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Selon une étude de l’Institut National de Statistique effectuée en 2012, 34% des touristes belges passent leurs vacances d’été en France, et la moitié d’entre eux s’y rendent en voiture.
Sachant que 64% des hommes affirment rester au volant tout au long du trajet, il est grand temps pour nous, leurs femmes, de préparer ces quelques heures pendant lesquelles notre patience, notre amour et nos nerfs vont être mis à rude épreuve.
Le passionné iGo
De manière incompréhensible, cet homme se rue sur son GPS alors même que la voiture est toujours garée devant la maison. Comme s’il avait oublié le chemin jusqu’à l’autoroute, qui est pourtant pratiquement le même que celui qu’il prend chaque matin pour aller au bureau. Pendant 8 heures, on va donc entendre une voix monocorde le sommer de tourner à gauche, puis de continuer tout droit sur 650km, ce que nous aurions pu lui dire nous-même, s’il nous l’avait demandé. Partons du principe que notre avis ne compte plus dès que le GPS est allumé et profitons de ce temps pour nous détendre, préparer quelques listes qui ne serviront jamais mais qui auront le mérite de nous apaiser, trier les papiers à jeter dans notre portefeuille, envoyer des textos à notre meilleure amie ou stalker notre ex sur Facebook. Ce que nous ferions si nous étions seule, en gros.
Le passionné Turbo
Cet homme-ci est un adulte raisonnable, soucieux de sa santé et de sa sécurité. Comprendre ici qu’il mange un yaourt nature de temps en temps et ne saute pas à cloche-pieds en sortant de la douche sur le carrelage mouillé. Toutefois, dès que la voiture est lancée sur l’autoroute, Lewis Hamilton semble prendre possession de son corps et il se met à conduire comme si ce qu’il avait entre les mains n’était pas le volant d’un Scénic mais celui d’une Formule 1. Tout a été tenté pour le calmer : explications calmes, vidéos de la Sécurité Routière, menaces de divorce. Rien n’y a fait. La seule solution que nous avons trouvée pour rester mariée est de fermer les yeux pour éviter de regarder le compteur. Et de dormir pendant 8 heures.
Le passionné Autos
L’habitude aidant, on sait que celui-ci ne décochera pratiquement pas un mot du trajet. Sauf pour nous prendre à témoin de la chance incommensurable que nous avons de croiser ici et là des modèles de voitures qui manifestement le mettent dans le même état d’excitation que s’il venait de gagner à Euromillions. Alors que le calme règne dans l’habitacle et que nous sommes en train de somnoler, il tressaille, pointe du doigt une voiture dans le trafic et hurle soudainement : “AAAAH, une AC Cobra !!! 30 L/100 !!! 150 000 euros !!!” pour retomber aussitôt dans un état proche de la catatonie. Il nous fera le même coup pour la Porsche 356B T6 1600S Coupé de 1963 et la BMW I8 hybride de 2014. Malgré le fait que nous frôlons à chaque fois l’arrêt cardiaque, soyons heureuse de cet échange verbal. Ça prouve au moins que malgré les apparences, l’Homme n’a pas oublié que nous étions là.
Le passionné France Info
Autre épreuve du jour : la radio. Partant du principe que celui qui conduit est certes celui qui ne boit pas, mais aussi celui qui choisit la radio, dès la frontière traversée, il se branche sur France Info. C’est une radio très agréable, faite pour être écoutée sporadiquement étant donné que les infos sont répétées toutes les 10 ou 15 minutes. L’Homme l’écoute durant TOUT le voyage. TOUT-LE-VOYAGE. L’équivalent audio d’une journée entière passée devant Itélé. Ça rend fou. Mais au moins, ça rend intelligent. Voyons le côté positif des choses et ne perdons pas de vue qu’entre les actualités, il y a de petits reportages. Arrivée à destination, on n’ignorera plus rien de l’état des vignobles bordelais ou de l’histoire de la tomate, de 1792 à nos jours. Et ça, ça n’a pas de prix.
Le passionné Noms d’oiseaux
Oui, c’est un être sensible et extrêmement bien éduqué – en temps normal, s’entend. Aussitôt qu’il est assis sur le siège conducteur, il se transforme en une espèce de Jean-Marie Bigard sous amphétamines et hurle les obscénités les plus atroces au moindre véhicule qui ne roulerait pas selon ses normes. Le charmant garçon qu’on a rencontré aux scouts l’année de nos 16 ans devient la personnification même de la schizophrénie paranoïde. Un peu comme dans Fight Club. Là il n’y a rien à faire, à part garder les yeux écarquillés, parfaire son vocabulaire vulgaire et se souvenir que la 1ère règle du Fight Club, c’est qu’il est interdit de parler du Fight Club.
Bonne route (et bon courage !)
