marques de prêt-à-porter accusés de plagiat (pour ne citer qu’eux) et les mannequins Victoria’s Secret déguisées en indiennes/africaines/, tous se seraient rendus coupables d’appropriation culturelle. Autrement dit, les inquisiteurs les accusent d’avoir volé des éléments esthétiques et symboliques d’une autre origine.

 

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Et au même titre que la musique ou la grande consommation, la mode s’inspire de plus en plus des autres cultures. C’est même devenu une banalité sur les catwalks A titre d’exemple, lors d’un défilé en octobre dernier, la couturière Stella McCartney est pointé du doigt pour ses tenues « wax », emblématiques du continent africain.

Pourquoi le concept d’appropriation est offensant ?

Selon les opposants, ce qui est dommageable dans ce phénomène d’appropriation culturelle, c’est de copier une culture sans lui rendre hommage. A leurs yeux, le terme ne désigne pas un simple emprunt culturel. Mais il renvoie à une pensée post-colonialiste et donc, à des relations de pouvoir. Car durant la colonisation, les puissances coloniales n’ont pas seulement pillé les ressources naturelles, elles ont aussi exploité l’artisanat locale. Le plus souvent, il était question de rapports dominants-dominés.

 

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Pour les gardes du corps de l’emprunt artistique, cette vision a encore du sens aujourd’hui. Les artistes occidentaux seraient les héritiers de cet impérialisme culturel, pillant les peuples opprimés dans la plus grande insouciance. Ils les priveraient d’une possibilité de profit et de contrôle de leur patrimoine culturel.

Pourquoi ce n’est pas un problème ?

D’autres évoquent une stigmatisation de la circulation culturelle. L’imitation existant en réalité depuis la nuit des temps. Une pratique répandue notamment dans les cours royales. A l’instar de l’aristocratie britannique, qui, déjà au 17 ème siècle, s’appropriait les vêtement traditionnels écossais. Aujourd’hui notre monde rétrécit, et c’est d’autant plus pertinent.

 

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Les idées se propagent et s’entremêlent à une vitesse folle.  Les frontières culturelles sont instables et fluctuent continuellement. Cette controverse autour de l’appropriation néglige un détail. Grâce à l’emprunt culturel, l’héritage d’une culture se diffuse, ce qui a par exemple permis d’universaliser le denim.

Quand peut-on considérer que l’appréciation de la culture dévie en appropriation culturelle ?

La différence entre appropriation et appréciation se situe dans l’ignorance des valeurs symboliques culturelles. Connaître leur signification permettrait d’éviter une appropriation offensante.

Dans nos sociétés multi-culturelles actuelles, aucune loi, à l’échelle internationale, n’interdit l’appropriation de la culture d’autrui. Certains pays comme le Canada prennent des initiatives. Mais le processus est lent. Pas facile de protéger un patrimoine culturel, non seulement de par le caractère abstrait du phénomène, mais aussi de par la dualité qu’il suscite.

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Tags: Art, Culture, Société.