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Le nom de Molitor ne vous est certainement pas inconnu, mais connaissez-vous réellement son histoire ? Ou plutôt ses histoires. En effet, ce lieu emblématique parisien a connu plusieurs vies avant de devenir l’établissement qu’il est aujourd’hui. Prêt pour un petit plongeon dans le passé ?
The pool to be
1929-1989
Inauguré à l’été 1929, Molitor s’impose rapidement comme la piscine la plus courue de Paris. Porté par l’effervescence des Jeux Olympiques organisés quelques années plus tôt dans la capitale, le lieu attire beaucoup de monde. Son bassin intérieur et sa piscine extérieure bordée d’une plage de sable aménagée offrent aux parisiens un cadre atypique dans lequel s’évader, à deux pas de la Porte d’Auteuil. On y nage, on y bronze et surtout, on s’y rencontre. C’est un véritable lieu de vie où se croisent sportifs professionnels et baigneurs du dimanche. L’hiver, la piscine vidée se transforme en patinoire. Café, restaurant, bar-tabac et coiffeur occupent également le lieu. Bien plus qu’un complexe nautique, Molitor devient une destination mondaine à part entière, où le tout-Paris se côtoie.
Ludwig Favre
Des galas et représentations théâtrales y sont organisés, et même un concours de maillots de bain au cours duquel un bikini fera son apparition pour la toute première fois, le 5 juillet 1946. Ce deux pièces avant-gardiste imaginé par l’ingénieur français Louis Réard fait alors couler beaucoup d’encre mais ne convainc pas, car jugé vulgaire à l’époque. Bien qu’il ne semble pas déplaire au public masculin présent ce jour-là comme en témoigne cette vidéo d’archive… Il faudra encore patienter une quinzaine d’années pour que cet isty bisty bikini s’impose dans la mode balnéaire.
Après plusieurs décennies d’activités, le bâtiment, sur le déclin, ferme ses portes en 1989… pour une durée indéterminée. L’année suivante, le ministre de la Culture, Jack Lang, fait entrer le Molitor dans la cour des Monuments historiques.
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Le temple de l’underground parisien
1989-2009
Si Molitor est officiellement fermé, les graffeurs n’attendent pas une invitation officielle pour investir les lieux. La piscine désaffectée leur offre en effet une superbe toile de fond. Nous sommes au début des années 90, l’art urbain né dans les sixties aux États-Unis est arrivé jusqu’en Europe mais divise encore… Ces artistes d’un nouveau genre – dont certains sont mondialement reconnus aujourd’hui – sont davantage considérés comme des vandales. Entre les murs du Molitor, le bâtiment abandonné entame une seconde vie et vibre au rythme des pschiiiits des bombes de peinture… et des basses de soirées clandestines. Le soir du 14 avril 2001, des milliers de fêtards escaladent les murs pour pénétrer illégalement dans la piscine lors d’une rave-party d’anthologie. La plus grande free party de la capitale s’achèvera le lendemain midi, sous le nez des autorités. De destination mondaine, le Molitor devient alors un lieu underground, prisé par la contre-culture.
Le lieu désert offre un terrain de jeu idéal aux street artists.
En 2007, la mairie lance un appel à candidatures pour la rénovation et l’exploitation du bâtiment abandonné. C’est la société Colony Capital, en association avec accorhotels, qui remporte l’appel d’offre grâce à un projet qui respecte à la fois l’architecture du bâtiment, son histoire et qui lie art, sport et bien-être.
Le phoenix de Paris
2009- 2014
Mais si Molitor fascine autant, c’est aussi par son architecture Art Déco. Imaginé par Lucien Pollet, le bâtiment a perdu de sa superbe lorsque les travaux débutent en 2011. L’ensemble qui n’est plus assez résistant, doit être complètement détruit et sera reconstruit à l’identique. Les couleurs d’antan, la forme des balustrades, les cabines, les mosaïques, la piscine extérieure et le bassin d’hiver reprennent vie grâce à l’expertise de quatre architectes de talent. Le 19 mai 2014, Molitor ouvre à nouveau ses portes et entame un nouveau chapitre de son histoire.
