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Un documentaire sur un festival raté? Rien de palpitant sur papier. Mais ajoutez à l’intrigue un organisateur star (Ja Rule), les plus grands mannequins du moment, une bonne quantité de cynisme et un escroc à la tête de bisounours qui ne sait pas quand s’arrêter, et vous avez un documentaire passionnant.
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Fyre Media et le concept du Fyre Festival
Fyre Festival est présenté, à l’époque, comme une sorte de grosse fête entre élites et gens bien, et est organisé par Fyre Media. Cette application permet aux gens de « réserver » une célébrité pour assister à leurs événements. En toute simplicité, donc. Vous voulez que Lais Ribeiro vienne vous aider à couper votre gâteau d’anniversaire? Fyre Media s’en occupe. Bref, déjà le concept, on a du mal.
Derrière l’idée? Le chanteur Ja Rule et son partner in crime — c’est lui qui le dit, lors de l’annonce officielle du festival au Web Summit, scène d’ouverture du documentaire — Billy McFarland. Dans la période qui précède le festival, leur motto est « Magic/Bird », en référence au duo Magic Johnson et à Larry Bird, dont la rivalité a changé le visage du basketball. Rien que ça.
Des top modèles sur une île paradisiaque, what else?
Le documentaire commence avec le tournage de la vidéo promotionnelle du Fyre Festival sur une île absolument paradisiaque des Bahamas avec, entre autres, Chanel Iman, Bella Hadid, Emily Ratajkowski ou encore Hailey Baldwin. La bonne idée des organisateurs à l’époque? Tout documenter et filmer pour la postérité, en mode télé-réalité. Non mais vraiment, merci, fallait pas.
Grâce à cette attention du management, Fyre : the best festival that never happened alterne entre interviews a posteriori des personnes qui ont participé à la mise en place du festival et véritables séquences filmées avant, pendant et après le festival, ce qui nous donne une vision d’insider sur le déroulé des événements.
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Un chaos annoncé, mais pas empêché
Dès le début, on sent que le festival est voué à l’échec. Le tournage de la vidéo promotionnelle avec tous les mannequins les plus en vue du moment vire à la fiesta prolongée. On peut notamment voir un Billy endormi, bière à la main, sur la plage en pleine journée de tournage et un Ja Rule qui parle aux mannequins comme si elles étaient là pour satisfaire la moindre de ses idées de gros macho.
Quand cette vidéo sort sur les comptes Instagram des plus gros influenceurs du monde, le buzz est total. Et puis vient, déjà, le premier gros couac: l’île prévue appartenait à Pablo Escobar, ce que le propriétaire actuel avait spécifiquement demandé de taire. La première ligne de la vidéo de promotion dit: « sur une île qui a appartenu à Pablo Escobar », le contrat est rompu sans ménagement, il faut trouver un nouvel endroit à quelques mois de l’événement.
Tout au long du documentaire, McFarland semble pouvoir continuer à sortir de l’argent pour le festival d’un chapeau magique, alors que les organisateurs ont déjà pris beaucoup de retard et que l’événement est déjà compromis. Ce qui s’apparente au début à du charisme révèle vite une personnalité totalement déconnectée de la réalité : en fait, Billy McFarland induisait de gros investisseurs en erreur avec de faux documents de garantie, afin que le cash-flow du Fyre Festival ne s’épuise pas. De la fraude, en somme, et pour des millions de dollars.
Les dérives de la culture de l’influence
Billy McFarland déclarait à l’époque qu’il souhaitait que le festival soit alimenté par les médias sociaux. Et ça a marché dans un premier temps, puis le retour de flamme a été à la hauteur de son délire mégalo. Les réseaux sociaux jouent en effet un rôle de premier plan dans l’histoire : l’équipe du Fyre Festival a notamment recours aux services de Jerry Media, l’agence de l’influenceur Fuck Jerry, pour faire sa publicité à coups de mannequins et influenceurs, 400 en tout, qui vont publier uniquement un carré orange sur leur compte Instagram, ainsi que des liens vers l’instagram du Fyre Festival.
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Et c’est cette même présence sur les réseaux sociaux qui revient leur mordre les mollets. Lorsque la date du festival arrive enfin et que les détenteurs des précieux Graals (on parle de billets allant de 2.000$ à 12.000$) commencent à arriver sur le site foireux et loin d’être fini, ils se tournent vers… Les réseaux sociaux pour exprimer leur colère. On leur avait vendu un hébergement de luxe et une cuisine raffinée, ils se heurtent à des tentes inondées et à des « aliments » basiques. Summum de la honte? Cette photo de fromage dans une barquette, qui a fait le tour du web. Ils cherchaient la viralité…
The dinner that @fyrefestival promised us was catered by Steven Starr is literally bread, cheese, and salad with dressing. #fyrefestival pic.twitter.com/I8d0UlSNbd
— Trevor DeHaas (@trev4president) April 28, 2017
Un impact local
Ce qui nous révolte probablement le plus dans toute cette histoire, c’est l’impact qu’a eu le Fyre Festival sur l’île d’Exuma, dans les Bahamas, qui l’accueillait. En effet, des dizaines de locaux ont travaillé à la mise en place du site et n’ont jamais vu un seul dollar. Maryann Rolle (en photo ci-dessous) et son mari, le couple qui avait été engagé par le festival pour s’occuper de l’intendance, ont perdu 50.000$ dollars et ne seront jamais rémunérés, par exemple.
Pire, les mannequins et influenceurs ont été payés 200.000$ pour une photo postée sur leurs réseaux sociaux, et on reçu leur argent, eux. Seule note positive, une campagne GoFundMe a été lancée suite au documentaire et a déjà récolté plus de 150.000$. On espère que votre foi en l’humanité sera un peu restaurée…
Fyre Festival : la conclusion d’un fiasco
Après la débâcle Fyre, le documentaire Netflix continue l’enquête et montre comment McFarland a mis en place une deuxième arnaque en recontactant les participants du festival pour leur vendre des tickets VIP frauduleux pour divers événements de standing comme le Met Gala ou le défilé Victoria’s Secret. Le tout alors qui’l était en liberté conditionnelle. Ben oui, pourquoi s’arrêter en si bon chemin?
En 2018, McFarland plaide coupable pour diverses fraudes. En octobre, il est enfin condamné à six ans de prison et à payer 26 millions de dollars d’amende.
Ja Rule a depuis lors mis sur pied une autre application de réservation de talents et se désolidarise totalement de son partner in crime. Tout comme tous les intervenants du documentaire, en fait.
« Fyre : the best festival that never happened », disponible sur Netflix.
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