Pourquoi donne-t-on le nom de famille du père ?
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Pourquoi donne-t-on le nom de famille du père ?

Par Irène Sulmont
Temps de lecture: 2 min

Aujourd'hui en Belgique, comme le veut la tradition, la filiation reste masculine. En effet, en 2021 dans 91%(*) des cas, le nom du père reste choisi. Si le nom de famille a une grande valeur symbolique, il existe (encore) une vision traditionaliste dans l'attribution des patronymes. Décryptage d'un phénomène de société patriarcal.

Une tradition inégalitaire

Dans une société où les questions d’égalité des sexes progressent rapidement en un demi-siècle, le phénomène persiste de façon inébranlable. Par définition étymologique, « patronyme » d’origine grecque, renvoie au nom de famille transmis par un ancêtre mâle. Malgré l’émergence des femmes sur le marché du travail, la chute de l’institution du mariage et la démultiplication des naissances hors mariage… la transmission du nom de famille reste masculin.

Pourtant, donner automatiquement le nom du père à un enfant peut engendrer des effets néfastes pour la mère. À titre d’exemples : après un divorce ou lorsqu’elle vit en union libre. Certaines démarches administratives sont compliquées. Prouver le lien de parenté pour récupérer l’enfant à la sortie de l’école ou encore l’emmener en voyage. Cela nécessite de se munir d’un livret de famille pour ces moments quotidiens anodins.

 

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La loi en vigueur en Belgique

En Belgique, depuis le 1er juin 2014, les parents peuvent donner à leurs enfants le nom du père et/ou le nom de la mère ou une combinaison des deux noms, dans l’ordre qu’ils souhaitent. Le nom est choisi au moment de la déclaration de naissance. Depuis le 1er janvier 2017, en cas de désaccord, l’enfant porte les noms du père ou de la co-parente et de la mère accolés par ordre alphabétique dans la limite d’un nom pour chacun.**

 

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À l’échelle européenne, une décision rendue par la Cour européenne des droits de l’homme en 2021 souligne que cette démarche constitue une “différence de traitement”. Les femmes en seraient les premières victimes. En effet, elle juge discriminatoire l’attribution automatique du nom du père aux nouveau-nés. En France, le collectif « PorteMonNom » a convaincu en 2022, le gouvernement à réviser la loi de 2002 sur le nom de famille et faire du double nom le choix par défaut. La loi entrera en vigueur en juillet 2022. Un vent féministe souffle sur cette tradition datant du moyen-âge !

*Selon les journaux du groupe Mediahuis en 2021.

**Selon le service public fédéral de justice belge.

 

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