Rencontre aquatique avec Requin Chagrin pour la sortie de leur deuxième album, Sémaphore
© Ella Herme

Rencontre aquatique avec Requin Chagrin pour la sortie de leur deuxième album, Sémaphore

Temps de lecture: 4 min

Après un premier album garage surf qui sent bon les vacances et les premières parties d’Indochine, Requin Chagrin, le petit groupe protégé de Nicolas Sirkis revient pour un second round plus mordant que jamais !

 C’est dans les eaux troubles et profondes que nous avons découvert une créature étrange et paradoxale. À mi-chemin entre le prédateur aux dents acérées et la proie un poil fragile, ce musicanimal que l’on appelle Requin Chagrin nourri à la new-wave,au yé-yé et à la  noisy-pop anglaise sort de son milieu presque abyssal pour nous envoyer son deuxième album, Sémaphore, en pleine gueule.

Attention, ne rodez pas trop près de ses titres envoûtants et de ses tonalités dream-pop au risque de vous faire croquer ! Mais finalement de cette bête hybride qui séduit le public et les critiques, c’est encore Marion, la chanteuse et créatrice du groupe qui en parle le mieux. Rencontre ! 

 

Ella Herme

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 On ne vous connaît pas encore très bien en Belgique, tu nous expliques un peu vos débuts ?

À la base, je suis plutôt la fille de l’ombre. Fin 2014, je faisais surtout de la batterie pour d’autres groupes comme Guillotines, mais mon instrument de prédilection c’est la guitare. J’ai eu envie d’autre chose, de me mettre à fond à la gratte et d’essayer de composer des chansons de A à Z avec paroles et chant. Je me suis procuré un vieil enregistreur cassette. Je sais, c’est étrange comme choix, mais ça m’a vraiment aidée à trouver mon style. Et puis j’aimais bien l’objet, la manière de s’en servir et la manière dont il captait le son, ce petit grain…

J’ai fait quelques maquettes dans mon coin et j’ai publié un premier titre, Adélaïde,  sur Internet. C’était un peu une bouteille à la mer parce que j’étais toute seule, je n’avais pas de groupe et même pas de nom de scène, mais ça a marché ! Je me suis entourée de musiciens et.. on a créé Requin Chagrin.

 

Justement, pourquoi ce nom, requin chagrin ?

Déjà, il faut avouer que je n’avais pas vraiment le temps de faire un choix… Je devais absolument trouver un nom et j’en voulais un composé. J’ai fait pas mal de recherches dans tous les sens et je suis tombée sur celui-ci qui s’avère être une vraie espèce de requin. Je me suis dit que ça collait bien à notre côté un peu plage. Puis c’est mignon et rigolo, ça me plaisait quoi !

 

Il y a aussi un petit côté mélancolique dans ce nom. D’ailleurs votre musique sent un peu le spleen parfois. Comment toi tu la définis ?

C’est vrai, mais ça dépend des morceaux. C’est très difficile de décrire ma musique. Si je devais mettre des mots dessus, je dirais déjà que c’est de la guitare, de la dream pop et puis il y a un côté surf, garage sunshine, mais qui est moins présent dans le second album, car j’avais envie de changer de mood.

 

 

Votre second album, “Sémaphore” est d’ailleurs l’un des albums les plus attendus selon les Inrocks et Telerama, pas trop de pression ?

Non, au contraire, je suis très contente ! J’aurais eu beaucoup plus la pression si j’avais envoyé mon album et que je n’avais eu aucun retour. Là je suis déjà heureuse de voir que ma musique parle à ces magazines-là et donc maintenant j’ai juste envie que ça parle à un public de manière générale et que cela se manifeste lors des concerts !

 

Justement, qu’est-ce qui t’excite le plus, la scène ou le studio ?

À la base le studio, car pour moi ça signifie surtout faire ma musique dans mon coin, m’éclater avec mes instruments et donc oui, j’étais plus à l’aise avec ça. La scène me stressait pas mal et c’était quelque chose d’assez compliqué à gérer pour moi, car même si je faisais des concerts avec des autres groupes auparavant, je ne chantais pas et donc je n’étais pas sur le devant de la scène ni le centre d’attention. Mais bon, aujourd’hui grâce aux premières parties d’Indochine ça va beaucoup mieux et j’ai même hâte de partir en tournée.

 

Ça fait quoi d’être la petite protégée de Nicolas Sirkis ?

Indochine c’est mon adolescence. C’est ma première découverte musicale vraiment à moi et non pas à mes parents. Je me souviens surtout des premiers titres parce que j’avais leur album Best Of que j’écoutais tout le temps. Et encore maintenant, je prends du plaisir à m’attarder sur leurs pures sons de guitare. Du coup, faire les premières parties d’Indochine c’était énorme ! Jouer devant autant de gens, rencontrer un autre public, remplir des salles, sortir de nos habitudes…

Et puis il faut savoir que le public d’Indochine est hyper bienveillant vis-à-vis des groupes que Nicolas présente que ce soit sur le label ou pendant ses premières parties. Désormais on a une partie des fans d’Indochine qui nous suivent aussi !

 

Une carrière comme Indochine, tu y penses ?

Pour le moment, j’ai encore beaucoup de mal à me projeter, surtout dans des trucs énormes comme ça, mais si ça arrive je ne vais pas refuser !

 

Du coup plutôt groupe de niche que grand public ?

Pour le moment je n’y pense même pas, je fais de la musique, c’est ça qui me fait vibrer. Après évidemment j’ai envie que cette musique soit entendue et bien accueillie par le public, mais je ne me dis jamais “Il faut absolument que je fasse un refrain qui claque pour que ça parle à tout le monde”. On verra sur scène si le public nous suit !

 

 

So, prête pour votre tournée ?

Oui ! On a une tournée prévue en France, mais j’aimerai bien voir d’autres horizons et jouer à l’étranger dans des pays comme l’Espagne par exemple. Dans tous les cas, j’aimerais bien faire plein de concerts !

 

Last but not least, si on ne devait écouter qu’une chanson de ce nouvel album ?

 Sémaphore c’est un peu mon titre chouchou… Mais dans un autre format, j’adore aussi Le Grand Voyage. Du coup kif-kif entre les deux, débrouillez-vous ! (rires)

 

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Eloïse Pirard Voir ses articles >

Kid des années 90 complètement addict à l'art et aux voyages. Mal à l'aise en présence des chats et des personnes qui les adorent.

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