« Halte à la croissance! »: le design s’attaque à la surconsommation au Grand-Hornu
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« Halte à la croissance! »: le design s’attaque à la surconsommation au Grand-Hornu

Par Camille Vernin
Temps de lecture: 3 min

Le 1er août 2018, nous fêtions notre "Jour de dépassement planétaire". Depuis cette date, l'humanité a consommé toutes les ressources naturelles que la Terre met une année à générer. Le design constitue incontestablement un levier important dans cette surconsommation. On pense tout de suite au géant IKEA. Pourtant, les alternatives pour contrer notre consommation pourraient paradoxalement provenir de la nouvelle génération de designers. Le Grand-Hornu a décidé de célébrer leurs plus belles inventions jusqu'au 21 octobre 2018.

 

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Imaginez un peu une machine à laver qui dure 50 ans? Ou un rocking chair qui vous tricoterait un bonnet en laine au fur et à mesure que vous vous balanciez? Imaginez encore que les résidus de l’incinération de nos produits ménagers puissent être changés en briques, en chauffage ou en objets du quotidien? C’est ce que proposent une trentaine de designers au Grand Hornu.

Cet ancien charbonnage reconverti en centre d’innovation et de design pose la question suivante: quel est l’intérêt de produire sans cesse de nouveaux produits n’ayant souvent pour objectif que de rendre obsolètes les précédents? Au delà de l’intérêt économique, la proposition de l’exposition consiste à penser une nouvelle manière de créer des objets en évitant le postulat du « toujours plus ».

 

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Design et décroissance

« Halte à la croissance! » débute par une critique du système actuel. Marie Pok, directrice artistique du Grand-Hornu, assume totalement cette prémisse. La plupart des oeuvres présentées dans la première pièce de l’exposition n’ont d’autres intérêts qu’elles-mêmes. Néanmoins, elles attestent d’une attention grandissante pour la recherche de moyens de consommation et de production différentes. Pour certain, cette conviction s’inscrit jusque dans leur chair. L’exposition présente ainsi la designer Lenka Vackova durant sa performance « Fast or Last ». Pour mettre en évidence la temporalité de la richesse matérielle et la futilité du désir des consommateurs d’acquérir toujours plus de choses, elle s’est faite tatouer avec son sang les logos de grandes marques.

Performance de la designeuse Lenka Vackova

Photo Karolina Ketmanova

Pourtant, le message n’est jamais pessimiste, encore moins moralisateur. Les failles du système sont pointées avec humour et dérision. Et surtout, passé un aspect plus critique, on se concentre tout de suite sur la recherche de solutions. En tout, ce sont six pistes qui sont proposées. Parmi celles-ci:

 

Le low tech pour contrer le high tech

cuisine alternative

Biceps Cultivatus

Le low tech condamne l’industrialisation et la technologie moderne. Il prône des solutions faciles et efficaces qui se passent de toute énergie fossile au profit des propriétés naturelles des matériaux. Le mixeur ne fonctionne que si vous pédalez vous-même. Deux pots en terre cuite, du sable et de l’eau et vous voilà avec un frigo totalement opérationnel! Cette cuisine rudimentaire présentée durant l’exposition, c’est l’idée d’Audrey Bigot et de ses coreligionnaires de Biceps cultivatus.

 

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3.500 kg de déchets indirects par personne chaque année

Une autre piste développée tout au long de l’exposition concerne bien sûr le recyclage. Un Belge produit en moyenne 418kg de détritus ménagers par an (Eurostat 2016). Mais ce chiffre ne prend pas compte les 3.500 kilos de déchets issus de la fabrication de nos biens de consommation (extraction, transformation des matières premières, fabrication, transport,…). A titre d’exemple, une brosse à dent représente 1,5 kg de déchets cachés, une bague en or…2 tonnes.

Le travail de recherche Matière noire du studio GGSV nous fait prendre conscience des résidus extrêmement toxiques émis par l’incinération de nos déchets ménagers. Ils récupèrent ces résidus pour créer des objets en tous genres: briques, poêles, chauffages,… Rassurez-vous, les déchets sont rendus inertes grâce à une technique de vitrification! Il en résulte une pierre noire à la beauté proche de l’obsidienne.

briques en déchets ménagers

Trou noir, Tommettes © Studio GGSV © Felipe Ribon

Objets en déchets ménagers

Trou noir, aspirateur © Studio GGSV © Felipe Ribon

Voici donc deux initiatives originales et parmi des dizaines de propositions de projets. Certains très pragmatiques, d’autres plus conceptuels! Tous mènent en tout cas vers une nouvelles vision de nos habitudes quotidiennes et de notre propension au consumérisme dans une ambiance fun et bon enfant!

L’exposition « Halte à la croissante! Design et décroissance » se déroule jusqu’au 21 octobre 2018 au centre d’innovation et de design au Grand-Hornu. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site de l’exposition: www.cid-grand-hornu.be.

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