Thaïlande : à la rencontre des éléphants, avec respect et humanité
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Thaïlande : à la rencontre des éléphants, avec respect et humanité

Par Marine Lemaire
Temps de lecture: 4 min

Le tourisme animalier, on le sait, cache généralement de bien tristes facettes. En Thaïlande, la majorité des éléphants sont captifs et passent leur journée à promener ou amuser les touristes. Une telle docilité résulte d’un rituel brutal et sauvage qui vise à briser l’esprit des pachydermes. Pour voyager en pleine conscience et rencontrer ces majestueux animaux dans leur habitat naturel, Kindred Spirit Elephant Sanctuary propose une alternative éthique et unique.

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Les éléphants d’Asie : des animaux menacés

Considérés par WWF comme une espèce en danger, les éléphants d’Asie sont les plus grands animaux du continent asiatique. De leur habitat d’origine, ils n’occupent plus que 15%. Ce dernier siècle, ils ont connu un déclin important de leur population. Si le braconnage est de moins en moins pratiqué en Thaïlande, les éléphants sont encore trop régulièrement capturés en vue d’être domestiqués pour offrir des balades exotiques aux touristes.

La dégradation de l’environnement et la destruction intensive des forêts participent également à la menace qui pèse sur les pachydermes. Le développement démographique et l’expansion urbaine privent les animaux de leur habitat naturel, dégradant leurs conditions de vie et les obligeant à se rapprocher dangereusement des humains. Confinés sur de petits espaces, leur liberté est limitée et la cohabitation loin d’être aisée…

 

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Le rituel « phajaan »

Blasés. Habitués. Las. Les éléphants promènent chaque jour sur leur dos des dizaines de touristes enjoués. Cette attraction plébiscitée des apprentis aventuriers n’a pourtant rien à envier.

Pour être si dociles, les pachydermes subissent la cérémonie du phajaan, qui s’apparente à une vraie torture. On la pratique pour briser leur esprit. Leur instinct sauvage fait dès lors place à la crainte des hommes, violents et sans coeur.

Enchaînés, battus, affamés, privés de sommeil, séparés de leur mère, et ce, alors qu’ils sont âgés de quelques mois à peine : voici la façon dont les animaux sont « entraînés » pour les camps d’amusement. Ouvrez l’oeil, tous portent sur leur peau abimée les traces de cette incorrigible maltraitance.

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Kindred Spirit Elephant Sanctuary : la solution éthique

Cofondée par Kerri et Sombat, cette ONG thaïlandaise a ouvert ses portes en 2016, dans le but de réhabiliter des éléphants domestiqués dans leur habitat naturel. Tout en éduquant et en informant le grand public et les locaux sur le traitement des éléphants d’Asie, l’association combat activement le braconnage.

Partenaires en amour et en affaires, les cofondateurs viennent d’horizons bien différents. Kerri a grandi dans une ferme laitière en Irlande du Nord. Entourée d’animaux depuis son plus jeune âge, elle a toujours désiré travailler dans la nature, à leur côté. En 2013, après des études de zoologie, elle entreprend un voyage en Thaïlande et oeuvre pour différentes ONGs, consacrant beaucoup de temps et d’énergie aux éléphants.

Sombat est Thaïlandais, d’origine Karen. Il a été élevé dans un village de montagne, non loin de Mae Chaem. De père en fils, les hommes de sa famille deviennent mahout (maitre et soigneur d’éléphant). Très jeune, il est plongé dans le commerce illicite des pachydermes et travaille dans les camps pour touriste. À 21 ans, de retour dans son village natal, il prend part à un projet éthique de réhabilitation des éléphants (GVI : volunteer with the elephants). C’est alors qu’il rencontre Kerri.

 

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Un projet de pleine conscience

Le sanctuaire Kindred Spirit met tout en place pour offrir à ses éléphants le meilleur quotidien possible. Sauvés de l’épuisement et d’une vie de mauvais soins, ils sont ramenés dans leur habitat naturel : la forêt. Libres de vagabonder et d’interagir comme bon leur semble, ces merveilleuses créatures retrouvent petit à petit leur liberté, dans des conditions semi-sauvages.

Le sanctuaire est ouvert aux visiteurs et aux volontaires, indispensables au bon fonctionnement du programme. Sur le terrain, ils mènent à bien des recherches sur les habitudes des éléphants, effectuent des vérifications de leur état de santé, et apprennent en outre l’anglais aux autochtones de  la communauté.

Puisque le bien-être animal est la priorité numéro une, les promenades à dos d’éléphant et autres performances sont prohibées. L’influence des humains sur la vie des mastodontes se veut discrète et bienveillante.

Les pionniers du projet collaborent étroitement avec les communautés locales, en leur fournissant un gagne-pain alternatif. Les mahouts perdent en effet leurs revenus classiques liés au tourisme animalier. Désormais, ils sont payés pour fournir un hébergement aux volontaires et louer leurs terres.

 

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Une expérience inégalable

S’immerger dans la culture Karen et partir à la rencontre de ces géants dans leur milieu naturel demeure une opportunité incroyable, l’expérience de toute une vie. Bien entendu, cela requiert de sortir de sa zone de confort.

Aux oubliettes le luxe de notre quotidien. Ici, on se recentre sur les essentiels. Pas de réseau mobile, pas d’eau courante… On se douche avec des seaux, on fait pipi à la turque, et surtout, on met la main à la pâte. Pas question de regarder faire nos familles d’accueil !

On se lève tôt le matin, on enfile ses bottines de randonnée, et on part explorer la jungle à la recherche des éléphants. Mais ces longues balades se clôturent par un spectacle magique : observer et prendre soin d’animaux libres et heureux. On passe ensuite l’après-midi au village, à apprendre l’artisanat local, la cuisine thaïlandaise ou à enseigner l’anglais aux enfants à l’école.

Autant vous dire que cet échange de cultures et de traditions n’est que richesse ! On en redemande.

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