Sommaire
Le livre des soeurs, d’Amélie Nothomb
On ne sait ce qui tient le plus en haleine dans ce 31e roman très attendu. L’amour fusionnel de Nora et Florent, ou celui qui lie leurs deux filles, Tristane et Laetitia, qui ne font quasiment qu’une. Des liens scrutés sous la plume concise et rapide de la romancière belge qui fête cette année ses trente ans de carrière. Elle signe ici un récit puissant et décortique de main de maître la façon dont on se façonne et (dé)construit dès la petite enfance. Une histoire poignante qui se lit d’une traite, des héroïnes attachantes, dont la bulle qu’elles ont construite fascine autant qu’elle émeut. À l’ombre, elles sont pourtant chacune la lumière de l’autre. Bouleversant.
Albin Michel, 18,90 €
Peine des faunes, d’Annie Lulu
On ne sort pas indemne du deuxième ouvrage d’Annie Lulu, déjà multi-récompensée pour son premier roman La Mer Noire dans les Grands Lacs (2021). Ce nouveau récit nous plonge dans la vie quotidienne d’une famille tanzanienne en 1986. Rebecca élève huit enfants. Sa fille aînée, Maggie, rêve d’étudier à l’université, mais une expropriation par une compagnie pétrolière fait basculer son destin. La première pierre d’une tragédie familiale se met en place sur cinq générations… Toute la fragilité de la condition humaine est admirablement relatée, sur fond de plaidoyer pour le vivant. Des portraits de femmes écoféministes qui forcent l’admiration. Magnifique.
Éd. Julliard, 21 €
Du temps de ma splendeur, d’Aurélie Djian
La dédicace de ce premier roman annonce la couleur : « À ma mère qui m’avait interdit de l’écrire ». Amorce d’un récit d’une force inouïe sur un amour mère/fille impossible, au point que l’héroïne ne prononce plus le mot «maman», qu’elle continue à trouver terriblement angoissant. Ou comment une relation toxique est décortiquée au scalpel, dans un style d’une justesse implacable et qui fait froid dans le dos. Une mère incapable d’accompagner et guider sa fille pourtant fascinée dans sa future vie de femme, égocentrée et notamment obnubilée par sa splendeur déchue. Un récit glaçant sur une fille qui n’attend (plus) rien de sa mère et qui pourtant, transpire d’amour.
Éd. Julliard, 18 €
Tu mérites un pays, de Leïla Bouherrafa
«Tu dois être la jeune femme la plus heureuse du monde », ce sont les mots prononcés à Layla, dans le bureau d’aide aux réfugiés où elle reçoit sa convocation pour être naturalisée. Mais il est bien difficile de se représenter le bonheur pour cette jeune femme logée dans l’hôtel insalubre d’un marchand de sommeil et qui récure les toilettes d’un café en guise de métier. Leïla Bouherrafa connaît bien le sujet : elle a travaillé dix ans dans le secteur associatif et a enseigné le français dans une association qui accueille de jeunes réfugiés. Son deuxième roman montre le parcours de la combattante de son héroïne exilée, qui ne sera «jamais assez française ». Criant de vérité.
Allary Éditions, 18,90 €
Introspection même pas mort !, de Véronique Sels
Un homme se réveille un matin à Casablanca, ne sait pas qui il est, comprend qu’il est en danger… La vie du peintre Stéphane Mandelbaum, assassiné à l’âge de vingt-cinq ans par ses complices après le vol d’un Modigliani, a inspiré le cinquième roman de cette très talentueuse auteure belge. Peut-on être à la fois peintre et truand ? Dessinateur prodige et voleur de tableaux ? Maître de la provocation et amoureux de la tradition ? Un récit interpellant qui traverse trois continents et un siècle d’histoire, dans un style qui soutient la tension narrative sans jamais s’essouffler. Mention spéciale pour les cinq dessins originaux de Stéphane Mandelbaum qui habitent le roman.
Éd. Genèse, 22,5 €
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