L’été, la saison idéale pour une libido au beau fixe ?
© Getty Images

L’été, la saison idéale pour une libido au beau fixe ?

Par Aurélia Dejond
Temps de lecture: 6 min

Parce l’été serait la saison idéale pour relancer une sexualité en berne, beaucoup y voient l’occasion de rebooster leur libido, qu’ils soient célibataires ou en couple. Libérés d’un quotidien souvent peu propice à assouvir leurs désirs, 37 % des Européens font d’ailleurs davantage l’amour pendant les vacances. Décryptage.

/

Jeudi, 20h30. Jezabel termine de boucler sa valise, heureuse de s’envoler à l’aube avec son amoureux, pour lâcher prise et « doper » son couple. Décodeur : pour relancer un désir souvent malmené par un quotidien trop peu favorable à un érotisme au beau fixe. Amoureuse de Tristan depuis un an et demi, cette décoratrice d’intérieur constate que leur récente vie en commun ne rime pas avec une sexualité plus aboutie. « Une vie pro hyper prenante, des horaires énergivores, peu de loisirs : s’accorder de vraies pauses à deux est rare, on mise beaucoup sur les vacances pour se retrouver et s’occuper vraiment de nous », se réjouit la jeune femme. Comme 63% des Belges*, Jezabel considère que sa vie sexuelle pourrait être plus pimentée, même si, comme beaucoup de ses copains trentenaires, elle n’en fait pas sa priorité absolue. Hugo, Salomé, Gary, Tim, Marceau, Ophélia…tous nous confirment ce que disent les récents sondages et enquêtes menés auprès des Millenials.

Génération Y : Une libido en berne ?

Au point que les 25-35 ans auraient la vie sexuelle la moins active depuis…les années 20**. Un siècle plus tard, la génération Y semble hyper sage. « Cette étude contredit vraiment la notion selon laquelle les Millenials seraient une génération particulièrement libérée, une idée répandue par les applications de rencontre comme Tinder par exemple, qui suggère qu’ils sont juste à la recherche de relations sexuelles sans lendemain », note Ryne Sherman, professeur associé de psychologie à l’université de Floride.

« Notre génération est moins emprisonnée que les précédentes dans un diktat caricatural qui fait croire qu’on couche tous azimuts sous prétexte qu’on est jeunes et qu’on veut en profiter avant de se caser. Aujourd’hui, les trentenaires sont surtout en quête de sens, cela guide et explique nos comportements : on a envie de s’amuser sans rendre de comptes, mais sans nécessairement enchaîner les dates d’un soir », constate Salomé, 35 ans, qui comme la majorité des gens de son âge qui l’entourent, préfère ne pas s’engager tout de suite, sans pour autant papillonner, mais en prenant le temps de trouver le bon partenaire, sexuel ou amoureux.

« L’été est le terrain le chasse idéal pour ça, on peut tester et faire des rencontres sans se prendre la tête. Les amourettes de vacances permettent de s’amuser sans rien se promettre, on se détend avec qui on veut, garçons…ou filles ! Et la notion de consentement a beaucoup fait évoluer les choses : on couche, oui, mais uniquement si on en a vraiment envie. Pourquoi se priver ? », sourit Ophélia, 33 ans.

Plus de 2 européens célibataires sur 10 auraient d’ailleurs en moyenne un partenaire sexuel pendant leurs vacances, toutes générations confondues***.

L’été : un terrain propice à la découverte et l’expérimentation

Les vacances sont également une période où l’attirance envers une personne autre que son conjoint est la plus forte. Et les Européens semblent très motivés à l’idée de s’amuser… leurs bagages en disent long : lingerie fine (32 %), préservatifs (30 %), huile de massage (28 %), parfum (22 %), sex toys (17 %) et lubrifiant (15 %). Alors, l’été, terrain propice pour emmener Éros dans ses valises ? « Plus que jamais ! », s’exclame Anne-Françoise Meulemans, médecin psychothérapeute et coordinatrice de CentrEmergences, qui rappelle que dans l’imaginaire collectif, l’été est associé à la saison de l’amour, des rencontres et/ou d’une sexualité plus épanouie, voire débridée.

« C’est comme ça qu’on nous le vend depuis des décennies : amour, libido, liberté…le kit séduction/sexualité correspond à une promesse fantasmée que l’on se fait, consciemment ou non, de la trêve estivale, qui reste très stéréotypée : la représentation du masculin et du féminin est sublimée, l’été imaginé renvoie une image lisse, radieuse, comme si tout était mis en place pour approfondir ou réparer une relation, ou multiplier les rencontres idéales. En bref, on n’a aucune excuse pour rater son été ! ».

D’autant que le soleil et les corps dénudés voleraient au secours d’une sexualité sous cloche le restant de l’année. C’est scientifiquement prouvé : l’été booste la libido. « On lâche prise et on se lâche ! Le soleil énergise et permet la production d’hormones, notamment à l’origine du désir sexuel. Cela se couple à un contexte privilégié : on est hors du carcan quotidien, la fantaisie retrouve toute sa place, les repères changent, on investit son propre corps autrement, on le chouchoute, on le dénude…le monde des possibles redevient accessible ! », poursuit la psychologue.

