Pourquoi « Wicked » est-il le film événement de cette fin d’année ?
© Universal Studios

Pourquoi « Wicked » est-il le film événement de cette fin d’année ?

Par Pauline Weiss
Temps de lecture: 7 min

Événement cinématographique de cette fin d’année 2024, "Wicked", arrivé en salle ce mercredi 4 décembre avec une promotion XXL se hisse déjà au sommet du box-office mondial. Porté par Ariana Grande et Cynthia Erivo, ce film revisite l’histoire culte inspirée du Magicien d’Oz, 21 ans après la création de la comédie musicale à Broadway. Décryptage et témoignages autour d’un phénomène qui continue de captiver le monde entier.

Sorti aux États-Unis le 22 novembre dernier, Wicked a déjà engrangé 263 millions de dollars de recettes après deux semaines d’exploitation. La production a, elle, coûté 150 millions de dollars.

Les spectateurs belges découvrent déjà un film à succès au moment de sa sortie en salles, ce mercredi 4 décembre 2024. Signé Jon M. Chu (Crazy Rich Asians), le film musical ne passe pas inaperçu depuis plusieurs mois – y compris à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, en juillet dernier où les deux actrices principales, Ariana Grande, l’actrice et chanteuse aux multiples succès, et Cynthia Erivo, figure bien connue de l’univers des comédies musicales en Angleterre, apparaissaient déjà ensemble vêtues des deux couleurs principales de l’univers de Wicked, le rose et le vert.

Rien d’étonnant à cela pourtant puisque le budget de promotion du blockbuster atteint les 350 millions de dollars. Tout a été pensé pour en faire l’évènement cinéma de l’année, et même l’événement pop culture 2024, comme l’a été Barbie, l’année dernière.

Wicked, des planches de Broadway au grand écran

Derrière ce marketing rose et vert se cache surtout l’une des adaptations cinématographiques les plus attendues des fans de comédie musicale. Après la sortie en 1996 du livre de Gregory Maguire, c’est en 2003 que Wicked a été joué pour la première fois au Gershwin Theater de Broadway, à New York, avec Idina Menzel et Kristin Chenoweth dans les rôles des sorcières Glinda et Elphaba.

L’univers mis en scène par Stephen Schwartz est directement inspiré de celui du Magicien d’Oz, qui a vu le jour sous la plume de Lyman Frank Baum, en 1900, avant de devenir un classique du 7e art avec le film de 1939.

Une histoire à distinguer puisque Wicked est un préquel : ses événements se situent avant l’intrigue du Magicien d’Oz et débutent par la rencontre entre Glinda, la bonne sorcière du Sud et Elphaba, la méchante sorcière de l’ouest, née avec la peau verte, à l’université de Shiz, au pays d’Oz.

Quand Wicked est jouée pour la première fois à Broadway, en 2003, elle s’inscrit dans « la période des ‘méga-musicals’, qui a débuté dans les années 1980 « , avance Fanny Beuré, maîtresse de conférences en études cinématographiques à l’Université de Lorraine et spécialistes des comédies musicales. Le succès critique est au rendez-vous, et même si la comédie musicale ne rafle pas toutes les récompenses, elle s’illustre tout de même avec trois Tony Awards.

La plus belle preuve de son succès demeure sa longévité : la comédie musicale n’a jamais cessé d’être jouée à Londres et à New York depuis. En avril 2023, Wicked est même devenue la quatrième la plus jouée de l’histoire de Broadway. Elle est aussi la plus rentable.

Une comédie musicale devenue culte

Mais alors, comment comprendre un tel succès ? « C’est devenu vraiment culte avec les interprètes iconiques des rôles principaux : Kristin Chenoweth et Idina Menzel. Elles ont fait de leurs rôles quelque chose d’iconique », ajoute l’experte.

Ce sont justement les performances inoubliables de ces interprètes qui ont séduit Armand. À 32 ans, il a passé la moitié de sa vie à se passionner pour cet univers. « Je faisais une option théâtre au lycée et nous sommes partis en voyage scolaire à Londres, avec des profs super. On voyait deux spectacles par jour : une pièce classique type Shakespeare et une comédie musicale ».

Si l’adolescent n’a pas vu Wicked, la première fois, il a été interpellé par les affiches qu’il a aperçu devant les théâtres londoniens. Dès son retour de voyage, il découvre des extraits Youtube du spectacle de Broadway et est subjugué par l’univers. « Je me souviens très bien du moment extraordinaire où Elphaba s’envole sur scène. J’adore l’univers de Harry Potter, la sorcellerie, la magie, Wicked ne pouvait que me plaire ».

Il voit Wicked pour la première fois sur scène, l’année suivante, découvre ensuite film du Magicien d’Oz, et enfin, lit les livres pour « [s’]imprégner totalement de l’univers ». Wicked n’a depuis pas quitté sa bibliothèque de streaming et il l’a encore revue sur les planches à deux reprises, toujours séduit par la force de cette création : « des musiques extraordinaires et une très belle histoire d’amitié avec beaucoup de nuances – il n’y a pas des gentils et des méchants, rien n’est très tranché ».

