Destiné à une carrière dans la diplomatie, comment vous est venue l’envie de faire de la mode ?
Après une année dans la diplomatie à Rome, je me suis rendu compte que ce n’était pas du tout ma tasse de thé ! Rentré en Belgique, j’ai travaillé pour une marque qui réalisait des bijoux à partir de perles japonaises. Par la suite, j’ai intégré Kipling en développement produit durant 7 ans et demi et Van de Velde, propriétaire des marques de lingerie Marie Jo et PrimaDonna, durant 11 années. Avec mon épouse, nous souhaitions adopter des enfants depuis longtemps. Le processus est malheureusement très long en Flandre.
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Entre le jour où l’on démarre la procédure et le jour où l’on accueille ces enfants chez soi, il faut compter 7 ans aujourd’hui. En milieu de procédure en Belgique, nous avons décidé d’adopter en Ethiopie. Cela a pris en tout 4 ans et demi. J’ai commencé à m’intéresser à l’art africain et un livre sur la peinture corporelle au sein d’une tribu africaine appelée ‘Kara’ est devenu mon livre de chevet. Les photos étaient époustouflantes! Une nuit, je me suis réveillé en ayant l’idée de créer une marque de vêtements qui inviterait des artistes africains insolites à faire partie d’une équipe de création. L’idée n’est pas de voler les images de ces livres mais de bouger la table de création chez eux en les payant comme des européens. La population Kara est estimée à 2400 personnes réparties dans 3 petits villages, très difficiles d’accès. Cela n’a pas été simple et je savais que ça ne serait pas facile. Lors de mes recherches, j’ai pu rencontrer par coincidence un anthropologue éthiopien que l’on connaissait à l’ambassade belge. Ensemble, nous avons écrit au président de l’Etat du sud du pays. Il a accueilli mon projet et souhaitait me rencontrer. Avec son soutien j’ai enfin pu rencontrer la tribu en février 2014.
De la rencontre de cette tribu dans la vallée de l’Omo en Ethiopie à l’aboutissement d’une collection de vêtements, racontez-nous ce processus atypique.
Après avoir fait la rencontre des designers belges Sandrina Fasoli et Michael Marson, nous avons planifié un voyage ensemble au sein de la tribu Kara. Six jeunes hommes et femmes artistes perpétuant la tradition et la culture de la peinture corporelle ont été désignés par la tribu. Nous avons travaillé ensemble durant une dizaine de jours selon des thématiques. La plupart des dessins ont une signification. Sur le site, pour chaque produit, vous voyez l’histoire du dessin et la source photo. S’il y a une signification, nous la partageons. Ils s’inspirent souvent des animaux qui les entourent. Ils ont beaucoup d’oiseaux, de plumes… Les dessins sont photographiés puis digitalisés selon plusieurs méthodes d’impression. Je les paye comme des artistes européens et tous les dessins sont reproduits sur de très belles matières.
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Ceci était pour votre première collection. Depuis, comment travaillez-vous ensemble et comment envisagez-vous votre future collaboration ?
Nous avons eu deux ateliers de cocréation dans la tribu Kara. Un court métrage a été réalisé lors de notre deuxième atelier. C’est une expérience dépaysante. A chaque fois, nous devons venir avec tout, y compris l’eau pour se laver! Nous venons avec des tentes, de la nourriture, un cuisinier et il y a 3 litres d’eau rationnés par personne par jour. Donc pas de douche. Nous sommes venus accompagnés d’une équipe de tournage afin de réaliser un court métrage. J’ai depuis laissé un smartphone chez eux et une dame allemande rencontrée sur place fait mon point de liaison. Comme je sors de nouvelles pièces tous les trois mois, je peux commissionner la réalisation de nouveaux dessins et nous leur envoyons l’argent. Nous travaillons par chapitre et celui-ci sera clôturé l’an prochain pour en écrire un nouveau chapitre avec une artiste africaine, non tribale cette fois-ci. A suivre !
Parlez-nous de la nouvelle collection printemps-été.
Nos matières sont naturelles, sourcées et produites en Europe. Tous nos t-shirts sont réalisés dans une matière particulière et exceptionnelle, le tencel. C’est une matière écologique européenne réalisée à partir de la fibre d’eucalyptus. Elle a le toucher de la soie et est antibactérienne. Impossible de transpirer dedans et ces tshirts se lavent en machine à 30 degrés. C’est une matière du futur mais elle est chère, comme la soie, dont elle a tous les avantages avec en plus la facilité d’entretien. C’est idéal si vous partez en vacances dans un climat chaud et humide. Un coton, même fin, colle sur la peau. Le tencel est la seule fibre au monde qui neutralise l’odeur du corps. Nous avons aussi du 100% coton très doux. Ce sont nos deux qualités de base.
Une actualité ?
Nous avons sorti une collection de maroquinerie à effet embossé grâce à une toute nouvelle technologie qui permet au sac d’être ultra léger. Nous l’avons d’ailleurs brevetée! Une collection homme est attendue pour l’hiver prochain.
Où trouver vos créations ?
Dans notre boutique située dans la galerie de roi, n°1 à 1000 Bruxelles. Egalement disponibles sur notre e-shop et dans des multimarques belge (plus d’infos sur le site).
Compter entre 75 et 100 € pour les t-shirts, 140 € pour les pulls en coton et entre 225 et 250 € pour la maille été. Les sacs sont à 450 € à l’exception du clutch à 195 €. Plus d’infos et images sur www.akaso.eu/fr
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