Sommaire
Comment le projet a-t-il commencé ?
Pauline Perrolet : Au début de ma grossesse, j’ai commencé à publier des illustrations sur Instagram. En fait, ça me faisait un bien fou de rire de tout ça, de partager avec mes abonnés, de partager mon expérience. D’abord de femme enceinte, car ma grossesse a été difficile, et ensuite de mère. C’était bête mais ça me faisait du bien de rire là-dessus et de partager avec d’autres mères sur ma page.
Voir cette publication sur Instagram
Lire aussi : « Grossesse tardive: l’envie d’être mère après 40 ans, comment on l’explique? »
Avant d’avoir des enfants, aviez-vous un idéal de mère « parfaite » à l’esprit ?
Sincèrement, je n’avais pas pensé à ça. Je n’imaginais pas avant d’être enceinte, le poids que la société posait sur les mères. Ça a été une réelle surprise ! Dès la grossesse, j’ai compris ce que veut dire être mère aux yeux de la société. C’est extrêmement lourd à porter et très culpabilisant. Si on arrive pas à répondre à ces injonctions, on peut être vite mal perçue.
La maternité est très idéalisée dans notre société ! On est censées se sentir épanouies, heureuses, bien… La réalité est parfois différente.
Quand on ne colle pas à ça, c’est très culpabilisant ! Je reçois beaucoup de messages de la part de mes abonnées, me remerciant. Certaines femmes me disent que ça leur fait du bien de voir ça, et que c’est rassurant de savoir qu’elles ne sont pas les seules à penser ou à ressentir certaines choses, qui peuvent parfois sembler affreuses sur le moment.
D’après vous, la société délègue aux femmes une charge trop élevée dans l’épanouissement de l’enfant ?
Oui bien-sûr ! Si les enfants ont un problème, c’est la faute de la mère. Dès la grossesse, on dit aux mères de faire attention, de ne pas être triste, ne pas être stressée, ne pas être en colère… parce que le bébé ressent tout. C’est très paralysant, les femmes font ce qu’elles peuvent, elles font au mieux. Par rapport au père, le regard de la société n’est pas le même. Cela dit, après la naissance de mes jumeaux, mon mari a vraiment participé au travail de notre quotidien…
Lire aussi : « Quelles sont les clés pour en finir avec la charge mentale? »
Pouvez-vous décrire votre mauvaise expérience de la maternité ?
Mes jumeaux étant nés prématurément, on a dû restés deux semaines supplémentaires avec mon mari. C’était une période stressante, car ils étaient très petits et fragiles. Nous ne savions pas réellement comment nous y prendre avec eux… c’était tout nouveau pour nous. Il y a eu une relation de dépendance avec les puéricultrices, qui avaient une façon de faire très brutale. Par exemple, elles critiquaient sans cesse nos agissements, nous faisant douter de notre capacité à garder nos propres enfants. Quand j’y pense c’est incroyable ! J’ai reçu énormément de messages de femmes qui disent avoir vécu des expériences semblables.
Lire aussi : « Les mamans les plus cools d’Instagram »
Quel est le sens de votre démarche ?
Sincèrement ? Je voulais juste me faire du bien. Je n’ai pas réalisé qu’il pouvait y avoir une portée féministe. Ça me fait toujours un bien fou d’avoir des réactions, peut-être autant qu’à mes lectrices. Il y a un échange entre elles et moi. Par ailleurs, c’est un sujet difficile à aborder parce qu’il y a un peu l’idée que si on pense tout cela, c’est qu’on n’aime pas ses enfants, ou qu’on regrette de les avoir eus. Ce qui est faux ! Quand on est jeune mère, il y a l’idée reçue qu’on vit un moment incroyable de bonheur parfait. Et puis pour certaines personnes, c’est juste une chance d’avoir un enfant. Les expériences sont différentes et en réalité, ce n’est pas si simple.
Que pensez-vous de la mode de la « parentalité positive » ?
(NDLR : La parentalité positive invite le parent à se mettre à la place de l’enfant pour mieux le comprendre. Cette approche amène le parent à éduquer son tout-petit en le guidant plutôt qu’en le contrôlant.)
Voir cette publication sur Instagram
Cette idée est très culpabilisante. Peut-être que c’est très bon pour l’enfant, mais simplement parfois je suis au bout et très fatiguée… ça m’arrive de m’énerver contre eux et évidemment je sais que ce n’est pas la solution parfaite. Sauf que dans les faits, les mères font ce qu’elles peuvent. Quand elles n’en peuvent plus, elles n’en peuvent plus et c’est ainsi. Ça ne veut pas dire que mes enfants sont malheureux ! On essaye de nous faire croire que ce n’est pas normal d’avoir des excès de colère et d’être simplement humaines. C’est génial de se concentrer sur les droits des enfants, mais voilà il ne faut pas exagérer et rester réalistes.
Une bouffée d’air frais…
Après ses études à l’Ecole Supérieure des Arts Saint-Luc à Bruxelles, Pauline Perrolet a travaillé dans l’édition, la publicité et la presse en Belgique et en France. Résidant actuellement en France, elle est l’auteure notamment de Je peux t’appeler Jean-Pierre (2010, aux éditions Gawsewith Jean-Claude) puis Débordée, moi ? Plus jamais ! (2013, aux éditions Jungle). Son compte Instagram, @pauline.perrolet comptabilise désormais plus de 20 000 abonné.es. Une bouffée d’air frais, pour les jeunes mamans débordées !
Pour vous procurer son livre, Les jumeaux, la vie et moi (2020, aux éditions First, 120 pages, 7,95€), c’est par ici.
Si le sujet vous intéresse, lisez aussi : « 4 accords à passer avec soi-même pour une année plus bienveillante« , »Dis, maman, c’est quoi la liberté ? » ou encore « Confinement : comment transformer vos enfants en alliés ménagers ?«