Brooke Erin Duffy, est chercheuse à l’université de Cornell à Ithaca dans l’Etat de New York. Après avoir interrogé de nombreuses influenceuses, elle a publié un livre sociologique de plus de 300 pages intitulé « (Not) Getting Paid to Do What You Love« . Son étude explique l’envers du décor sur le métier d’influenceuse; un métier qui en fait rêver bien plus d’une.
Chapitre 1: un stage non rémunéré
Il n’y a pas de formules magiques, comme peuvent le laisser croire de nombreux articles promettant les clés pour un succès rapide sur les réseaux sociaux, la réussite d’une influenceuse est bien souvent née d’un investissement personnel conséquent.
La chercheuse américaine compare ce phénomène à celui du stage non rémunéré: « On espère qu’en s’investissant énormément maintenant, on sera récompensé plus tard avec un job glamour et fantastique. Mais la réalité est beaucoup plus dure concernant le nombre de fois où cet investissement personnel se transforme en un véritable emploi à plein temps.«
Combien de Chiara Ferragni ou de Aurela (belge) pour le nombre de personnes qui tente de se lancer sur Instagram, sur Youtube ou dans le blogging ? D’autant plus qu’une fois que les marques se manifestent pour des partenariats, tout est loin d’être gagné! Les contrats reposant principalement sur des récompenses matérielles plutôt que financières (du moins au début).
Chapitre 2: influenceuse, un réel métier
Dans ses recherches, l’Américaine pousse le raisonnement encore plus loin en comparant l’activité d’influenceuse avec celui de « femme ». Brooke Erin Duffy explique: « Le travail des femmes est une forme de travail invisible qui n’est pas reconnu et ne donne pas droit à une compensation. S’occuper des enfants et des tâches domestiques sont des activités que les femmes font de façon inhérente et pour lesquelles elles sont naturellement douées.«
Elle continue: « Nous voyons maintenant l’origine de cette dévalorisation du travail dans l’économie des médias sociaux. Je vois ces investissements de temps et d’énergie comme une forme de travail mais bien souvent ils ne sont pas vus comme tel, ils sont vus comme des loisirs, comme amusant, comme quelque chose qui ne devrait pas être matériellement indemnisé.«
En ne voyant que la photo finale sur Instagram, peu sont ceux qui s’imaginent la quantité de travail qui se cache parfois en amont. La blogueuse belge, Milkywaysblueyes réagit justement à ce sujet dans un récent article sur son blog: « Quand on est blogueuse et qu’on a réussi à en faire son métier, l’aspect des photos publiées est ultra important (…) Une photo Instagram publiée par une blogueuse professionnelle, ça comptabilise parfois presque une journée de travail derrière. 3h de temps rien que pour produire la photo, une heure de retouches (…) Vient ensuite la rédaction du texte qui accompagnera la photo ou l’article. Bien évidemment pour une photo Instagram, ça va relativement vite, mais c’est autre chose pour un article de blog, la rédaction peut prendre plusieurs jours. (…) Mais attendez, ça fait combien d’heures de travail pour cette photo Instagram, cet article? Presque 4h30 pour une photo Instagram et presque 10h pour un article de blog? (…) On ne vous demande pas de nous plaindre, loin de là, bien évidemment on travaille dans un milieu de rêve, on traverse des dizaines de pays grâce à notre métier, mais il n’empêche que l’on a droit d’avoir du RESPECT pour ce que l’on fait »
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