Emjie, la DJ belge solaire qui n’a pas fini de nous faire vibrer
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Emjie, la DJ belge solaire qui n’a pas fini de nous faire vibrer

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Retenez bien son nom de scène : Emjie. En seulement quatre ans, cette talentueuse DJ de 29 ans s'est déjà produite dans de nombreux clubs et festivals, dont Tomorrowland pour la deuxième année consécutive ! Celle qui croit fermement au pouvoir fédérateur de la musique et à la force de la manifestation promet d'aller très loin... Rencontre avec une artiste déterminée à conquérir bien plus que la Belgique.

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Avec une énergie débordante sur scène et des objectifs précis en tête, Emjie poursuit sa belle ascension dans le milieu musical. Nous l’avons rencontrée à la sortie de son set à Tomorrowland pour un tête-à-tête inspirant.

Pouvez-vous vous présenter pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?

J’ai 29 ans, je vis à Bruxelles et je suis une DJ de musique progressive techno. Je me suis lancée il y a quatre ans et cette année je me produis dans plusieurs festivals et clubs en Belgique. J’ai également commencé à mixer à l’international avec quelques dates en Allemagne, aux Pays-Bas et en République tchèque. Plus récemment, j’ai aussi créé des releases pour différents labels orientés techno/indie dance. Il y a deux ans, j’ai décidé de me lancer dans la production musicale afin de créer mes propres sons. Et mon premier EP est sorti en janvier dernier.

Et vous venez de Charleroi ?

Je suis née et j’ai grandi à Charleroi. J’ai déménagé à Bruxelles pour mes études, où j’ai été diplômée de l’Université il y a six ans. J’ai ensuite travaillé dans la mode et le design, principalement pour aider des entrepreneurs à se lancer dans ces milieux. J’ai organisé des défilés pendant la Fashion Week de Paris. Il y a un an, j’ai quitté mon job pour me concentrer à fond sur la musique. À ce moment-là, ça faisait seulement trois ans que je mixais et j’ai eu l’opportunité de signer avec une agence basée à Anvers. Ça m’a aidée à me lancer en tant que DJ productrice à plein temps pour pouvoir développer ma carrière et espérer grandir dans ce milieu.

emjie dj

Brix&Maas

Mais votre passion pour la musique ne date pas d’hier ?

J’ai toujours écouté beaucoup de musique quand j’étais plus jeune. J’ai grandi dans une famille où la radio était tout le temps allumée. Mon père et moi étions super fans de Michael Jackson, je regardais ses concerts… Plus tard, quand j’ai commencé à sortir, j’ai fréquenté beaucoup de soirées et de festivals. Et c’est ainsi que j’ai découvert l’électro il y a huit ans. Ça m’a vraiment transformée. Jusqu’au jour où j’ai eu un déclic pendant une soirée qui m’a poussé à me dire : « Moi aussi j’ai envie de faire ça. Je veux partager cette énergie avec le public, mixer des chansons qui me tiennent particulièrement à cœur ».

Un jour j’ai eu un déclic : moi aussi, je veux partager cette énergie avec le public

C’est votre deuxième fois à Tomorrowland. C’était un objectif en commençant votre carrière de DJ ?

Je n’avais aucun objectif en tête quand j’ai commencé à mixer. Je voulais simplement faire de la musique pour moi-même et pour mes proches, et apprécier pleinement le moment présent en soirée. Au fil du temps, j’ai reçu des retours positifs encourageants, les demandes de booking sont arrivées peu à peu… J’ai commencé à gagner de l’argent et je trouvais ça fou. Ça s’est fait très naturellement et j’ai beaucoup de chance d’avoir réussi ce passage entre la passion et la profession.

Quand on m’a annoncé l’année passée que j’allais mixer à Tomorrowland, je ne m’y attendais absolument pas. Pour moi, c’est vraiment un des plus grands festivals dans le monde. C’était bien sûr dans ma bucket list, mais ce n’était pas du tout un objectif que j’envisageais à court terme. C’est arrivé vite : six mois après la signature avec mon agence, le booking pour Tomorrowland était confirmé. C’était vraiment une super opportunité et cette année, j’ai eu la chance de réitérer l’expérience et c’était génial !

Dans un de vos posts Instagram, vous expliquez d’ailleurs avoir « manifesté » ce retour à Tomorrowland. La manifestation, vous y croyez vraiment ?

Je suis une personne qui croit beaucoup aux énergies. Je pense que quand on veut quelque chose et qu’on le manifeste, on peut attirer des choses ou des personnes sur notre route qui vont faire en sorte que ça se concrétise. Il faut être très patient mais il faut aussi beaucoup y croire, et bosser bien sûr. La musique, c’est aussi une histoire de feeling très personnel, et je pense qu’à partir du moment où l’on voit que tu es quelqu’un de passionné, que tu arrives à transmettre une émotion, tout se met en place.

 

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Pour la fameuse photo, j’étais à Miami en janvier et je n’avais pas encore reçu la confirmation pour Tomorrowland. J’allais au Space, un club techno très connu là-bas, et sur la route je suis passée devant une station-service abandonnée avec l’inscription « Tomorrowland » au-dessus. J’ai demandé à ma copine de me prendre en photo devant en lui disant « Même si je ne sais pas encore si je mixerai là-bas cette année, il faut qu’on manifeste ça ». Et ça s’est ensuite concrétisé.

On a souvent reproché au monde du DJing d’être très masculin. Est-ce que vous pensez que l’on met assez de lumière sur les femmes aujourd’hui ou c’est encore à améliorer ?

C’est clair que c’est un milieu qui est très masculin, que ce soit les DJ, les light jockeys ou même les barmen… Il y a environ 90% d’hommes. Ce qui est difficile, je pense, c’est de pouvoir s’affirmer et de pouvoir dire « j’ai du talent et je réussis ce que j’entreprends pas seulement parce que je suis une femme ».

