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Interpellée par un « Hé mademoiselle t’es charmante », accostée à l’arrêt de bus, sifflée dans la rue, frôlée dans le métro, suivie en rentrant de soirée… En Belgique, 98% des femmes ont déjà vécu au moins une fois ce genre de comportements, d’après une enquête réalisée auprès de plus de 3000 femmes par JUMP, l’organisation bruxelloise de promotion de l’égalité de genre.
Qu’est ce que c’est ?
Comme définit sur le site stopharcelementderue.org, le harcèlement de rue ce sont les comportements adressés aux personnes dans les espaces publics et semi-publics, visant à les interpeler verbalement ou non, en leur envoyant des messages intimidants, insistants, irrespectueux, humiliants, menaçants, insultants en raison de leur sexe, de leur genre ou de leur orientation sexuelle.
Concrètement, cela peut se traduire par des sifflements ou des commentaires sexistes, des interpellations, des insultes et parfois même des attouchements…
Drague ou harcèlement, quelle différence ?
La différence fondamentale entre la drague et le harcèlement, c’est le CON-SEN-TE-MENT. À partir du moment où vous demandez à quelqu’un de cesser un comportement qui vous dérange et qu’il persiste, cela devient du harcèlement.
Malheureusement, beaucoup de personnes ne font pas la différence entre les deux. Et souvent, vous entendrez des excuses comme « mais t’exagères il voulait juste de te draguer » pour justifier de tels comportements qui sont en réalité inexcusable. En minimisant le harcèlement de rue, on déresponsabilise les auteurs et on reporte la faute sur la victime.
L’ASBL bruxelloise Touche Pas à Ma Pote lutte contre ce genre de comportements sexistes. Elle a récemment mis en place une campagne Her Street View qui permet d’expérimenter le quotidien des femmes harcelées en rue et les insultes auxquelles elles font face.
Les Femmes Prévoyantes Socialistes proposent le « petit guide illustré du respect dans la rue (ou ailleurs) » qui s’adresse aux victimes, mais aussi aux témoins de harcèlement dans l’espace public et à toute personne qui s’interroge le sujet du sexisme ordinaire.
Comment réagir ?
Face au harcèlement de rue, chacune réagira à sa manière. Certaines choisiront de détourner le regard, d’autres s’armeront de leurs écouteurs pour feindre de ne rien entendre, d’autres encore répondront par l’absurde. C’est à chacune de trouver l’option qui lui convient le mieux.
Il y a quelques semaines, l’association Vie Féminine a organisé à Mons un atelier d’improvisation autour de l’autodéfense verbale. Cette technique, dont l’objectif est de faire cesser le comportement de harcèlement, consiste en 3 étapes :
- Décrire la situation: « Tu as la main sur ma cuisse »
- Décrire son sentiment: « Je n’aime pas ça »
- Donner un ordre: « Tu l’enlèves »
Cette méthode en 3 temps « voir/juger/agir » ne laisse aucune place à la discussion. La victime prend ici le pouvoir et ordonne que le comportement s’arrête sur-le-champ.
Par ailleurs, de nombreuses applications se développent pour assurer la sécurité des femmes lorsqu’elles sont en rue : Companion, Qwidam, Handsaway, App-elles …
De plus, si vous êtes témoin d’une scène de harcèlement de rue, n’hésitez pas à réagir. Par exemple, en vous adressant directement à la victime (« Ah tiens Julie je ne t’avais pas reconnue ça va?! »), ce qui perturbera l’agresseur. Trop souvent, on assiste à des scènes où une fille se fait harceler dans un métro bondé et personne ne lui vient en aide. Si vous ne vous sentez pas capable de réagir toute seule, n’hésitez pas à demander de l’aide à une autre personne présente. Après tout, la devise de notre pays n’est-elle pas l’Union fait la Force ?
Et la loi dans tout ça ?
En Belgique, depuis 2014 une loi vise à lutter contre le sexisme dans l’espace public. Si cette loi a le mérite d’exister, elle n’est malheureusement pas encore au point. Son principal défaut étant que c’est à la victime d’apporter une preuve du harcèlement. Or, dans les faits, il est très compliqué de démontrer qu’un individu vous a insultée ou suivie jusqu’à votre domicile.
Mais en réalité, une femme sur deux ignore l’existence de cette loi. De nombreuses femmes ne savent pas que les comportements sexistes constituent de véritables délits et qu’elles peuvent porter plainte contre ces agressions. Par conséquent, trop peu d’agissements sexistes sont aujourd’hui dénoncés.
S’il est vrai qu’il y a encore quelques années, on ne parlait même pas de harcèlement de rue, le combat n’est par terminé pour autant. Il est aujourd’hui primordial de continuer à en parler pour arrêter de banaliser cette réalité à laquelle les femmes sont encore trop souvent confrontées.
Pour plus d’articles sur les combats de femme, c’est par ici.
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