#monpostpartum, le hashtag qui dézingue les tabous de l’après-accouchement
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#monpostpartum, le hashtag qui dézingue les tabous de l’après-accouchement

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Dans le but d'informer les futures mamans et de briser les tabous autour de l'après-accouchement, des militantes ont lancé le hashtag #monpostpartum. Si celui-ci vise d'abord à démystifier une période difficile et à soutenir psychologiquement les jeunes mamans qui passent par là, il soulève aussi d'énormes questions de société. Explications.

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À l’origine, une publicité sur le post-partum rejetée par ABC

C’est la militante féministe et doctorante en communication et sociologie Illana Weizman qui a lancé le mouvement le 12 février sur son profil Instagram. Le premier déclic : une publicité de la marque de produits destinés au post-partum Frida Mom, rejetée par la chaîne américaine ABC pour la soirée des Oscars. Pourtant, la publicité en question ne fait que dépeindre les douleurs et difficultés d’une jeune mère après son accouchement. Bref, elle ne fait que dépeindre la réalité du post-partum. Dans la pub, rien de choquant, on ne voit même pas une goutte de sang (oui parce que ça, ce serait sacrilège). Pourtant, elle a été jugée « trop crue » pour être diffusée. Ah bon.

 

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Le second déclic, c’est la publication honnête de la mannequin Ashley Graham sur Instagram, qui commence par « Levez la main si vous ne saviez pas que vous devriez aussi changer vos propres couches ». Beau retournement de situation : les sous-vêtements post-partum qu’elle porte sont ceux de la marque… Frida Mom.

 

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Raise your hand if you didn’t know you’d be changing your own diapers too🙋🏻‍♀️ After all these years in fashion I never could’ve guessed that disposable underwear would be my favorite piece of clothing but here we are! No one talks about the recovery and healing (yes even the messy parts) new moms go through. I wanted to show you guys that it’s not all rainbows and butterflies! It’s been tough, but my friend Chelsea @cmrh and ceo at @fridamom is making waves and starting honest conversations. It’s unbelievable the obstacles we still face talking about what women really go through. All their stuff she sent me has been a life saver.

Une publication partagée par A S H L E Y G R A H A M (@ashleygraham) le

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L’invisibilisation de l’après-accouchement

Dans son post du 12 février, Illana Weizman explique : « Me voici, portant une couche pour adulte, épongeant le sang qui coule pendant des jours et des semaines, le ventre encore gonflé, l’utérus encore étendu, les contractions qui le remettent doucement en place, les jambes bleuies, les points qui tirent, l’impossibilité de s’asseoir sans douleurs, l’urine qui brûle, l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. Si on parlait davantage de ces sujets, si on ne les invisibilisait pas de façon systématique, les mères se sentiraient moins isolées, moins démunies. Préoccupez-vous des mères. Mettez en lumière leur vécu. »

 

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En France, trois autres militantes ont initié et relayé #monpostpartum avec Illana Weizman : Morgane Koresh, Ayla Linares et Masha Sacré. Leurs témoignages sont aussi forts et honnêtes et visent à démolir tous les tabous à propos de l’après, une fois que le bébé est là, rendant invisibles les mamans et leurs maux à elles. Ils mettent aussi en lumière l’ahurissant manque d’information autour du post-accouchement. Ben quoi, si personne n’en parle, ça n’existe pas hein.

 

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En réaction à une publicité rejetée par @abcnews et l’Académie des Oscars qui dépeint honnêtement l’épisode douloureux du post-partum ainsi que la publication d’@ashleygraham qui pointe du doigt le silence autour de cette convalescence, me voici, portant une couche pour adulte, épongeant le sang qui coule pendant des jours et des semaines, le ventre encore gonflé, l’utérus encore étendu, les contractions qui le remettent doucement en place, les jambes bleuies, les points qui tirent, l’impossibilité de s’asseoir sans douleurs, l’urine qui brûle, l’impression d’être passée sous un rouleau compresseur. Si on parlait davantage de ces sujets, si on ne les invisibilisait pas de façon systématique, les mères se sentiraient moins isolées, moins démunies. Préoccupez-vous des mères. Mettez en lumière leur vécu.

Une publication partagée par Illana Weizman (@illanaweizman) le

Rapidement, des centaines d’autres femmes ont pris le relais et partagé leurs expériences de post-partum grâce à ce hashtag libérateur.

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Un enjeu psychologique, mais aussi sociétal

La raison première de ces témoignages est bien entendu de démystifier la période difficile qui suit l’accouchement, souvent totalement ignorée voire niée par la société, de manière à rassurer celles qui passent (ou sont passées) par là et pensent être les seules.

Mais #monpostpartum soulève une autre question : à quand un congé de paternité aussi long que le congé de maternité? Car, si dans les premiers mois un nouveau-né a besoin de sa maman, sa maman, elle, a besoin de pouvoir se reposer sur son/sa partenaire. Elle a besoin d’un système de soutien, pas d’injonctions et de phrases qui commencent par « normalement… »

 

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Au-delà des aspects psychologiques et organisationnels évidents, un congé de parentalité identique est aussi l’une des seules manières d’éradiquer les inégalités au travail. Pas de discrimination à l’embauche « parce que bon, elle a 28 ans et vient de se marier », ni à la retraite « parce que bon, elle a moins cotisé ».

Bref, nous, on remercie les femmes fortes (et les hommes!) qui ont lancé et relaient le hashtag #monpostpartum. Parce que derrière ces trois petits mots, c’est tout un système qui doit être revu et corrigé. Et il est grand temps.

Ah, dernière chose : qu’on ne nous parle plus de « sexe faible », bordel.

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Charlotte Deprez Voir ses articles >

Foodie assumée, obsédée par les voyages, la photographie et la tech, toujours à l'affût de la dernière tendance Instagram qui va révolutionner le monde.

Tags: Accouchement, Combats de femmes, Féminisme.