IVG : la situation est de pire en pire aux États-Unis
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IVG : la situation est de pire en pire aux États-Unis

Par Charlotte Verbruggen
Temps de lecture: 3 min

En juin 2022, la Cour Suprême a révoqué l'arrêt Roe v. Wade qui protégeait le droit à l'avortement depuis 1973 aux États-Unis. Depuis cette décision, les Américaines ont vu leur accès à l'IVG se restreindre de jour en jour.

Plus que jamais, les politiques « pro-life » gagnent du terrain. Un à un, les États conservateurs mettent tout en œuvre pour interdire complètement l’avortement. Toutes les nouvelles restrictions qui sont mises en place mettent en danger les vies de milliers d’Américaines*. Car oui, qui dit interdiction de l’avortement, dit IVG clandestins dans des conditions parfois abominables. On vous a fait le point sur les dernières offensives conservatrices qui ont fait scandale.

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La peine de mort pour les femmes qui avortent envisagée en Caroline du Sud

Chaque jour qui passe nous rapproche un peu plus du scénario de The Handmaid’s Tale. De vieux messieurs en costumes sont bien déterminés à s’allier pour empêcher les femmes d’avoir recours à l’IVG. Le dernier en date à pousser le bouchon trop loin est Rob Harris, pourtant anciennement infirmier. Ce représentant républicain du Congrès local de Caroline du Sud est à l’origine d’un projet de loi qui pourrait condamner à la peine de mort une femme qui décide d’avorter sans exception en cas de viol ou d’inceste. Le texte n’est pas directement écrit de la sorte, mais ça ne change en rien les conséquences.

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En fait, ce que le représentant souhaite, c’est qu’un fœtus soit reconnu comme une personne dès « le moment de la fertilisation ». Donc, si tel est le cas, les femmes qui avortent se rendront coupable d’homicide. Une infraction qui est passible de la peine de mort en Caroline du Sud. Si cette loi passe, l’Amérique va plus que jamais ressembler au monde dystopique décrit par Margaret Atwood dans son roman La Servante écarlate. Le Seattle Times se veut tout de même rassurant et précise que si énormément de projets de loi sont déposés chaque année, très peu atteignent la ligne d’arrivée.

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Interdiction de la pilule abortive dans le Wyoming

Vendredi 17 mars est devenu un jour bien triste pour les femmes du Wyoming. L’État est le premier du pays à avoir spécifiquement interdit la pilule abortive. Ce, indépendamment d’une interdiction totale. Ce qui revient tout bonnement et simplement à narguer les personnes souhaitant avorter sur le sol du Wyoming. D’autres Etats envisagent des mesures similaires, mais, bien souvent, couplées À plus d’interdiction. Le Texas en fait partie. Pour le moment, le Wyoming est le premier des États conservateurs à avoir réussi à aller si loin.

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Si cette décision, du gouverneur Mark Gordon, empêche davantage les femmes de disposer de leur corps, les « pro-choice » ne s’avouent pas vaincus. Un groupe de prestataires de soins de santé et des fonds d’avortement a intenté un procès pour bloquer l’interdiction de l’IVG dans le Wyoming. Ce même groupe a également démarré une action pour contester cette loi sur les pilules abortives qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet prochain. Tout est donc encore possible.

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La situation de l’IVG sur l’ensemble du territoire

Depuis moins d’un an, de nombreux États ont mis en place des lois pour limiter, voir interdire, l’avortement. Le New York Times a mis au point une carte interactive qui est mise à jour régulièrement et qui permet de suivre l’évolution de la situation. Actuellement, l’interdiction totale est en vigueur dans 13 États. Quatre autres ont introduit une limite gestationnelle à partir de laquelle il n’est plus possible de recourir à une IVG.

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Dans huit États, dont l’Utha qui est le premier État à interdire les cliniques d’avortement, les lois qui interdisent l’accès à l’IVG sont pour le moment bloquées grâce à des juges et associations de personnes qui se battent sans relâche pour protéger les droits des femmes. Dernière bonne nouvelle, heureusement, pas moins de 20 États se sont rangés du côté de la liberté depuis l’annulation de l’arrêt Roe v. Wade. Ces derniers ont décidé de mettre en place des lois pour protéger davantage ce droit, conscients de ce qui est en train de se jouer.

 

*À savoir : certaines personnes possèdent un utérus, mais ne se reconnaissent pas dans le terme « femme ». Pourtant, elles sont également mises à mal par les restrictions autour de l’accès à l’IVG aux États-Unis. C’est le cas de certains hommes transgenres et de certaines personnes non-binaires.

 

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Tags: Etats-unis, Féminisme.