Pour rappel, cette pub Dove montre une femme noire retirer son t-shirt et devenir blanche. Beaucoup de gens se sont arrêtés là. Sauf que la vidéo continue, la femme blanche enlève son t-shirt à son tour et devient métisse et ainsi de suite. Deux captures d’écrans côte à côte et un tweet plus tard, on a une polémique. Qu’il est simple de manipuler les images.
Ce type de controverse fait bien sûr les affaires des médias les jours de vache maigre, mais alimente surtout les trolls, nouveaux rois d’internet. C’est quoi un troll? Non ce n’est pas un porte-clés moche de petit bonhomme aux cheveux roses.
Wikipédia, qui a toujours raison vu que c’est écrit sur internet, nous dit: « un troll caractérise ce qui vise à générer des polémiques. Il peut s’agir d’un message, d’un débat conflictuel dans son ensemble ou de la personne qui en est à l’origine. Ainsi, « troller », c’est créer artificiellement une controverse qui focalise l’attention aux dépens des échanges et de l’équilibre habituel de la communauté. »
Les motivations des trolls peuvent varier et vont de la simple plaisanterie au réel plan d’action: en trollant, on appuie sur les clivages et on renforce les divergences de points de vue. Certains trolls le font pour passer le temps, d’autres pour se donner de l’importance, mais de plus en plus de gens trollent pour discréditer une personne, une marque ou une organisation. Une personne crie « au loup! » et tout le monde suit, sans prendre la peine de s’intéresser à celui qui a crié en premier.
Des sujets de société aussi importants que le racisme ou encore le sexisme méritent mieux, non?
Je pourrais arrêter d’écrire ici, vous voyez où je veux en venir. Sauf que non, car ce sont ces mêmes trolls qui amplifient les polémiques, donnant trop d’importance à des avis au détriment des faits et des problèmes de fond. Pendant que l’on insulte l’équipe marketing de Dove, on ne parle pas du reste. Forcément, ça fait moins vendre.
Nous sommes à l’ère de la post-vérité, qui donne donc plus d’importance à l’avis des gens qu’aux faits, et des fake news, rendues tristement populaires grâce au Master Troll Donald Trump. Car oui, gagner l’élection présidentielle des Etats-Unis en ne faisant que troller, c’est un art. Il est donc plus que jamais crucial de ne pas s’engouffrer dans chaque semblant de polémique que l’on croise. Cette volonté d’y aller de son grain de sel, d’apporter sa petite pierre à l’édifice, aveugle souvent la personne qui nourrit le troll.
A l’école, on nous a appris à distinguer les sources d’information. En 2017, on a l’impression que le monde entier a oublié cette notion de source. Se pencher sur ce que raconte l’info c’est bien, mais s’intéresser au contexte de cette info et à qui raconte l’info devrait être l’étape suivante pour tout le monde. Ensuite vient le moment de recouper les sources pour se faire une idée des différentes façons dont on peut interpréter une même information. Oui, ça demande plus d’efforts que de cracher son indignation en 140 (et bientôt plus, malheur!) caractères.
Alors, la prochaine fois que vous tombez sur une polémique, petite ou grande, avant de prendre votre clavier pour clouer le bec à ceux qui ne pensent pas comme vous ou relayer une information dont vous n’êtes pas sûr de la véracité, respirez un grand coup et posez-vous les bonnes questions.
Mais jamais au grand jamais il ne faut nourrir le troll, sous peine de finir dirigés par l’un d’eux.
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