Sans elle, aucune artiste féminine de la nouvelle génération ne pourrait s’exprimer avec autant de liberté. Elle osa briser bien des tabous sur le sexe, s’affranchir du patriarcat, s’afficher dans des tenues jamais vues et mener des troupes de danseurs là où ils n’imaginaient même pas pouvoir se mouvoir.
Avant de révolutionner l’idée que l’on se faisait d’une chanteuse pop encore au début des années 80, Madonna Louise Ciccone n’était qu’une petite fille italo-américaine marquée par le décès prématuré de sa mère et une existence dénuée du moindre luxe. Débarquée de son Michigan natal en 1978 à New- York, avec 35$ en poche, elle parviendra à incarner le rêve américain. Celui qui dit que si on veut on peut et que le ciel constitue la seule limite à l’ambition.
Madonna filme le clip de sa chanson ‘Papa Don’t Preach’ à New York en 1986.
Dans l’une de ses rares et récentes interviews, à Vanity Fair Italie, en janvier dernier, elle rappelait avoir eu faim. Et en fait, tout son parcours s’explique, entre autres, par cela. Madonna a eu faim. Elle a avancé dans la vie comme dans l’industrie de la musique telle une femme qui avait le ventre creux. Et la rage au cœur…
Maîtresse de son destin et de son mythe
De la Sainte Trinité pop des années 80, soit Michael Jackson, Prince et Madonna, c’est bien cette dernière qui a survécu jusqu’à nos jours. La seule femme. Sa longévité, sur quatre décennies, se place au centre de sa nouvelle tournée. Le Celebration Tour est une sorte de tournée best-of puisque l’artiste reprendra dans sa setlist ses plus grands succès. De Holiday à The Power of Goodbye en passant par Vogue et bien d’autres. Les 21 et 22 octobre derniers, Madonna a enflammé le Sportpaleis d’Anvers pour sa deuxième étape européenne juste après l’Angleterre.
Ce spectacle, elle l’a, en partie, préparé au Portugal où elle réside, en famille, depuis plusieurs années. C’est dans ce pays bordé par l’Océan Atlantique – et donc, très vivifiant – que la madone a entamé ses « sixties ». Ses quatre enfants adoptifs, originaires du Malawi, semblent y vivre leur meilleure vie, jouant au foot, apprenant le piano et pratiquant l’équitation. On peut les suivre, de temps à autre, dans les stories de Madonna sur Insta.
Madonna et Bob the Drag Queen sur scène lors de la tournée The Celebration Tour à l’O2 Arena de Londres le 15 octobre 2023
Ayant entamé le projet d’un biopic, qu’elle réaliserait elle-même, Madonna coupe court à toute velléité d’un tiers de raconter sa vie à sa place. En ce sens, elle est, telle qu’on l’a toujours connue, maîtresse de son destin et de son mythe. Des galères du début à la gloire incontestée jusqu’aux divorces fracassants et aux accidents de santé. À chaque étape, chanceuse ou malchanceuse, elle a appris. Et sans être toujours exemplaire, elle a permis à des générations d’artistes féminines de s’assumer pleinement. Ainsi, Beyoncé n’a jamais nié l’influence que Madonna avait eue sur elle. Et si l’on y prête attention, dans les shows de Beyoncé, il se trouve quelque chose des shows de Madonna. Même penchant pour des mises en scène puissantes, même passion pour les costumes de grands designers. Tout récemment, c’est Christine and The Queens qui l’a conviée sur son dernier album. D’une reine de la french pop à la Queen of Pop en quelque sorte.
Madonna sur scène en 1980 dans son mythique corset conique, imaginé par Jean-Paul Gaultier.
En quatre décennies, cette blonde ambitieuse et provocante a été récompensée de sept Grammys et a vendu plus de 300 millions d’albums. Certes, c’était avant les plateformes de streaming. Sur Spotify, elle peut, aujourd’hui, compter sur plus de 41 millions de followers par mois, ce qui n’est pas un petit nombre…
Madonna, l’esprit et la mode
Madonna a été la première pop star féminine à révolutionner notre façon de nous habiller. Et tout est parti d’une absence de moyens. Elle n’était pas un modèle de streetwear, elle était l’esprit du streetwear des quartiers new-yorkais où survivaient, comme elle, ses amis artistes, Basquiat en tête. Elle n’avait pas deux dollars pour s’acheter des bas neufs, alors, elle a porté des bas résille bien amochés. Elle ne pouvait s’offrir des parures de joailliers, alors, elle a fait de chapelets et de croix catholiques des bijoux à porter de jour comme de nuit ailleurs que dans les églises.
Jean-Paul Gaultier et Madonna lors du défilé Jean-Paul Gaultier Collection Prêt-à-porter Printemps/Eté 1995 au musée des arts forains à Paris le 14 octobre 1994, France.
Et l’audace d’afficher des sous-vêtements en plein jour lui est aussi venue d’un manque de tenues adéquates. Cette liberté totale assumée et extrêmement bien incarnée, Madonna l’a offerte aux jeunes filles et femmes des années 80 avant d’inspirer les créateurs de mode comme Jean-Paul Gaultier. Sa contribution à la mode est au moins aussi importante que son legs à l’histoire de la pop vue du côté féminin comme du côté féministe.
Si vous avez apprécié cet article, jetez un oeil à : Marco Mengoni, la pop star italienne qui a charmé le public belge, Emjie, la DJ belge solaire qui n’a pas fini de nous faire vibrer ou encore Jane Birkin, l’icône intemporelle qui a marqué les seventies.