Sommaire
« Bjr, je suis nouvelle dans ce groupe, je cherche des amis »
L’expérience de Marie commence avec cette simple phrase postée dans un des groupes destiné aux adolescents: « Bjr, je suis nouvelle dans ce groupe, je cherche des amis. » Ce post a provoqué une vague de réactions, puisque Marie a reçu plus de 200 messages en retour. Rapidement, elle se rend compte que ce ne sont pas des ados qui cherchent à lui parler mais bien des hommes adultes qui la contactent. Elle reçoit alors des dizaines d’images à caractère pornographique, le harcèlement commence.
Mais ça ne s’arrête pas là, l’homme qui cherche à communiquer avec elle lui envoie des messages vocaux très insistants et portés sur le sexe. Il en vient même à lui demander des photos d’elle. Chose qu’elle refuse, mentionnant une nouvelle fois son jeune âge.
Lire aussi: « Instagram: se protéger pour mieux en profiter »
Marie joue le jeu et entre en discussion avec d’autres membres du groupe. Dans une de ses conversations, elle bascule sur une autre plateforme bien connue des adolescents: Snapchat. Là, elle reçoit des dizaines de vidéos d’un homme en train de se masturber. Des images choquantes, d’autant plus quand on sait qu’elles sont destinées à une jeune fille de 16 ans. La particularité de Snapchat est qu’il est impossible de faire une capture d’écran sans que l’autre ne soit au courant. Ce réseau instantané est de plus en plus prisé par les prédateurs sur internet parce que les images disparaissent très rapidement.
Harcèlement sous forme de « Sexting » et « Revenge porn »
Avec l’apparition de ces prédateurs sur internet, de nouvelles pratiques ont vu le jour. Aujourd’hui, on parle de sextos, c’est à dire l’envoi de photos dénudées par sms. Des pratiques qui peuvent parfois mener à d’autres actes beaucoup plus graves comme le « revenge porn » par exemple. Ce principe destructeur est simple: une personne mal intentionnée diffuse un sexto (reçu personnellement) sur les réseaux en signe de vengeance. Il n’est pas rare que ces pervers demandent de l’argent ou de nouvelles photos, au risque de dévoiler les clichés aux proches du jeune concerné. À 16 ans, a-t-on réellement les armes pour se défendre face à ce genre de personnages? Aujourd’hui, plus que jamais, les jeunes sont les premières proies sur les réseaux sociaux.
Lire aussi: « #metoo: les réseaux sociaux pour dénoncer les agressions sexuelles »
Apprendre à reconnaître les personnes mal intentionnées
Avec cette expérience, Marie nous livre quelques conseils pour reconnaître et repérer rapidement les personnes mal intentionnées. « Tout d’abord, il y a les personnes qui demandent rapidement à basculer sur d’autres réseaux sociaux. Dans mon cas, après quelques échanges sur Facebook, le type m’a rapidement demandé de basculer sur Snapchat, ça c’est déjà interpellant.« Elle évoque ensuite les personnes qui posent des questions très personnelles dès le départ: es-tu célibataire? où habites-tu? Si cela semble anodin et naïf, la personne qui se cache derrière ne l’est, parfois, pas du tout. Il y a aussi les questions ou les demandes très particulières: « J’ai parfois eu le cas de « tu portes quoi comme sous-vêtements? ». » Elle rajoute: « Attention aussi aux personnes qui demandent les numéros de téléphone, ça on me l’a beaucoup demandé aussi, ne jamais le donner surtout ! Attention aux personnes qui demande très rapidement des photos aussi, …«
Pour Marie, l’expérience a été choquante et même traumatisante. L’âge légal pour être membre de Facebook est 13 ans, trop jeune pour Marie. « Il faudrait peut-être revoir l’âge légal d’accès à Facebook, ou créer un réseau social pour les juniors. Quelque chose de plus controlé et de plus safe. C’est peut-être utopique d’imaginer cela, car contrôler tout ce qu’il se passe sur internet est extrêmement compliqué, mais c’est un idéal je pense, qui n’est pas impossible à mettre en place !«
Si le sujet vous intéresse, lisez aussi « Le business des influenceurs, réellement rentable? » ; « @lilmiquela, influenceuse virtuelle: quand le numérique réinvente le réel » et aussi « Instagram victime d’un hack: comment protéger votre compte? »