Naomi Goodsir ou l’excellence de la parfumerie fine
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Naomi Goodsir ou l’excellence de la parfumerie fine

Par Marie Triolo
Temps de lecture: 4 min

Elle n’avait jamais pensé à créer des parfums. Et pourtant, aujourd’hui la modiste australienne Naomi Goodsir incarne une référence dans les mondes de la parfumerie fine et alternative. Que l’on aime ou pas, ses parfums ne laisseront personne indifférent.

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Si vous croisez Naomi Goodsir, il est impossible qu’elle passe inaperçue, tant elle incarne l’élégance et le raffinement. D’abord connue pour ses chapeaux et autres accessoires couture, c’est avec le Nuit de Bakélite, parfum multi-primé en 2018, qu’elle s’est taillée une place de choix dans l’univers de la parfumerie fine. Car c’est une artiste qui ose, sans appréhender l’éventuelle incompréhension du public. L’esprit de ses parfums s’inscrit dans cette même démarche et dans la lignée des maisons de parfums indépendantes. C’est une marque de créateur, aux compositions originales et uniques. Attachant autant d’importance aux savoir-faire qu’à l’inspiration, Naomi Goodsir s’est entourée de talentueux parfumeurs, tels que Julien Rasquinet (Frederic Malle), Bertrand Duchaufour (Comme des garçons) et Isabelle Doyen (Annick Goutal) pour créer ses six eaux de parfums.

Fermez les yeux, créez votre propre imaginaire avec ce qui est train de chatouiller vos narines car ses fragrances sont une invitation au voyage et à la découverte.

Une ode à la parfumerie fine

Avec ses parfums, Naomi Goodsir a voulu opérer un retour à l’essence même de la parfumerie. Au départ : une matière brute, emblématique de la parfumerie fine, comme le cuir, l’encens, l’iris, le tabac ou encore la tubéreuse. La créatrice explique avoir « accès à des ingrédients uniques produits en très petites quantités, comme le styrax (qui dégage une odeur d’encens brûlé) pour ne citer que lui. Les grandes maisons n’utilisent pas ces matières car ils souhaitent distribuer leurs parfums en grande quantité ».

Puis, c’est tout le travail d’association olfactive qui se met en place. « Les matières premières sentent mauvais au départ. C’est l’association de tous les autres ingrédients qui en font des bijoux, comme mettre un jean légèrement usé avec une belle chemise en popeline blanche. Le choc des cultures fait la beauté du parfum : le brut de la matière première associée à la beauté et la pureté des fleurs et autres ingrédients ». Très inspirée par les senteurs boisées et fumées, les parfums de Naomi Goodsir appartiennent pour la plupart à la famille des orientaux (plutôt appelés les ambrés aujourd’hui).

 

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Les associations sont audacieuses et élégantes, et reflètent la folie, le chic et la fantaisie dont la modiste australienne a le secret. C’est un processus créatif méticuleux, où « la difficulté réside dans le fait d’expliquer et de créer quelque chose que l’on ne voit pas. Les odeurs sont invisibles, c’est ce qui fait leur charme. Le parfum est un accessoire indispensable mais immatériel. Pour créer un chapeau, je peux dessiner, me baser sur mes croquis, toucher les matières. Pas pour le parfum. Quand je crée un parfum, je pars d’une page blanche. Nous ne piochons pas dans une librairie olfactive préexistante ». Tous ses parfums résultent d’un long travail de recherche, allant parfois jusqu’à 800 essais avant d’obtenir la version finale.

 

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Less is more

Les parfums arborent un packaging très sobre et les bouteilles ne font que 50ml. Un choix délibéré de la part de Naomi Goodsir : « Il ne fallait pas en faire trop, dans la logique que le parfum se suffit à lui-même. Pas besoin de fioriture avec un packaging trop lourd. Je souhaitais également qu’on puisse apprécier la couleur naturelle du jus. De plus, il faut vaporiser très peu de produit et ce petit format permet d’emporter son parfum partout ».

Raconter des histoires grâce à la parfumerie fine

Les fragrances de Naomi Goodsir racontent des histoires, empruntées à des souvenirs, des voyages ou des hasards. Par exemple, avec Cuir Velours, l’inspiration est venue d’un gant oublié sur un banc au Palais Royal à Paris. Un gant masculin qui sentait légèrement le tabac et le rhum. Avec Bois d’Ascèse, Naomi Goodsir rend hommage à son enfance australienne, en évoquant une chapelle nichée au milieu des collines de la Nouvelle-Galles du Sud. Avec sa dernière création, Corpus Equus, elle s’est inspirée de son passé de cavalière et du cheval qu’elle montait étant plus jeune. « C’est un hommage à ce cheval fort et impétueux. J’ai souhaité retranscrire l’odeur de la selle d’équitation chaude, frottée au corps de l’animal. Je me suis également inspirée du travail artistique de Pierre Soulages, un peintre réalisant des tableaux noirs en acrylique et qui joue sur les différents reflets ». Et ses histoires n’ont pas de sexe puisque tous les parfums sont genderless. « J’estime que c’est le marketing qui a voulu attribuer une odeur à un sexe. Le parfum est une expression personnelle, j’y raconte quelque chose, cela n’a rien de genré ».

Où s’en procurer ?

En Belgique, ses six parfums sont uniquement disponibles à la boutique Senteurs d’ailleurs à Bruxelles. Nous vous conseillons d’aller les sentir directement en boutique, même s’il est également possible de commander via son site officiel. De plus, vous bénéficierez d’une expérience client personnalisée. Car les parfums de Naomi Goodsir sont des bijoux qui demandent du temps pour apprécier les notes de tête, de cœur et de fond. Ce n’est pas au bout de deux minutes que vous vous ferez un avis sur ces parfums. En tout cas, une chose est sûre : si vous craquez, personne ne sentira comme vous.

 

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