Aujourd’hui, c’est surtout ça le problème. Les gens sont contents de voir des femmes sur des line-up, mais certains pensent que l’on doit notre réussite au fait que l’on soit des femmes et que puisque nous sommes peu nombreuses, ça augmente le facteur de réussite. Que l’on soit une femme ou un homme, chaque DJ a envie d’être reconnu pour son talent, sa musique et pas son genre. Il y a encore un travail à faire à ce niveau-là. Chacun à sa place, et c’est important.

Que l’on soit une femme ou un homme, chaque DJ a envie d’être reconnu pour son talent, sa musique et pas son genre.

Aujourd’hui, on essaye de mettre plus de femmes sur les line-up, mais ce sont souvent elles qui vont faire les openings et ensuite ce ne sera que des hommes qui mixeront. C’est bien d’inclure des femmes, mais il faut aussi leur accorder plus de confiance, essayer de les mettre aussi plus en lumière.

En tant qu’artiste, pensez-vous avoir un rôle à jouer pour faire évoluer les mentalités ?

J’essaie d’encourager les femmes et les filles qui veulent se lancer dans la musique. En mars dernier, lors de la Journée internationale des droits des femmes, j’ai lancé un concours sur Instagram pour offrir une séance d’initiation de DJing à une femme. J’ai donné deux heures de cours à une fille qui voulait se lancer et qui avait plein de questions sur le sujet, je lui ai appris les bases. C’était important pour moi de montrer que je suis aussi accessible et que j’ai envie d’aider les femmes et les filles qui veulent se lancer. C’est primordial de prendre le pas parce que c’est un milieu qui peut faire peur mais il faut y aller et foncer ! C’est une super belle aventure.

J’ai envie d’aider les femmes et les filles qui veulent se lancer dans ce milieu.

C’est aussi par l’exemple que vous pouvez aussi inspirer d’autres femmes.

Tout à fait. Et je pense que c’est clairement une question de volonté et de passion. À partir du moment où tu aimes ce que tu fais, tu peux y arriver, que tu sois une femme ou un homme. Dans n’importe quel métier, il y aura toujours des moments où on sera peut être un peu moins mises en avant, et d’autres où on sera peut-être privilégiées. Mais j’ai envie de dire tant mieux, qu’on en profite : pour une fois qu’on a des avantages à être une femme, qu’on les prenne quoi !

Quel est le moment dans ta carrière qui te procure le plus de fierté ?

C’est vraiment le fait de fédérer les gens, de créer des rencontres, de voir des fans devenir des amis et partager leur passion avec d’autres. C’est génial de constater que toutes ces personnes sont unies par une même musique, qu’ils partagent tous la même émotion. Arriver à les réunir et à les faire kiffer tous ensemble sur ma musique, c’est vraiment mon premier objectif, avant même de me faire plaisir à moi-même. J’adore pouvoir transmettre cette sensation, cette énergie aux gens.

L’énergie du public est-elle toujours au rendez-vous ?

Il n’y a pas toujours une bonne énergie. La vibe peut être tout à fait différente, et ça qu’il y ait beaucoup ou peu de monde. Il n’y a pas de règle. Pendant mon set à Tomorrowland, c’était vraiment génial. Les gens étaient intéressés par ma musique, la scène s’est remplie au fur et à mesure alors que je mixais assez tôt, de midi à 14h. C’est le plus beau sentiment au monde. J’étais super émue. À la fin, quand je suis descendue de scène, j’avais juste envie de prendre tout le monde dans mes bras, je ressentais plein d’émotions.

 

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C’est quoi la suite de vos projets ?

Cet été, j’enchaîne pas mal de performances en Belgique et à l’étranger. Je suis actuellement en train de bosser sur un nouvel EP et j’ai pas mal de collaborations et de remix qui arrivent. La production ouvre de nouvelles portes, humainement parlant, c’est une super belle histoire. Et les collaborations musicales m’apprennent beaucoup car elles me permettent de sortir de ma zone de confort, d’explorer des registres différents.

J’ai une collaboration particulièrement importante qui sortira sur un label berlinois. C’était un de mes objectifs car Berlin est considéré comme le berceau de la techno. Je suis également en train d’organiser un tour au Mexique pour quelques prestations à Tulum.

Qu’est-ce que vous manifestez en ce moment ?

J’aimerais mixer dans plus de pays différents et de chouettes soirées en Belgique, aux côtés de DJ que j’apprécie comme Solomun ou Renato Cohen. J’ai aussi en tête un très gros objectif : j’aimerais signer dans une agence internationale. En ce moment, je suis représentée par une agence en Belgique pour les booking, ce qui est très bien pour les performances sur le marché local. La prochaine étape, ce serait de pouvoir être représentée à l’étranger pour continuer à développer ma carrière. J’espère pouvoir le faire d’ici l’année prochaine ou dans deux ans. Je rêve de pouvoir exporter ma musique et la faire découvrir à d’autres gens.

Cet été, retrouvez Emjie à Ronquières le 4 août, à Wecandance et au Cirque Magique le 12 août. Son prochain EP sera à découvrir dès le 16 octobre 2023. Retrouvez toutes ses prochaines dates via le site bandsintown.com.

 

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Des podiums parisiens aux dernières nouveautés skincare qui enflamment TikTok, je décrypte les tendances pour Marie Claire Belgique. Passionnée de voyage, de mode et de beauté, je partage mes coups de coeur dénichés aux quatre coins du globe. En tant que rédactrice en chef digital, j'ai également à coeur de mettre en lumière les histoires inspirantes de femmes à travers notre site et sur nos réseaux sociaux.

Tags: Musique, Tomorrowland.