Seaspiracy : 9 infos mises en lumière par le documentaire (et leur véracité)
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Seaspiracy : 9 infos mises en lumière par le documentaire (et leur véracité)

Par Ally Head  & Charlotte Deprez
Temps de lecture: 6 min

De temps à autre, un documentaire attire l'attention du monde entier. L'année dernière, c'était Tiger King. L'année précédente, c'était Fyre. Et cette année, tout le monde semble parler du tout nouveau Seaspiracy.

Le documentaire a été réalisé par les co-créateurs de Cowspiracy, un documentaire de 2014 qui dévoilait d’horribles pratiques de l’élevage industriel de viande. Cette fois, on s’intéresse à l’aquaculture, à la destruction des océans et à l’esclavage moderne dans l’industrie de la pêche.

Arrivé sur Netflix il y a quelques semaines, ce documentaire promet d’être une version 2021 de Blackfish, changeant à jamais notre perception du terme « pêche éthique » et faisant la lumière sur ce qu’il faut réellement pour élever 5 millions d’animaux marins chaque minute.

 

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Il regorge d’expressions à la mode sur la durabilité et de faits marquants ; voici les neuf qui méritent d’être portés à votre attention. Disclaimer : le documentaire est controversé, il est important de garder votre esprit critique en lisant tout ce qui suit.

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Les océans seront vides de poissons d’ici 2048

Dans le documentaire, les experts affirment que la pêche prélève chaque année 2,7 trillions de poissons dans les océans. Si ce rythme se poursuit, le Dr Sylvia Alice Earle, biologiste marine, affirme que les océans seront vides, et bientôt.

« On estime qu’au milieu du XXIe siècle, si nous continuons à prélever des poissons sauvages au rythme actuel, il n’y aura plus assez de poissons à pêcher », ce qui laisse présager des océans pratiquement vides dès 2048.

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Les méthodes de pêche ne détruisent pas que les poissons

Seaspiracy affirme également qu’il n’existe aucune industrie sur la planète qui a pris la vie d’autant de mammifères. Pourquoi ? En partie parce que les poissons sont élevés en si grand nombre, mais aussi parce que les méthodes utilisées par les pêcheurs pour attraper les poissons détruisent bien plus que ces derniers.

 

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Le documentaire montre que des méthodes telles que le « bottom crawling » décime les fonds marins. Cette méthode consiste à tirer de lourds filets sur les fonds marins et, selon le documentaire, elle détruirait environ 3,9 milliards d’hectares de fonds marins chaque année.

Seaspiracy. c. Courtesy of Sea Shepherd

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Même l’élevage crée des déchets

En explorant l’option de l’élevage de poissons comme alternative à la pêche sauvage, les réalisateurs du documentaire affirment avoir découvert qu’un seul élevage de saumons produit autant de déchets organiques que 20 000 humains. C’est beaucoup.

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Et cela entraîne de nouveaux problèmes

Outre les déchets, les réalisateurs du documentaire affirment également que 38 % des forêts de mangrove de la planète ont été pratiquement détruites par l’élevage de crevettes.

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Les articles ménagers en plastique ne sont pas le plus gros problème

Nous savons tous que les déchets plastiques tuent les récifs coralliens et étouffent la faune marine. Comme le dit le codirecteur Tabrizi dans Seaspiracy : « Un camion poubelle de plastique est déversé chaque minute dans l’océan et plus de 150 milliards de tonnes de microplastiques s’y trouvent déjà – ils [les microplastiques] sont désormais plus nombreux que les étoiles de la voie lactée ».

 

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Mais vous serez peut-être surpris.e d’apprendre que les pailles, bouteilles et sacs en plastique ne sont pas les pires contrevenants, ou du moins c’est ce qu’ils disent. Les réalisateurs du documentaire estiment que le principal problème de plastique de l’océan provient des filets de pêche et des déchets qui y sont régulièrement déversés. Apparemment, 46 % du total des déchets de ce que l’on appelle le « Vortex de déchets » du Pacifique nord proviennent des filets de pêche, alors que les pailles représentent 0,03 % du total quotidien de plastique de l’océan.

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Toute la faune marine est touchée

Toujours selon le documentaire, pas moins de 50 millions de requins sont capturés chaque année dans le cadre de ce qu’ils appellent des « prises collatérales », c’est-à-dire des prises accidentelles.

Il n’y a donc pas que le saumon et le cabillaud qui sont tués, mais aussi les requins et les dauphins, en grande partie sans raison. Cette situation est évidemment problématique car elle prive inutilement de vie, mais aussi parce que les requins et les dauphins sont essentiels à la fertilisation du phytoplancton.

