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Un synopsis téléphoné
Dans Emily in Paris, Lily Collins, qu’on aime plutôt bien d’habitude, joue le rôle d’Emily, jeune femme dynamique et ambitieuse vivant à Chicago. L’entreprise pour laquelle elle travaille rachète une agence de communication de luxe à Paris, il faut donc y envoyer un.e Américain.e pour expliquer la vie à ces Européens totalement clueless quant à ce qu’il faut faire pour percer en 2020.
La patronne d’Emily est l’élue, mais elle apprend qu’elle est enceinte à quelques jours du départ — calmez-vous, on ne vous a spoilé que les 3 premières minutes de l’épisode 1 avec ça. Emily se retrouve alors dans l’avion, direction la capitale française, les baguettes, les bérets. Et les clichés.
Tout le monde aime Emily
La bande-annonce de cette nouvelle production Netflix sentait déjà le cliché à plein nez (on vous en parlait d’ailleurs ici). Mais force est de constater qu’Emily in Paris à dépassé de loin nos attentes les plus folles… En termes de médiocrité, j’entends.
Le cliché commence à la 6ème minute (oui oui), alors qu’Emily se fait escorter à sa « chambre de bonne » : un 3-pièces au 5ème étage d’une vieille maison parisienne en plein centre. Clairement, la production n’a jamais visité une chambre de bonne à Paris.
Le supplice continue avec l’agent immobilier, qui se permet de lui passer le bras autour des épaules pour lui montrer la vue avant de lui proposer d’aller boire un verre. Le type est archi-insistant, et Emily l’ingénue finit par sortir l’argument imparable et d’une tristesse abyssale : « j’ai un copain ». Ce à quoi monsieur l’agent immobilier relou rétorque que oui, mais « à Chicago, pas à Paris ».
Anecdotique ? Pas tellement, puisque l’irrésistible Emily va passer son séjour à se faire lourdement (on insiste sur la lourdeur) draguer par à peu près chaque Français de type masculin qu’elle croise, certains passages s’apparentant à du harcèlement sexuel. Mais bons ils n’y peuvent rien, ces pauvres hommes. Après tout, Emily est Américaine, donc irrésistible.
Pour bien montrer qu’elle est adorable, la série s’articule autour du compte Instagram d’Emily, qui grandit de façon exponentielle — jusqu’à devenir une influenceuse citée par Brigitte Macron, true story — grâce à ses photos de croissant et ses captions tellement drôles et pleines d’esprit (ceci est de l’ironie).
Lost in translation
Un autre aspect hautement irritant d’Emily in Paris est l’absence totale d’intérêt de la protagoniste principale pour la langue du pays qui l’accueille. En arrivant, elle ne maîtrise que « merci » et « bonjour » et décide de prendre des cours de français. C’est tout à son honneur. Oui mais voilà, au bout des 10 épisodes, Emily n’a fait AUCUNE phrase en français. Jamais.
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Elle a ajouté « merde » à son vocabulaire d’enfant de 3 ans, et se contente d’être mignonne quand elle daigne lâcher un mot dans la langue de Molière, au milieu de ses tirades moralisatrices.
L’hégémonie américaine exportée in Paris
Par ailleurs, toute la série semble se baser sur l’idée que les Américains et les Français sont des opposés. Entendez par là Américain = poli, à l’heure, sympathique, travailleur, monogame et à la pointe ; Français = impoli, foireux, revêche, paresseux, polygame et arriéré. Si j’étais Parisienne ou Française, je serais offensée par cette série. Une phrase d’Emily, étonnement clairvoyante pour une fois, résume plutôt bien le problème : « j’aime Paris, mais on dirait que Paris ne m’aime pas ». Oui mais Emily, tu fais tout, littéralement tout, pour te faire détester.
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Entre ne pas se renseigner sur les horaires de bureau, prendre son croissant en photo, se balader avec un béret et une petite tour Eiffel pendue à son sac, et manger de la baguette et du fromage à midi, elle fait tout ce qui est attendu d’une basic bitch (c’est pas moi qui l’ai dit) qui se gargarise dans les clichés parisiens, et ne supporte pas être contredite dans ses petites certitudes d’Américaine. En effet, Emily passe son temps à expliquer la vie aux Français qui l’entourent. Comment gérer des réseaux sociaux, comment redevenir une marque sexy, comment vendre tel ou tel produit, tromper c’est mal, …
Mais le plus improbable dans tout ça selon nous, c’est que les autres protagonistes de la série ont l’air de trouver son avis vraiment intéressant et son attitude so cute.
Alors merci, mais non merci, merde.
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