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Peut-on légitimement être trainé en justice pour « défaut d’influence » ? Il semblerait que oui. Depuis plusieurs jours circule l’information que le bureau de presse new-yorkais PR Consulting et son client Snap, Inc portent plainte contre l’acteur et influenceur américain Luka Sabbat. « Conformément à un accord d’influence en date du 15 septembre 2018, PRC a engagé Sabbat pour créer et publier certains contenus sur les médias sociaux dans le cadre d’une « campagne de marketing de lunettes » pour le client de Snap, Inc. de PRC », peut-on lire dans la plainte révélée par le site The Fashion Law.
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De qui on parle ?
Pour ceux qui ne le connaissent pas, Sabbat a fait son entrée dans le milieu de la mode en 2015 après avoir été repéré dans les rues de New-York. Suite à de nombreux défilés notamment pour Dolce & Gabbana, H&M, Yeezy ou encore Coach 1941, il décroche un rôle régulier dans Grown-ish, spin-of de la série Black-ish qui suit les tribulations d’une adolescente noire américaine à l’université. Aujourd’hui, Luka Sabbat a 20 ans, voit souvent son nom associé à celui de Kendall Jenner et a 1,4 millions d’abonnés qui suivent de près ses posts ironiques et ses moues boudeuses. De quoi faire courir les marques.
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C’est quoi le deal ?
Les marques courent oui, mais business is business comme l’a appris à ses dépens le jeune garçon qui doit célébrer son 21 ème anniversaire à la fin du mois. Pour 60 mille dollars, il s’est engagé à « créer du contenu original pour au moins quatre publications uniques : une publication Instagram et trois publications en Story (publication éphémère qui dure 24 heures, ndlr). Deux des articles en stories devaient être réalisés à New-York, pendant les défilés de mode et les soirées de la Fashion Week, une troisième devait être capturée à Milan ou à Paris, là aussi pendant les défilés de mode et aux fêtes de ces évènements ». L’influenceur aurait également accepté de se laisser photographier portant les lunettes durant l’un de ces évènements.
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Oui, mais voilà, s’il a accepté les 45 mille dollars d’avance, Luka Sabbat s’est contenté de poster un diaporama de photos de lui portant les Snap Spectacles sur Instagram. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’a pas totalement respecté son contrat. La marque et son agence réclament désormais à l’acteur de restituer les 45 mille euros qu’ils lui ont avancé, de payer des intérêts pour « dommages indirects et accessoires » et de règler le coût des poursuites judiciaires.
On s’en fout ?
Et si la nouvelle de la plainte à son encontre a désormais fait le tour du web, Sabbat semble ne pas en être inquiété le moins du monde. En témoignent ses derniers posts Instagram où il joue de son allure nonchalante et de son humour pince-sans-rire.
De l’influence, beaucoup a été dit. Au départ moqués, déclarés personnalités éphémères, les influenceurs ont prouvé à tous qu’ils occupent une place légitime dans nos sociétés contemporaines. Ce marché parallèle reste cependant un point d’interrogation pour beaucoup, notamment au sein de l’industrie mode. Et si on a du mal à imaginer un monde sans les influenceurs à une époque où les écoles de mode commencent à proposer des cursus pour le devenir, on peut s’interroger quant à leur avenir.
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Le succès des influenceurs s’explique majoritairement par leur capacité à établir un lien honnête avec leur « public ». Une authenticité qui plaît et dont les marques voudraient bien une part. Sauf que voilà, depuis quelques années les influenceurs prennent conscience des dangers des réseaux sociaux sur la santé mentale et, surtout, à s’engagent politiquement, se distançant par la même occasion des besoins primaires d’une marque en terme de business, à savoir faire du chiffre d’affaires. L’acte de Luka Sabbat serait-il révélateur d’une nouvelle génération d’influenceurs qui préfère se jouer des marques plutôt que de jouer le jeu ? Affaire à suivre.
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