Mystère : le nouvel album de La Femme
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Mystère : le nouvel album de La Femme

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Trois ans après “Psycho Tropical Berlin”, La Femme, groupe de rock psyché le plus attendu de la scène française revient avec « Mystère », un second album déjà encensé. En plein cœur de Bruxelles, rencontre décontractée avec Marlon (clavier et chant), Clémence (clavier et chant) et Nunez (percussions).

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C’est dans un café sur la place du Jeu de Balle que La femme a choisi de se livrer à l’exercice de l’interview. Ils connaissent bien le quartier. Nunez a l’habitude de venir boire des verres sur cette place et tous aiment y flâner pour faire un peu de shopping. Ils sont chargés de quelques sacs et montrent tour à tour leurs derniers achats.

Accoudé à une longue table à tréteaux, Marlon, fondateur du groupe à la crinière peroxydée, m’invite à les rejoindre. L’ambiance est détendue, ils sont en promotion depuis déjà quelques heures mais ils m’affirment tous ne pas être las de se répéter. La serveuse débarrasse un peu la table pleine de verres à moitié vides et l’entretien peut alors commencer.

Lors de vos précédentes interviews, vous disiez hésiter entre Jazz, Pénétration, Pure vibes ou encore “album de chansons”, pourquoi avoir finalement choisi “Mystère” comme titre d’album ?

  • Marlon : En fait on n’a pas réussi à se mettre d’accord et du coup, « Mystère » c’est un peu le nom fourre-tout qui passe bien.
  • Nunez : En plus c’est cool car c’est un nom qui convient bien à la pochette de l’album.

Justement, j’ai remarqué que vous aviez collaboré avec un nouvel artiste pour la pochette

  • Marlon : Oui Libérator je ne sais pas si tu connais.. On aime cet artiste depuis qu’on est tout petit alors c’est vraiment cool de pouvoir travailler avec lui.

Vous n’êtes plus un petit groupe underground qui monte, désormais vous êtes l’avenir du rock selon “les Inrocks”. Quitter un public de niche pour toucher une audience plus large est-ce une évolution naturelle ou une envie de la Femme ?

  • Marlon : Je dirai les deux. C’est un chemin naturel et en même temps une envie depuis le début de toucher un large public, de voyager partout dans le monde et de faire des bons albums. Quand on nous dit qu’on est l’avenir du rock, cela nous fait vachement plaisir ! On sait que c’est peut-être un peu exagéré pour certaines personnes… Il y en a pour qui ce titre sonne vrai mais il y en a qui ont d’autres goûts et qui ne vont pas aimer.. mais, clairement, on espère toucher un maximum de public tout en restant nous-mêmes et en faisant notre propre musique.
  • Nunez : Oui pour certains, on ne sonne pas assez rock. «On est pas des vrais ».

Côté image, on vous décrit souvent comme étant un groupe représentatif de la nouvelle génération, de la jeunesse actuelle.. Comment le prenez-vous ?

  • Nunez : Ils ont dit ça ?
  • Marlon : On le prend un peu de la même manière que lorsqu’on nous dit représenter le renouveau du rock. On sait qu’on parle à certaines personnes et ça nous fait plaisir mais il y en a d’autres qui ne se retrouvent pas du tout en nous, qui sont dans d’autres délires et qui s’en fichent de nous.
  • Clémence : Et puis, il n’y a pas que nous, il y a plein d’autres artistes qui représentent les jeunes.
  • Nunez : Mais, pourquoi pas une jeunesse qui vit sa vie et qui s’éclate.. On parle à différentes classes : il y a autant de rappeurs que des mecs en mode électro ou des gars en école de commerce ou même, qui font du cheval ! C’est un gros mix de tout.

Et en ce qui concerne l’enregistrement, après des débuts sans faute et une premier album encensé, aviez-vous la pression en studio pour le second ?

  • Marlon : C’était comme pour le premier, on avait autant de pression et juste l’envie de faire un bon album. Peut importe ce qu’on allait en faire, on voulait qu’il soit bon et qu’il nous plaise à nous.

Il y a clairement une effervescence autour de « Mystère », comment vivez-vous cette excitation ?

  • Marlon : On est très contents. C’est cool et ça nous fait vraiment plaisir car ça fait deux ans qu’on bosse là-dessus.
  • Nunez : En plus, on voyage beaucoup. Là, on va préparer une tournée en Amérique du Sud et aux Etats-Unis.

Quelles sont les différences entre vos deux albums ? Au niveau des sonorités, quelles étaient vos inspirations pour « Mystère » ?

  • Clémence : on est parti vers d’autres directions assez naturellement.
  • Marlon : on est parti sur des trucs plus orientaux, plus folk, du zouk aussi et un peu de cumbia. On avait toujours cette envie de faire un bon album et surtout qui nous plaise. Ça, c’était vraiment notre seule ligne directrice, notre but.

On parle souvent de vos influences musicales assez éclectiques, mais à côté de la scène, qu’est-ce qui vous inspire quand vous écrivez, chantez ou produisez un album ?

  • Marlon : On s’inspire énormément des œuvres d’art, de l’actualité, de l’amour, des ressentis, des expériences, de la fête et des soirées.

Justement, vous abordez des thématiques récurrentes comme la fête, l’aspect cosmique psychédélique ou encore les histoires d’amour qui finissent mal, pourquoi cette trame ? Etait-ce dans un souci de continuité ?

