Pourquoi le décès de Mahsa Amini fait souffler la révolte en Iran ?
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Pourquoi le décès de Mahsa Amini fait souffler la révolte en Iran ?

Par Juliette Hochberg
Temps de lecture: 4 min
Mahsa Amini, 22 ans, est morte après avoir été arrêtée par la police des mœurs et de la vertu iranienne, pour des cheveux qui dépassaient de son voile. Son décès a déclenché un mouvement de colère contre le régime des mollahs, notamment de la part d'étudiants et d'Iraniennes, qui retirent courageusement leur hijab dans la rue ou sur les réseaux sociaux, en guise de protestation.

« Faites-le savoir au monde : ils ont tué ma fille. » Ce sont les mots de Mojgan Amini, lâchés comme un cri du cœur sur ses réseaux sociaux.

Sa fille se prénommait Mahsa. Elle avait 22 ans. Le 13 septembre 2022, cette jeune iranienne a été arrêtée par la « Gasht-e Ershad », la police des mœurs et de la vertu – unité qui a pour rôle de faire vérifier que les règles vestimentaires strictes pour les femmes et d’autres lois islamiques sont respectées dans l’espace public – , à Téhéran, capitale et plus grande ville du pays qu’elle visitait avec sa famille.

La patrouille a estimé que la vingtenaire a mal porté son voile, dont le port est obligatoire pour toutes les femmes en Iran, quelles que soient leur nationalité ou leurs croyances religieuses, depuis la révolution islamique de 1979.

L’opinion publique se dresse face aux manipulations du régime

Mahsa Amini est morte à l’hôpital le 16 septembre, après être tombée dans le coma au commissariat trois jours auparavant.

D’après le frère de la jeune femme d’origine kurde, cité par le quotidien iranien réformateur et indépendant Etemad, avant d’être relayé par Neon, entre autres, Mahsa a été transportée à l’hôpital deux heures seulement après son entrée au poste de police.

Alors qu’il l’attend à l’extérieur, il assure avoir entendu des cris, comme d’autres témoins. Plusieurs femmes auraient déclaré qu' »ils ont tué quelqu’un à l’intérieur ».

Lundi 19 septembre, le média Iran International, basé à Londres, a publié sur Twitter plusieurs images du scanner du crâne de Mahsa Amini, assure-t-il qu’il se serait procuré via des hackeurs.

Ces visuels montrent « une fracture osseuse », « une hémorragie » et « un œdème cérébral », ils « corroborent les récits antérieurs de sa famille et de ses médecins », et « prouvent que l’affirmation de la police iranienne est fausse ».

Car de leur côté, les autorités iraniennes nient toutes violences policières et avancent qu’elle a été victime d’une crise cardiaque. La télévision officielle relaie même des images de vidéo-surveillance sur lesquelles on voit une femme tomber raide, toute seule, au commissariat. Une femme qui est Mahsa Amini, martèle la chaîne d’État, sans convaincre l’opinion publique, d’une part habituée aux manipulations du régime des mollahs, de l’autre, sous le choc de cette affaire, et déjà dans les rues pour exprimer sa colère.

Des manifestations partout en Iran

Samedi 17 septembre, jour des funérailles de la jeune femme dans sa ville natale de Saqqez, au Kurdistan, de violents affrontements ont éclaté entre la foule et la police. Et ceux-ci se poursuivent. Mardi 20 septembre, trois personnes sont décédées lors de ces émeutes au Kurdistan iranien et des dizaines ont été blessées.

Le meurtre de Mahsa Amini est un tournant pour les femmes iraniennes. (…) Elle est devenue un symbole de résistance.

Des manifestantes ont aussi scandé « Mort au dictateur ! » (Ali Khamenei, actuel guide suprême de la Révolution islamique), d’autres ont retiré leur voile, l’ont agité en l’air, comme le montre une vidéo partagée sur Twitter par Masih Alinejad, journaliste, écrivaine et militante américano-iranienne, connue pour ses critiques sur les autorités iraniennes – en particulier sur la condition des femmes en Iran – et suivie sur ce réseau social par près de 440 000 abonnés.

Les manifestations se sont multipliées et étendues à d’autres régions que celle dont était originaire Mahsa Amini, dont à Téhéran, où les étudiants de trois universités ont protesté. Lors de ces rassemblements capturés et publiés sur Twitter, des femmes chantent en chœur « Nous ne voulons pas de hijab forcé ! ».

Ailleurs dans le monde, de l’Allemagne au Canada en passant par la France, les Iraniennes de la diaspora s’indignent et certaines se coupent les cheveux lors de ces rassemblements.

Sur Twitter, les internautes brûlent leur voile ou se coupent les cheveux

Un vent de révolte souffle aussi sur les réseaux sociaux, moins verrouillés que le pays, où des internautes iraniennes se filment sans leur hijab, en train de le brûler pour certaines. D’autres partagent sur Twitter, où le hashtag #Mahsa_Amini réunit presque 3 millions de tweets, des vidéos d’elles en train de se couper les cheveux face caméra, comme le relaie le compte Twitter We Jan News. Un symbole fort de protestation et de solidarité avec la défunte innocente.

« Le meurtre de Mahsa Amini est un tournant pour les femmes iraniennes. (…) Elle est devenue un symbole de résistance », écrit sur Twitter Masih Alinejad, qui a été contrainte de quitter son pays en 2009 pour ses engagements.

L’actuel président Ebrahim Raïssi a tenté d’apaiser le pays en contactant par téléphone la famille Amini au lendemain des obsèques de leur fille.

Le dirigeant ultraconservateur, responsable du durcissement des lois que la police des mœurs et de la vertu fait respecter, a demandé l’ouverture d’une enquête « jusqu’à la clarification de la situation ». Selon la déclaration du chef du bureau du médecin légiste de Téhéran diffusée sur la chaîne officielle iranienne et citée par France Info, les résultats de l’enquête sur la cause du décès de la jeune Mahsa seront connues d’ici trois semaines.

 

Cet article est paru pour la première fois sur Marie Claire France.

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Des podiums parisiens aux dernières nouveautés skincare qui enflamment TikTok, je décrypte les tendances pour Marie Claire Belgique. Passionnée de voyage, de mode et de beauté, je partage mes coups de coeur dénichés aux quatre coins du globe. En tant que rédactrice en chef digital, j'ai également à coeur de mettre en lumière les histoires inspirantes de femmes à travers notre site et sur nos réseaux sociaux.

Tags: Droits des femmes, Féminisme.