Désir estival : entre attentes et réalités

Revers de la médaille ? À force d’être attendues pendant des mois, les vacances d’été pourraient s’apparenter à un véritable crash test sentimental, sensuel et/ou sexuel, que l’on soit célibataire ou en couple. « S’approprier les vacances est primordial, mais les scénariser à outrance des semaines à l’avance risque de les idéaliser, la marge entre ce que l’on imagine et la réalité est souvent grande… Bien sûr, la sexualité est davantage libérée, le climax est propice à s’écouter davantage, certains font la distinction entre vie sexuelle et vie affective. Les générations émergentes montrent d’ailleurs à quel point on interroge la conjugalité et la sexualité autrement : moins embrigadées et stéréotypées, elles explorent et redéfinissent la notion d’amour, de couple, de fidélité. Je le vois en consultation, l’été peut avoir un rôle déterminant aussi bien pour la libido que pour les sentiments, et les deux ne sont pas nécessairement liés, quelle que soit la génération ! », explique Anne-Françoise Meulemans.

C’est le cas de Quitrie, 42 ans, en couple depuis dix ans et maman de Zoé et Olga, 5 ans. « L’été dernier, j’ai eu une relation intense avec le coach sportif de l’hôtel. Ce n’est pas pour ça que j’aime moins mon mari. Pour moi, sexualité et amour ne sont pas d’office liés. Je me suis fait du bien et ça a rejailli positivement sur notre couple ». Sophie, elle, a passé l’été loin de son amant marié. « Le manque a pimenté nos retrouvailles affectives et sexuelles ! », se félicite cette community manager de 47 ans.

Que l’on soit en solo, en couple ou en « trouple » (ndlr le fameux triangle du couple et de l’amant.e), l’été est une période atypique, sur le plan sexuel. « Nous en demandons beaucoup aux vacances estivales : elles ne sont ni réparatrices, ni magiques, mais elles peuvent contribuer à mettre en lumière nos désirs réels. Sur le plan de l’érotisme, elles sont un formidable terrain de jeux, que l’on soit single ou non, elles sont un bain multi-sensoriel hors norme et permettent de s’amuser, de mieux se comprendre ou dire qui ont est, aussi », explique Anne-Françoise Meulemans.

« Les vacances sont une grande récréation où on peut jouer sans limites. J’en profitais déjà en couple et aujourd’hui, je m’amuse tout l’été comme célibataire. Les amours de vacances sont voués à être sans lendemain, dit-on, et ça m’arrange très bien. L’été est un baromètre pour tester son potentiel de séduction et bien choisir ses futurs dates de la rentrée ! », se réjouit Martha, 37 ans. Gaylord, pansexuel de 32 ans, mise sur les vacances pour s’offrir ce qui lui manque toute l’année : l’insouciance et la légèreté. « Être soi à 100 %, le temps de l’été, c’est le vrai luxe ! Et si on n’a pas envie de faire l’amour, il ne faut surtout pas se forcer, sous prétexte que les vacances sont synonymes de libido. Au contraire, si on a un crush, pourquoi se priver ? Nos vies sont tellement caricaturales, dictées par les réseaux sociaux et les injonctions à la perfection …les vacances permettent de sortir des carcans ! »

La bonne alternative serait de réussir à ne pas tout miser sur l’été pour réveiller une libido en berne. La psychologue en est convaincue : « Réussir à saupoudrer le quotidien d’un peu de fantaisie, de créativité et d’imprévisible suffirait déjà à le rendre beaucoup plus attractif ! Les vacances restent une échappatoire précieuse, mais elles ne peuvent pas tout résoudre et venir à bout de onze mois de stress ou d’une sexualité en sommeil, elles ne sont en aucun cas un antidote miracle. La véritable qualité de vie, c’est de créer de vrais petits moments de bien-être et de bonheur pendant toute l’année. C’est la meilleure façon d’affronter l’été et d’en gérer la charge mentale. Votre libido n’en sera que plus au beau fixe ». À bons entendeurs…

* Source RTBf, 2020. ** étude 2016, Archives of Sexual Behavior. *** Dernière Enquête Lastminute

 

Si vous avez aimé cet article sexo, on vous propose également : « Es vedrã, la marque belge qui veut moderniser les produits intimes », « Sommes-nous tous égaux face au plaisir ? » ou encore « Plaisir solitaire : quand les podcasts parlent de sexe ».

Aurélia Dejond Voir ses articles >

Épicurieuse de nature, tête chercheuse en tous genres, shoes et books addict, collectionneuse des pancartes « Ne pas déranger ». Toujours à l’affût d’adresses décalées, de concepts atypiques et de rencontres inspirantes.

Tags: Couple, Sexualité.