La honte du jour: les idoles de notre jeunesse
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La honte du jour: les idoles de notre jeunesse

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Hier encore t’avais 20 ans, ce qui veut dire qu’à la louche, avant-hier, t’en avais 13.

On va pas s’appesantir sur le fait que le temps passe vite, l’important c’est que l’Homme trouve que tu n’as pas changé et que pour une fois il a raison.

Ce qui a changé, toutefois, c’est cette faculté à tomber désespérément amoureuse du premier chanteur-acteur-danseur-Mac-Gyver venu, qui a fait de toi une jeune fille perpétuellement en larmes entre tes 12 et tes 15 ans, âge où un garçon de chair et de sang (hum) a remplacé tes passions dévastatrices pour les stars du petit écran.

 

Pour préparer ce qui suit, tu as réalisé sans trop y croire un “petit” sondage auprès de tes amies sur ta page Facebook. Ce “petit” sondage s’est terminé sans toi (tu étais partie te coucher depuis longtemps), après s’être transformé en forum de discussion sur les mérites comparés des membres d’East 17.

 

Voici donc, dûment classé et documenté, le tiercé, quarté, quinté + des coups de coeur qui ont ravagés ton adolescence…. En passant, rends grâce à ta mère, qui a du parfois rentrer dans ta chambre, regarder tes posters, penser à ta vie sexuelle future et réciter mentalement une prière.

 

Le Mauvais Garçon (connu à présent comme “Mais Ça Va Pas, Non ?!!!”).

Il avait la mèche rebelle, l’oeil de braise, une veste en cuir et des rapports conflictuels avec ses parents et l’Éducation Nationale. Tu l’as imaginé pendant des mois venir te chercher à la sortie des cours, en moto, sans casque – et sans chemise.

Aujourd’hui, Dylan et Drazic sont devenus ton pire cauchemar de mère. La vie est cruelle, mais si tu devais tondre Luke Perry pour l’empêcher de toucher à un seul cheveu de ta fille, tu le ferais sans sourciller – Et foin des deux roues et de Drazic, aujourd’hui tu aimes ton confort et tu es trèèèèès contente que l’Homme roule en Scénic !

 

Le Gendre Idéal (connu à présent comme “Et Rev’là le P’tit Con !”).

Il était blond, sentait forcément bon, ses t-shirts étaient repassés et il aidait sa maman célibataire à débarrasser. Tu l’as imaginé pendant des mois passer par la fenêtre de ta chambre, la nuit, sans bruit – et sans chemise.

Aujourd’hui, Zack Morris ou Dawson ne passeraient ni ta fenêtre ni ta porte ni même ta chatière (ooooh, ça va…). Tu ne supporterais tout simplement pas devoir accueillir dans ton foyer quelqu’un de mieux éduqué que tes propres enfants. Et tu n’as besoin de personne d’autre pour débarrasser la table, l’Homme le fait bien tout seul, merci, c’est gentil.

 

Le Flic (connu à présent comme “Oh Mon Dieu, Non ! ”).

Ils fonctionnaient en duo, buvaient beaucoup trop de cafés, conduisaient beaucoup trop vite et riaient beaucoup trop fort lors de l’arrêt sur image précédant le générique de fin. Jon, Poncherello, Starsky ou Hutch restent une énigme dans ton palmarès fantasmagorique personnel. D’abord, ils étaient vraiment plus vieux que toi – genre ils avaient un métier -, ensuite, ils étaient vraiment très poilus, très mal coiffés et très mal sapés. Et puis ils étaient policiers, quoi. L’Homme ne porterait d’uniforme que si tu le lui demandais – et on sait lui et moi que ça n’arrivera jamais, que cela soit à jeun ou bourré.

 

Le Gay (connu à présent comme “Ma Chérie, Es-Tu Certaine Que C’est Le Bon ?”).

Il était peroxydé, bien trop bronzé et portait des crop tops sur des pantalons larges. Il chantait qu’il fallait que tu le réveilles avant que tu partes-partes et qu’il ne danserait plus jamais de la manière dont il dansait avec toâ-â-â. Un matin, ton père est entré dans ta chambre pour te parler, a fixé d’un oeil rond tes affiches au mur et a refermé la porte sans avoir prononcé un seul mot. Il n’a plus mis les pieds à ton étage avant la fin de ton adolescence. Aujourd’hui, George Michael est lui aussi ton pire cauchemar en tant que mère : tu as peur de briser le coeur de ta fille  en lui expliquant que non, son ami ne vient pas dîner tous les deux jours parce qu’il l’adore elle, mais plutôt parce qu’il adore son père.

 

Patrick Bruel (connu à présent comme “Patrick Bruel”).

Chut, tais toi. Ne dis rien sur Patrick Bruel. On en reparlera, mais d’ici là si tu tiens à la vie, crois moi, tais toi.

 

(Bisou les filles).

Rachel Moreau

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