Amitié féminine et différence : des thèmes universels

« Si on va à Broadway pour voir une comédie musicale, Wicked fait partie des 3 ou 4 comédies musicales intemporelles, celles qui ne décevront pas, avec du grand spectacle a la clé », analyse Fanny Beuré.

Son succès se trouve peut-être aussi dans les thématiques auxquelles peuvent s’identifier les spectateurs. L’universitaire rappelle qu’elle fait partie des rares comédies musicales à se concentrer sur l’amitié féminine, « ce qui explique qu’une grande partie de la fanbase soit féminine « . Mais pas que : « il y a un discours antispéciste assez intéressant, en faveur de la protection des animaux – encore plus mis en avant dans le film – tout comme la question de la différence – là encore, la question de la représentation est très réussie sur le grand écran ».

Pour toute personne s’intéressant de près aux comédies musicales, Wicked est un passage obligé. C’est « en écoutant des comédies musicales sur Apple Music pendant l’été 2018 » que Franck, grand amateur de ce genre au cinéma, l’a découverte.

« En grandissant, je n’ai pas vraiment eu l’occasion d’en voir en live, mais j’adorais les films ou séries de ce type, comme Glee« . Il est alors frappé par la force de plusieurs morceaux, dont le célèbre Defying Gravity, et recommence à écouter toute la bande-son en boucle pendant la crise sanitaire. « Je l’écoutais tout le temps en courant, ça me faisant un bien fou parce que j’avais un travail très dur. Les paroles évoquent le besoin de se libérer du carcan de la société, No Good Deed parle, elle, d’empowerment. Elles m’ont aidé au moment où j’avais besoin de reprendre confiance en moi ».

Après avoir hésité à prendre un billet pour voir Wicked à Londres, le jeune homme de 28 ans profite d’un voyage à New York, fin 2022, pour la voir en live. Comme dans ses écouteurs, la magie opère sur scène : « j’étais seul, j’avais pris une super place en carré or, j’ai tellement pleuré, c’était une expérience incroyable ».

Ultime preuve du succès de l’œuvre au-delà des frontières ? « Une énorme fanbase s’est créée autour de l’œuvre », rappelle Fanny Beuré, et cela, partout dans le monde. C’est l’une des rares comédies musicales à s’être autant exporté : il y a des versions japonaises, allemandes… « . Il suffit de voir le nombre de commentaires publié chaque minute sur les réseaux sociaux pour comprendre l’engouement entourant Wicked par une communauté de fans soudée.

Des clins d’œil pour les fans de la première heure

Alors que l’univers fantastique de Wicked s’inspire de plusieurs mythologies, dont le monde d’Oz, faut-il s’attendre à une adaptation fidèle de la version scénique ? Fanny Beuré, qui a minutieusement analysé le film, vu en avant-première, estime que le long-métrage de 2h40, tout en restant « fidèle » à la version scénique, s’en détache, et se rapproche plutôt du film Le Magicien d’Oz.

« Il y a beaucoup de clins d’œil à destinations des fans, des apparitions de certains objets, accessoires… Et même sur l’esthétique, on est dans une certaine flamboyance rappelant le Technicolor de 1939 », souligne-t-elle.

Reste aussi à savoir si cette adaptation plaira aux moins jeunes, nostalgiques du film sorti il y a 85 ans, et pourrait également entrer au panthéon du 7e art. Ariana Grande a livré un message intergénérationnel en se rendant à l’une des projections de son film avec sa grand-mère de 99 ans, adolescente au moment de la sortie du Magicien d’Oz.

L’approbation de la fanbase solide de Wicked devrait aussi contribuer, à l’heure des réseaux sociaux, à en faire le film le plus commenté de l’année. Pour Armand, qui était « surexcité » en le découvrant à l’avant-première parisienne, le résultat est « hyper ambitieux et respectueux de l’œuvre ». Son gros atout ? Le casting ayant directement chanté sur plateau de tournage, évitant le lipsync.

Un point aussi souligné par Julie. La jeune femme de 23 ans, qui a baigné dans l’univers des comédies musicales depuis l’enfance grâce à ses parents, connaissait Le Magicien d’Oz avant de découvrir Wicked. Il a fallu l’annonce d’Ariana Grande, son idole depuis l’adolescence, au casting, il y a deux ans, pour qu’elle se prenne de passion pour cette histoire d’ « ode à la différence ».

« Immersion totale », « alchimie incroyable », « rôles fondateurs » pour ses interprètes : autant de constats lui viennent à l’esprit lorsqu’on l’interroge sur les réussites de cette adaptation. La jeune femme est sortie de la salle obscure avec un souhait : découvrir la version scénique. Et elle ne sera sûrement pas la seule.

Sur scène, Wicked est jouée en deux actes. Son adaptation cinématographique, se voulant fidèle, a été pensée en deux films. Le second, déjà tourné, sortira en 2025.

Wicked, sorti au cinéma le 4 décembre. 2h40. Avec Ariana Grande, Cynthia Erivo, Jonathan Bailey, Michelle Yeoh et Jeff Goldblum.

 

Source : Marie Claire France

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