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Parce qu’il considère l’accessoire essentiel, le modiste belge que la planète s’arrache depuis quarante ans coiffe les têtes couronnées, les stars et les lambdas avec la même passion. Génie incontesté du couvre-chef et figure de proue de l’artisanat, il reçoit sur rendez-vous dans son nouvel atelier bruxellois.
Il change de chapeau comme de chemise ! Ce jour-là, Elvis Pompilio porte un couvre-chef des années soixante en phoque, complètement transformé par ses soins. Avec presque quarante ans de carrière au compteur, l’ovni de la mode belge reste un éternel enfant. À 64 ans, celui qui à 8 ans déjà demandait à sa maman de lui tricoter des bonnets de laine assortis à ses débardeurs et pantalons a gardé son âme de petit garçon. Une joie de vivre qui n’a pas pris une ride et qui embaume son nouvel atelier bruxellois, dans lequel il coud et crée, entre surréalisme et avant-garde, à l’arrière de sa boutique atypique. Un conte de fées auquel ce fils d’immigrés italiens né à Seraing n’était pas prédestiné et qui continue à l’émerveiller. Enfant hyper curieux au look décalé, style pointu avant l’heure, études d’arts plastiques et passion débordante, l’ADN de cet autodidacte sans limites est unique.
Une création culte
Tournant marquant de son parcours fulgurant : sa casquette légendaire, prouesse technique réalisée en 1986, sans couture et d’une seule pièce, devenue sa marque de fabrique, son identité, le logo de sa boutique et de ses boîtes à chapeau. Une création culte devenue son talisman et remarquée par les plus grands, dont les Six d’Anvers, la Flandre ayant été un tremplin crucial dans la carrière inédite et jamais égalée du modiste belge. L’imagination, l’audace, le perfectionnisme et la créativité démesurée de ce visionnaire hors pair, fervent défenseur de la « slow fashion », ont rapidement assuré une renommée internationale au modiste sans concession. Son leitmotiv reste intact : être fidèle à lui-même. Cette volonté de rester un artisan au sens noble l’a d’ailleurs poussé à revoir sa façon de travailler en 2002, nouveau tournant dans la carrière du créateur. « Atelier gigantesque, quarante personnes qui travaillaient pour moi, 30.000 chapeaux par an réalisés entièrement à la main et vendus dans le monde entier, l’artiste en moi s’éloignait au profit du gestionnaire, j’ai arrêté à temps ».
Une boutique-atelier intimiste en 2010 au Sablon transférée chez lui avenue Louise quatre ans plus tard et quelques rues plus loin en 2024, l’artiste a renoué avec ce qu’il préfère : le contact humain. Feutre du Portugal, pailles de l’Équateur, matériaux et tissus européens, dont de la maille belge, les matières premières rigoureusement sélectionnées se marient avec l’imagination sans limites et la compétence pointue d’Elvis Pompilio, qu’il s’agisse de coiffer Madonna, Sharon Stone, Harrison Ford, Axelle Red, Yannick Noah, Amélie Nothomb, les familles royales de Belgique, d’Angleterre, de Norvège ou de Suède… comme un client lambda. « Un étudiant qui casse sa tirelire pour s’offrir une belle pièce, une vieille dame qui vient se faire faire une capeline pour jardiner… chaque profil est unique, j’aime apprivoiser et décoder chaque être humain de la même façon, lui faire plaisir et le mettre en valeur : chaque tête raconte une histoire ! ».
Des couvre-chefs érigés en œuvres d’art qu’il réalise seul de A à Z avec un savoir-faire qui se fait rare et qu’il transmet à ses étudiants en mode de la Cambre en Master Accessoires. Plusieurs de ses œuvres peuvent être admirées au Musée Grévin à Paris, tandis que d’autres font partie de la collection permanente du Musée des Arts décoratifs du Louvre. En avril 2024, il a été fait membre de l’Académie royale de Belgique. Une nouvelle reconnaissance pour celui dont la grande sœur a choisi le prénom, en hommage à son chanteur préféré !
Rue Saint-Georges, 21 1050 Bruxelles. Sur rendez-vous. elvispompilio.com
Elvis Pompilio en quelques chiffres
1988
Premier workshop à Bruxelles. Ses créations coiffent les défilés de Mugler, Chanel, Dior, Louis Féraud.
1990
Ouverture de sa célèbre boutique, rue du Lombard à Bruxelles, qui fait partie des curiosités des circuits de voyage organisés. Des touristes défilent en car devant la vitrine et prennent des photos de l’enseigne. Tout s’enchaîne : Anvers, Paris, Londres, des boutiques de luxe au Canada, aux États-Unis (Saks, Barneys, Bergdorf Goodman, Bendel) et au Japon.
10
L’âge auquel il réalise ses premiers chapeaux de carnaval pour ses cousins et cousines.
1
Un mètre, c’est la taille de la plus grande capeline réalisée par le modiste.
100
Le nombre de chapeaux dans son dressing personnel.
3800
Le nombre moyen d’exemplaires uniques réalisés chaque année depuis ses débuts, soit 100 par an.
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