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Dans une société où (presque) tout, du travail à l’intimité, semble tourner autour de l’apparence, du regard de l’autre et de la performance, l’image que l’on développe de soi et de sa valeur, comme celle que l’on veut renvoyer aux autres, prend une place prépondérante dans notre vie.
Outre l’apparence physique, nous sommes constamment poussé.es à nous dépasser, à être la meilleure version de nous-même.
Mais alors que les expériences de vie et l’éducation ont façonné notre identité, il est courant que l’image que l’on a de soi-même s’en retrouve quelque peu erronée. Heureusement, il est possible de retrouver une représentation plus réelle et d’apprendre à s’aimer.
Comment distinguer image soi et estime de soi ?
Tout d’abord, contrairement à certains abus de langage, une différence subsiste entre estime de soi et image de soi.
“L’estime de soi, c’est se demander si on vaut quelque chose et combien est-ce que l’on vaut. C’est se demander ‘est-ce que je suis quelqu’un de bien’, ‘est-ce que je me trouve des qualités physiques, intellectuelles et humaines’, ‘est-ce que je suis estimable’, ‘est-ce que les autres devraient me trouver bien’ etc. Dans l’image de soi, il y a plus de nuances. Je peux avoir une bonne estime de moi mais avoir une image déformée”, commence la psychothérapeute Laurie Hawkes.
L’image de soi, c’est l’idée que l’on se fait de nous. Physiquement et intellectuellement. Si on a certains talents, certaines aptitudes, certaines qualités ou au contraire quels sont nos défauts et incapacités. Et si l’on en croit l’experte de la psyché, l’image de soi, ce n’est pas juste se demander si on a de la valeur, à nos yeux ou à ceux des autres.
« L’image de soi, c’est est-ce qu’on se voit à peu près justement. Elle est souvent plus juste de la part des autres que de la nôtre. Si tout le monde me renvoie quelque chose de plus agréable que ce que moi je vois, c’est qu’ils ont probablement raison. Surtout si je sais que ces personnes ne me le disent pas pour me faire plaisir, qu’ils n’ont pas peur de me blesser”, explique-t-elle.
Estime de soi et image de soi : deux concepts de l’identité qui se rapprochent malgré tout. Car comme l’image de soi, « l’estime de soi est une sorte de filtre à travers lequel on regarde la réalité », exposait à Marie Claire le psychanalyste Serge Hefez. Un filtre qui n’est pas toujours juste, car erroné par différents facteurs et moments de vie.
D’où vient cette fausse image de soi ?
En effet, notre perception de nous-même est presque systématiquement fausse. Mais comment l’expliquer ? L’idée que nous nous faisons de nous est “déformée par nos émotions, nos souvenirs d’enfance et le regard des autres”, explique Juan-David Nasio, psychiatre, au média Psychologies.
L’éducation, la famille, l’entourage proche sont les premiers lieux où notre identité – réelle ou imaginaire – se construit.
“Très souvent, une fausse image de soi vient de la façon dont on a été élevé. Si des gens nous critiquaient. C’est très difficile de construire une bonne image de soi dans ces cas-là. C’est souvent un événement répété ou traumatisant qui peut fausser notre image de nous. Quand on a des parents qui nous dévalorisent, on passe notre temps à essayer de leur faire plaisir, à s’excuser. On invite implicitement les autres à nous prendre de haut. On renvoie cette image là donc l’image se confirme”, continue la psychothérapeute.
Car ces premiers lieux et interactions façonnent notre personnalité, notre confiance, notre rapport à nous-même et au monde.
“Nous ne nous voyons pas tels que nous sommes mais tels que nous avons été aimés ou maltraités« , reprend le psychiatre Juan-David Nasio. Une image de soi souvent trompeuse, « source de nombreux malentendus et de nombreuses souffrances”, prévient toujours l’expert. Car nombreux sont les risques à développer une image de soi faussée et négative.
Quels sont les risques d’une perception déformée de soi ?
Alors que s’approprier une image de soi faussée mais positive ne semble pas revêtir trop de dangers, une dépréciation assurée de ses réalisations et qualités peut, elle, compliquer notre vie.
“Le risque est qu’on mène une vie plus restreinte et terne, bien que tout dépend de comment l’image de soi est déformée. Si elle est formée négativement, il y a de fortes chances que l’on prenne peu de place, qu’on ne vise pas ce qui nous ferait plaisir, qu’on mène une vie plus étriquée et limitée que ce qu’on aurait pu avoir normalement”, continue la psychothérapeute Laurie Hawkes.
En effet, “si l’identité que vous avez de vous-même est celle d’un individu très imparfait, vous interpréterez vos expériences d’une manière qui renforce ce point de vue”, explique de son côté Susan Krauss Whitbourne, professeure de psychologie et de sciences du cerveau à Psychology Today.
Car se sentir bien dans sa peau, reconnaître que nous sommes capables, que nous pouvons et avons réussi, nous aidera à avancer et à obtenir ce que nous voulons. Dans le cas contraire, une mauvaise image de soi nous poussera dans la mauvaise direction.
C’est ce que confirme le psychiatre Christophe André, à Psychologies : “si nous n’avons pas un rapport amical et pacifié à nous-mêmes, cette mauvaise estime de soi nous sera un fardeau, elle entravera nos initiatives et nos actions, par les peurs et les inhibitions ; elle mobilisera nos forces vers nous et nos tourments intérieurs, au lieu de les libérer pour le monde extérieur”, détaille-t-il.
Comment retrouver une image de soi authentique ?
Ainsi, comment développer une meilleure image de soi, conforme à la réalité, sans tomber dans le narcissisme et la vantardise ?
“Si adulte, on se rend compte que l’image de soi est pénible à porter, qu’elle nous donne une basse estime de soi, une image négative à plein de points de vue, il va être nécessaire de faire certaines démarche, de trouver quelque chose, ou de s’appuyer sur le regard d’autrui pour contredire cette impression. Mais de petits événements de la vie peuvent nous faire nous rendre compte de notre valeur. Tout ce qui peut nous donner une vision de nous plus sympathique”, reprend la spécialiste Laurie Hawkes.
L’experte propose de se tourner vers des réalisations concrètes qui nous aideront à réajuster le curseur : « si on dessine bien, qu’on aime ça, pourquoi ne pas prendre un cours de dessin ? Si on aime chanter, aller dans une chorale. Si on aime écrire, aller à un atelier d’écriture. Essayer des choses où vous avez l’impression d’être bon. Essayez des choses où vous vous faites plaisir et recevez des signes de reconnaissance positifs”, conclut-elle.
Pour finir, « n’hésitez pas à vous impliquer pour les autres, afin de moins vous concentrer sur vous-même. Car à force de trop penser à soi, à ce que l’on voudrait être plutôt qu’à ce que l’on est, on finit pas sombrer dans l’obsession », terminait de son côté le psychanalyste Serge Hefez auprès de Marie Claire.
Cet article est paru pour la première fois sur Marie Claire France.
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