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Sommes-nous tous égaux face au plaisir?
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Sommes-nous tous égaux face au plaisir?

Par Emmanuelle Ringot
Temps de lecture: 3 min

Comment définir le plaisir sexuel ? Peut-on seulement le quantifier ? Et surtout, est-il le même pour tous ? Autant de questions que soulève cette notion de plaisir sexuel, souvent galvaudée par une quête absolue de l’orgasme.

Par définition, le plaisir est une sensation agréable liée directement à la satisfaction d’un désir ou d’un besoin (physique ou mental). Quand il est charnel ou sexuel, l’orgasme en est l’aboutissement physiologique. Mais on peut en ressentir sans pour autant “atteindre l’orgasme”. Alors comment appréhender notre propre plaisir ?

Le plaisir sexuel, une quête introspective

Pour Ava Oiknin, sexologue clinicienne et responsable de formation chez Fun Factory, le plaisir sexuel est avant tout une question d’éducation et de physiologie. Evidemment, “on est pas fait de la même façon”, débute-t-elle. “Chez l’homme, les parties génitales et les zones érogènes sont majoritairement externes, du coup son propre apprentissage de la sexualité et par extension du plaisir (en solitaire) est relativement direct et facilité”, explique-t-elle.

 

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Avant de poursuivre, “à l’inverse, chez la femme une partie de ses zones érogènes se situent à l’extérieur (clitoris, lèvres internes et externes) et le vagin à l’intérieur. La découverte de sa sexualité et de son corps n’est, de ce fait, pas évidente. Sans compter, les différents tabous qui touchent la sexualité féminine, jusque dans l’éducation des jeunes filles”. De même physiologiquement, “l’exploration des organes sexuels de la femme – en l’occurrence du vagin* – ne peut se faire qu’à l’aide d’un partenaire ou « d’un jouet intime »”, rappelle l’experte.

La part d’inné et d’acquis du plaisir charnel

Ainsi, le plaisir sexuel fait partie intégrante de l’apprentissage de la sexualité. Une question reste en suspens : le fait de pouvoir éprouver du plaisir, est-ce inné à l’être humain ou faut-il apprendre à le ressentir et – possiblement – le contrôler?

Pour Ava Oiknin, la question ne se pose pas : “évidemment qu’il faut apprendre à ressentir et apprécier ce plaisir sexuel”, explique-t-elle. “Même si c’est tiré par les cheveux, on peut comparer le plaisir charnel avec celui de boire du bon vin : si on n’apprend pas à déguster et à ressentir les arômes, on ne sera jamais touché par un grand cru”, ajoute l’experte.

Pour autant, il existe aussi une part d’inné puisque physiologiquement parlant, il s’agit d’une réaction des capteurs sensoriels qui se trouvent au niveau des zones érogènes et ceux-ci se trouvent dans notre corps dès la naissance.

 

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L’impact du mental pour un résultat physiologique

Pour comprendre ce qui se joue dans la notion de plaisir charnel, il faut le considérer comme un résultat physiologique qui “délivre” d’un désir et d’une excitation. Ainsi, quand le désir monte, les organes sexuels (masculins et féminins) se gonflent. Quand l’acte sexuel – en solo ou non – assouvit en quelques sortes cette montée de désir, c’est au plaisir de prendre le relai, qu’on atteigne ou non l’orgasme d’ailleurs. Le plaisir est donc une réponse sensorielle à l’assouvissement d’une envie.

L’autre aspect du plaisir provient de cette envie : c’est la part du mental (et ce à différents niveaux). En effet, la sexologue Ava Oiknin insiste sur le fait qu’il “existe une corrélation indiscutable entre désir et plaisir”. Ainsi, même si le plaisir ressenti dépend des terminaisons nerveuses et érogènes (qu’on peut activer mécaniquement grâce par exemple à des sextoys), la part du mental est extrêmement importante, d’où la nécessité pour certaines femmes d’accompagner leur stimulation sexuelle avec des images fantasmées. “On ne ressentira pas le même plaisir si on a pas vraiment de désir pour son partenaire”, explique Ava. “Au fil du temps, quand la passion du couple se tarit, les partenaires peuvent éprouver moins de plaisir”, décrypte-t-elle.

 

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De même, différentes études ont démontré par exemple qu’une femme qui porte la charge mentale dans son couple, éprouve moins de plaisir qu’une femme qui a “l’esprit libre”.

Peut-on quantifier le plaisir sexuel ?

Dernière question qui reste en suspens : peut-on quantifier le plaisir ? “Oui et non”, nous répond Ava Oiknin. “On peut voir physiquement par exemple, la force d’un orgasme”, explique-t-elle, “mais on ne peut pas constituer une échelle du plaisir car celui-ci est intrinsèque à chaque individu et surtout il varie en fonction du temps qui passe. Le plaisir éprouvé lors des premiers rapports sexuels, dépend des fantasmes d’alors et de l’apprentissage de la sexualité”. Au fil du temps donc, le plaisir évolue et les ingrédients nécessaires pour l’éprouver aussi.

* »12 centimètres alors que les doigts en font 5″

Initialement publié sur mariclaire.fr

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Tags: Couple, Plaisir, Santé, Sexe, Sexualité.
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