 

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Et pourquoi le phytoplancton est-il important ? Le documentaire explique qu’il absorbe très bien le dioxyde de carbone, ce qui est essentiel pour réduire l’empreinte carbone de la Terre et ralentir le réchauffement climatique. Pour vous donner une idée, le phytoplancton absorberait quatre fois plus que la forêt amazonienne…

Seaspiracy. c. Courtesy of Sea Shepherd

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On ne peut pas forcément acheter en toute confiance

Vous optez toujours pour les étiquettes « sans danger pour les dauphins » ou « pêché de manière durable » sur vos achats de poisson frais ou en conserve ? Malheureusement, cela pourrait ne plus suffire, le documentaire révélant que la pêche est un problème tellement répandu que même les étiquettes indiquant que le poisson a été pêché de manière durable ne sont plus vraies.

Mark J. Palmer, de l’Institut Earth Island, qui apparaît dans le documentaire, a déclaré après sa sortie : « Lorsqu’on m’a demandé si nous pouvions garantir qu’aucun dauphin n’était jamais tué dans une pêcherie de thon, où que ce soit dans le monde, j’ai répondu qu’il n’y a pas de garanties dans la vie, mais qu’en réduisant drastiquement le nombre de navires qui chassent et capturent intentionnellement des dauphins au filet, ainsi que d’autres réglementations en place, le nombre de dauphins tués est très faible. »

 

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A propos de son intervention dans laquelle on l’entend dire : « Nous avons des observateurs à bord, mais les observateurs peuvent être soudoyés et ne sortent pas régulièrement », il se défend : « Le film a sorti ma déclaration de son contexte pour suggérer qu’il n’y a pas de surveillance et que nous ne savons pas si des dauphins sont tués. Ce n’est tout simplement pas vrai ».

« L’essentiel est que le label Dolphin Safe et les restrictions de pêche sauvent la vie des dauphins. Oui, la pêche commerciale est hors de contrôle dans de nombreux cas dans le monde entier. Mais le thon en conserve Dolphin Safe est bien plus protecteur des dauphins et des stocks de poissons cibles que la grande majorité des autres pêcheries. »

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« Durable » ne signifie pas nécessairement que c’est durable

Les directeurs de Seaspiracy estiment que la pêche durable n’existe plus – comme le dit María José Cornax, responsable des campagnes de pêche pour Oceana Europe. « Il n’existe pas de définition de la durabilité dans son ensemble pour les pêcheries… Le consommateur ne peut pas évaluer efficacement quel poisson est durable et quel autre ne l’est pas. Le consommateur ne peut pas prendre une décision éclairée à l’heure actuelle », partage-t-elle.

 

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Netflix

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L’esclavage est un problème

Vous serez peut-être choqué.e de lire ceci, mais à plusieurs reprises Seaspiracy affirme que le travail sur les bateaux de pêche est une forme d’esclavage moderne.

Des hommes qui ont travaillé sur des bateaux donnent des interviews anonymes et racontent comment ils ont été retenus contre leur gré, dans des conditions inhumaines.

 

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Les statistiques parlent d’elles-mêmes, les réalisateurs du documentaire établissant une comparaison entre le nombre de soldats américains morts au cours des cinq années de guerre en Irak et le nombre de travailleurs de la pêche morts au cours des mêmes cinq années – 4 500 contre 360 000 selon les rapports. Le capitaine Hammarstedt de Sea Shepherd partage cet avis : « [Ce sont] les mêmes groupes criminels qui sont derrière le trafic de drogue et la traite des êtres humains ».

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Alors, Seaspiracy dit-il 100% vrai ?

En bref : ne prenez pas tout ce que vous voyez à la télé pour acquis. Comme tout documentaire, Seaspiracy fait l’objet de critiques. Ses détracteurs affirment qu’il partage un point de vue biaisé et que certains faits ne sont pas corroborés.

Le biologiste marin Bryce Stewart a déclaré sur Twitter : « Ce documentaire met-il en lumière un certain nombre de problèmes choquants et importants ? Absolument. Mais est-il en même temps trompeur ? Oui. Il exagère régulièrement et établit des liens là où il n’y en a pas. De nombreuses séquences ont été clairement mises en scène et je sais qu’au moins une des personnes interrogées a été sortie de son contexte. Je pense que ce film fait plus de mal que de bien ».

Bien que Marie Claire ne puisse confirmer ou infirmer la véracité des affirmations du documentaire, ce que nous pouvons dire, c’est que la Terre a besoin de notre aide et qu’elle en a besoin rapidement. Choisissez de faire votre part de la manière qui vous convient le mieux – et si cela consiste à réduire votre consommation de viande et de poisson, tant mieux pour vous et pour la planète.

Article paru initialement sur marieclaire.co.uk

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Tags: Netflix, Océan.