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Une pratique difficile à nommer
Cette pratique a entraîné un débat agité sur sa qualification ou non de viol. Pour l’instant, aucune jurisprudence en Belgique n’a tranché la question. Aucun procès lié au stealthing n’a encore eu lieu en Belgique. En Suisse, en revanche, un homme a été condamné à 12 mois de prison avec sursis pour avoir retiré son préservatif en plein acte, sans l’accord de sa partenaire.
Le Code Pénal belge définit le viol comme : « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas par violence, contrainte, menace ou surprise ». Or, la surprise est au coeur de l’acte de stealthing.
L’ambiguité du stealthing et l’absence d’un vocabulaire concret développé autour du sujet empêchent souvent les victimes de poser les mots sur cette forme d’agression extrêmement insidieuse. Un acte sexuel consenti n’est pas un viol, mais quand l’un des deux partenaires décide de changer les règles du jeu sans en avertir l’autre, avec tous les risques que cela comporte, peut-on encore parler d’acte consenti?
Une chose est sûre, les risques d’IST ou de MST ou même d’une grossesse non désirée sont, quant à eux, bien concrets. Sans parler des séquelles physiques et psychologiques pour les victimes.
Des conseils sur le net
Le phénomène a raison d’inquiéter quand on observe la multiplication des forums sur le sujet. Des hommes s’y échangent ainsi des bons conseils pour réaliser le stealthing en toute discrétion et se vantent ensuite de leurs exploits sur le net.
Un exemple parlant donne un aperçu du phénomène. Un jeune-homme raconte ses expériences de stealthing, « tellement nombreuses qu’il ne peut même plus les compter ». Tout en avouant lui même qu’il n’avait pas le droit de faire ça, qu’il s’agit d’un acte « irresponsable et dangereux » mais « plus fort que lui » et qu’il en assumera les conséquences. Les commentaires qui suivent l’article sont glaçants…
« Une autre méthode, si elle a vraiment « besoin » d’un préservatif, remplace le lubrifiant par une huile inodore. Cela déchire le latex ».
Suprématie masculine
Leur justification? « L’idéologie d’une suprématie masculine dans laquelle la violence serait un droit naturel de l’homme » selon Alexandra Brodsky qui a étudié longuement le phénomène. Cette juriste américaine a tiré la sonnette d’alarme il y a quelques mois. La jeune-femme travaille au National Women’s Law Center et a publié une étude effrayante sur ce phénomène dans le Columbia Journal of Gender and Law.
A travers cet article, elle souhaite dénoncer un système judiciaire insuffisant et peu efficace pour les victimes d’abus sexuels. Cela à cause du flou juridique qui entoure l’acte de viol. Son souhait? Créer un statut pour les victimes de stealthing. Pas seulement pour leurs permettre d’exercer d’éventuelles poursuites mais parce que l’élaboration d’un vocabulaire concret autour de cet acte peut être bénéfique pour sa prévention mais également pour la guérison des victimes.
« La justice n’est pas la réponse à tous, cela ne résout pas toujours les problèmes » a déclaré Alexandra Brodsky au Huffington Post. « Le but de cet article est de proposer un nouveau statut, fournir un vocabulaire et créer des façons pour les gens de parler d’une expérience plus répandue qu’on le croit mais trop souvent réduite à une simple « mauvaise expérience sexuelle » plutôt qu’à de la violence. »
Rappelons que le numéro SOS viol est gratuit en Belgique : 02 534 36 36.
Si ce sujet vous intéresse, allez lire « Comment réagir face au harcèlement de rue » et « Le harcèlement des femmes devient un crime haineux au Royaume-Uni«
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