  • Marlon : Oui, la trame c’est ce qu’on a vécu plus ou moins… ce qui était donc plus facile et plus direct pour en parler.

Au niveau des clips également vous voulez suivre une certaine cohérence ?

  • Marlon : Oui, et comme on réalise les clips nous-mêmes il en ressort une certaine cohérence. On adapte également la vidéo à la musique, à ce qu’elle dit, aux images qu’elle véhicule.

C’est vrai que vous réalisez vos clips vous-mêmes… Celui de Sphynx devait être un fameux budget? 

  • Marlon : Oui on avait plus de sous après, mais on réalise toujours nos clips nous-mêmes. Le clip de « Où va le monde » est différent mais il est hyper rigolo et ça nous permettait de montrer un autre visage du groupe.
  • Clémence : A chaque fois, on monte une équipe nous-mêmes et on invite notre entourage et nos proches.
  • Marlon : En général, quand on invite des chanteuses c’est souvent des personnes plus ou moins proches mais pas toujours. Par exemple, on a découvert Battista Acquaviva qui a chanté sur Psyzook via The Voice. Il y a toujours des nouvelles collaborations qui sont possibles.

En parlant de ce que votre musique véhicule : dans la chanson « Nous étions deux » de votre premier album, vous disiez « être cocu c’est pas la mort », et avec  Mystère, dans « où va le monde », vous répétez qu’« être cocu ce n’est pas si grave », pourquoi cette attitude nonchalante et fataliste face aux histoires d’amour ?

  • Marlon : je ne sais pas si on se répète mais on dit juste que l’amour c’est pas grave. Parfois tu es triste car tu as un chagrin amoureux mais il y a des choses tellement plus graves dans la vie.

Vous le vivez réellement comme ça ?

  • Clémence : Non on ne le vit pas comme ça mais c’est un message. Il faut se le dire et se motiver.
  • Nunez : il faut te le dire sinon tu ne t’en sors pas.
  • Marlon : Finalement, c’est une partie de l’album qui est assez triste et cela peut parler aux personnes qui ont vécu ce genre d’expériences. C’est aussi un moyen de les faire passer à autre chose et de leur changer les idées…

Parlons scène, vous partez bientôt en tourner avec les Red Hot Chili Peppers pour assurer la première partie de leurs concerts en Europe, comment cette rencontre a-t-elle été possible ?

  • Marlon : On a un pote de longue date, grand photographe de mode, David Mugigan qui se trouve être également l’ami des Red Hot. Il les suit depuis longtemps, il fait des clips sur eux et il nous a présenté une fois à une soirée. Je pense qu’il a dû parler de nous pour la première partie et Anthony Kiedis, le chanteur a vachement aimé. On est très contents car c’est un groupe qui nous inspire beaucoup. Aujourd’hui, il a peu de groupes de rock qui sont toujours aussi énormes et d’actualité.

C’est stressant de faire la première partie d’un groupe aussi mythique ?

  • Nunez : Même un groupe aussi fat, tant que je n’y suis pas, je ne peux pas m’en rendre compte.
  • Marlon : Oui c’est stressant. Il ne faut pas les décevoir.
  • Nunez : En fait, c’est un peu comme lorsqu’on passe à la télévision… Moi, je suis toujours en panique. Je trouve que c’est encore plus stressant de se retrouver sur un plateau pour la télé que d’être devant vingt mille personnes à Rock en Seine. La télévision c’est un autre délire, tu ne peux pas vraiment contrôler.
  • Clémence : Souvent je le remarque: moins il y a de public et plus c’est stressant.

D’ailleurs en parlant de télé, vous étiez invités à jouer pendant l’émission « Quotidien » de Yann Barthès, comment ça s’est passé ?

  • Clémence : Là c’était de la télé en effet mais, c’était plus facile car le public s’est levé et a formé une sorte de scène devant nous. Cette disposition était un peu plus fun. En plus, Yann Barthès nous a vraiment mis à l’aise. L’ambiance était plutôt détente. C’était assez cool.

Bientôt vous venez jouer chez nous, notamment le 18 novembre au Botanique. Vous le trouvez comment le public belge ?

  • Clémence : Moi je le trouve super et très spontané. Chaque fois qu’on vient en Belgique, on fait vraiment des bons concerts.
  • Nunez : Il est plus détente que le public français.
  • Marlon : Et en plus ici, ils ont un accent ! On sait qu’on peut faire des blagues et c’est cool les gens sont détendus. Les belges ont moins un balai dans le cul quoi.

Nunez griffonne depuis quelques minutes sur un bout de papier et commence à déconcentrer Marlon qui demande à son tour pour dessiner. Je sens que je commence à perdre leur attention et pose alors ma dernière question.

Si on ne sait pas « où va le monde », où va La Femme en 2016 ?

  • Marlon : On part en tournée et sinon on aimerait bien faire des films, continuer à faire des clips, faire Paris – Biarritz à pieds et puis enregistrer un album assez vite.

En les quittant, je leur souhaite de bien profiter de la capitale mais, ils m’expliquent que leur séjour en Belgique sera de courte durée. En effet, ils repartent le soir-même à Paris.

Néanmoins, La Femme, mystérieuse et insouciante reviendra bientôt dans notre plat pays. Le groupe des six et ses mélodies entêtantes seront sur scène dès le 18 novembre au Botanique. En attendant, leur second album est déjà disponible sur les plateformes de téléchargement et dans les bacs.

Eloïse P. (stagiaire)