Molitor
Molitor aujourd’hui
Grâce aux travaux de rénovation, Molitor a retrouvé de l’allure sans rien perdre de son cachet d’antan. Depuis 2014, c’est un établissement 5 étoiles qui accueille parisiens et curieux du monde entier. Ses deux piscines (46m pour le bassin d’été et 33m pour le bassin d’hiver) font battre le coeur de Molitor : elles sont au centre de son architecture mais aussi de son animation. Les 124 chambres et suites de l’hôtel qui entourent le bassin d’été offrent aux clients une superbe vue depuis leur fenêtre. L’eau chauffée toute l’année à 28° invite les clients et membres du club à pratiquer diverses activités aquatiques comme la natation, l’aquabike, l’aquagym ou encore le M’paddle, des exercices cardio réalisés en équilibre sur des matelas flottants.
Ludwig Favre
Avec ses balustrades blanches et ses cabines emblématiques peintes en bleu et jaune réparties sur deux étages, le lieu nous donne l’impression d’être sur un paquebot, comme l’avait imaginé l’architecte d’origine. C’est un lieu hors du temps, totalement dépaysant, où l’effervescence de la capitale se fait vite oublier au-delà des murs.
Molitor
Si les piscines ne sont accessibles qu’aux clients et membres de l’hôtel, Molitor compte aussi un restaurant, un bar et un rooftop ouvert à tous. On y déguste une cuisine de saison réalisée à base de produits frais et locaux autant que possible, orchestrée par le Chef Martin Simolka et sa brigade. L’été, le toit terrasse propose une sélection de plats qui sentent bon le soleil : bufala à la truffe, risotto onctueux, ceviche, salade de poulpe…
C’est un lieu de vie qui fusionne toutes les vies passées de Molitor : le sport, l’art, les mondanités…
Ce qui fait la force du Molitor, c’est aussi la célébration de son passé. Et son héritage artistique n’a pas été relégué aux oubliettes, au contraire ! Molitor honore cette autre facette de son histoire par la décoration des espaces communs : collages, photographies, tags se mélangent sur les murs. La pièce qui reflète le mieux les vies passées de Molitor ? La Rolls Royce tagguée qui trône dans le hall d’entrée, mondaine et arty à la fois. Fidèle à sa légende de temple de l’underground, Molitor continue de célébrer l’art contemporain urbain à travers des expos, performances, ateliers, installations et projets artistiques. Le clou du spectacle se trouve dans le bassin d’hiver, abrité sous une immense verrière. Les anciennes cabines qui entourent le bassin ont été réhabilitées en un espace muséal inédit.
1/4L’une des cabines investie par le street artiste français Jo Di Bona.
2/4La Rolls Royce revisitée par le graffeur américain John Andrew Perello, dit JonOne.
3/4Le labyrinthe imaginé par le street artiste Kelkin.
4/4Un collage réalisé par le graffeur français Mr Brainwash dans le lobby du Molitor.
Chacune des 72 cabines a été investie par un street artist français ou international à qui l’on a donné carte blanche pour prendre possession des murs. Une façon de boucler la boucle et un joli clin d’oeil au passé. Réparties sur deux niveaux, les cabines nous donnent un aperçu de toutes les techniques utilisées dans le monde de l’art urbain : aérosol, collage, pochoir, digital, photo, installation, … Des QR codes sur les portes de chaque cabine permettent aux visiteurs d’en apprendre davantage sur l’univers de l’artiste. On vous conseille vivement d’aller y faire un tour : les visites libres sont possibles et des visites guidées sont organisées le samedi.
Fort de son passé underground et mondain, Molitor a réussi haut la main le défi de célébrer ses vies antérieures tout en cultivant une atmosphère unique.
Infos pratiques
Adresse : 13 Rue Nungesser et Coli, 75016 Paris.
Infos & réservations sur molitorparis.com
Visite libre ou guidée pour les cabines – Réservation en ligne
La Brasserie est ouverte à tous, réservation conseillée.
- Possibilités de petit-déjeuner, lunch ou dîner
- Brunch de 12h30 à 14h30 de septembre à mai
- Bar ouvert tous les jours de 12h00 à 00h30
- Les réservations se font au 01 56 07 08 50
L’été, le rooftop est ouvert tous les jours, de mai à septembre, entrée libre.
Le spa Clarins : Les rendez-vous se prennent en contactant le 01 56 07 08 80 et via le site, où la carte des soins est consultable. Soin à partir de 130€.
- Comment s’y rendre ?
La façon la plus rapide et confortable pour rejoindre Paris reste l’Eurostar. Un trajet Bruxelles-Paris ne dure qu’une heure 22 minutes ! C’est aussi une alternative écologique puisque ces trains à grande vitesse sont alimentés à 100% en énergie verte issue de parcs éoliens et de panneaux solaires photovoltaïques situés en Europe. Tickets accessibles à partir de 29€, infos et réservations sur eurostar.com.
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